Zu › Igneo

Du jazz. Même pas limite noise, mais noise en plein. Carrément ! Car il ne s'agit pas de faire les choses à moitié. Un jazz d'écorché vif, aussi brutal et désordonné que les mouvements saccadés de nos membres mués par l'instinct de survie lorsque nous sommes agressés et tenus à bout de bras par le cou. On se contortionne, on se débat. On s'agite et l'adrénaline monte. Inexorablement. Ce trio basse/batterie/saxophone évolue dans un registre que l'on pourrait comparer à un Morphine complètement décoincé et qui fourgue aux oubliettes sa volonté tenace à rester sur des sentiers battus. Les neufs titres de ce nouveau "Igneo" sont extatiques, criards et s'apparentent à une certaine forme de free jazz qui se serait revêtu d'une esthétique propre aux groupes alternatifs. Rien de tel, dans pareille circonstance, de s'assurer un résultat à l'avenant en débauchant l'irremplaçable Steve Albini à la console du producteur. Vous aimez les perégrinations jazzcore de John Zorn au sein de Painkiller, Praxis ou God ? Zu ne devrait pas vous effrayer outre mesure. Mieux : il va sans doute vous accrocher plus facilement que les artistes précités par son redoutable sens de l'efficacité. Cerise sur le gâteau, Ken Vandermark et son fidèle complice Jeb Bishop viennent prêter main forte aux bruitistes italiens sur deux titres dont le fameux "Mar Glaciale Artico", le titre le plus malade de l'album, qui referme celui-ci en beauté.