Spectre › The second coming

Pour son second album, Spectre a commencé par accentuer le côté obscur de sa musique. Le principe de base reste le même, des beats dub et hip hop lents et glauques enrichis de samples, et quand je parle d'enrichir, ce n'est pas innocemment, car le travail à ce niveau est bien plus dévelopé et moins minimaliste que sur 'The illness': voix ralenties, bribes de films d'horreur, loops de piano ('Return of the III saint'), cris, violons (le très bon 'Purple dusk'), voir même musique médiévale ('Bandar'). Jusque là, tout va bien mais les surprises ne sont pas terminées puisque le sixième morceau, 'Vampyr killa', change radicalement d'atmosphère, avec un tempo plus rapide, une voix féminine pop qui pourrait de très loin faire penser à Delirium...plutôt déstabilisant, même si pas désagréable (je renvoie aux goûts personnels de chacun). 'Pillars of smoke' pourtant nous replonge illico dans l'ombre avec des sons glauques, des voix nappées d'écho. N'appréciant pas le rap, les vocaux de ce titre me dérangent un peu (question personnelle à nouveau). Et c'est peut-être à partir de là, selon moi, que le cd révèle une baisse de régime. Les titres s'enchaînent sur les mêmes atmosphères, les mêmes structures, et malgré de bonnes surprises ('Crooked knights' et son côté trip-hop, les guitares électriques de 'Accidental terrorists'et 'Master of nothing'), ces collages de sons, scratchs et autres discours obscurs finisssent par lasser, d'autant plus que les touches d'expérimentations (breakbeat, superposistions de styles) me donnent l'impression que l'album part dans toutes les directions. Les amateurs de rap underground seront peut-être séduit par 'Accidental terrorists' et 'Bloodsuckers', pour ma part, ils me saoûlent. Au final, 'Second coming' se révèle un album trop long et décousu, ce qui est dommage car il ne manque pas d'audace et inclut certains morceaux riches en atmosphère et plutôt intéréssants; néanmoins, la moitié des titres auraient largement suffi.