Alamaailman Vasarat › Käärmelautakunta

Et ça recommence. On croyait les avoir oublié mais ils sont de retour, nos animaux de cirque préféré ; les fous furieux d'Alaimaalman Vasarat. Ok, pour mettre la main sur ce disque, faut se lever tôt tant le réseau de distribution semble peu efficace (en tout cas de ce côté-ci de la frontière outre-Quiévrain), mais le jeu en vaut largement la chandelle. S'ils ont volontairement laissé derrière eux les prétentions progressives qu'ils affichaient au sein de leur ancienne formation, Hoÿry-Kone, ils n'ont pas pour autant troqué leur état d'esprit versatile et loufoque pour un discours fait de compromissions. Bien au contraire. Plus que jamais sur ce second album, "Käärmelautakunta", les membres d'Alamaailman Vasarat semblent - inconsciemment ou non - vouloir perpetuer la tradition des groupes hors normes en provenance du grand froid en se mettant directement dans le sillage de la grande famille de Lars Hollmer, de Samla Mammas Manna à Von Zamla. Pourtant, les choses ont changé depuis le premier épisode. Et en mieux ! Finies les incursions intempestives qui réorientaient de manière drastique leurs compositions, finie la collision des genres. Le but avoué n'est plus de surprendre l'auditeur, mais de le séduire. Aussi ont-ils décidé d'inclure désormais dans leur musique tous ces éléments autrefois disparates en un seul bloc compact pour un mélange détonnant d'autant plus convainquant. Les guitares, autrefois faire valoir d'une approche juvénile, sont désormais omniprésentes, jusqu'au boléro-marche funèbre apocalyptique de" "Jää, Hyvä Mieli" qui referme l'album. Orgue de barbarie, accordéon, clarinette, contrebasse, violon, saxophone, trombone, trompette, percussions copulent dans un maëlstrom de sons éclatants qui flattent nos tympans sur près d'une heure dans un sentiment de plénitude où joie et allégresse, mais aussi rage et torpeur, se mêlent pour notre plus grande satisfaction. Pour sûr, alors qu'il vient de décider de revisiter le répertoire de Masada sous le feu des guitares, John Zorn ne se remettera pas de si tôt de ce disque.