Rosa Crux › Noctes insomnes

Après un album aussi réussi que le superbe ‘Proficere’, on aurait pu penser que Rosa Crux peinerait à lui fournir un digne successeur; que nenni ! ‘Noctes insomnes’ relève largement le défi et s’annonce dès les premières notes comme un second chef-d’œuvre. Comme à son habitude, le groupe a pris son temps et soigné chaque détail de ses atmosphères pour nous livrer à nouveau une musique, quasi liturgique, d’une profondeur spirituelle rare où se croisent les forces de l’esprit et des matières. Rosa Crux, c’est plus qu’un son, c’est une véritable dimension spirituelle. Poursuivant sa quête de l’essence de la spiritualité, le groupe a diversifié ses rythmes, délaissant légèrement les roulements de tambours pour en renforcer l’aspect rituel et martial, voire même presque ‘rock’ (toute proportion gardée), comme sur ‘Aglon’, le titre le plus gothique de l’album ou le superbe ‘Noctes insomnes’ qui ouvre le cd avec des sonorités de guitare qui évoquent une sorte de vielle électrique grondante. Des morceaux comme ‘ Orbem’, ‘Qui non cessant’ ou ‘Exurge’ développent des structures plus rituelles qui se marient à merveille au chant quasi incantatoire de Olivier. L’un des plus beaux morceaux, ‘Rosa signat’ évolue au rythme d’une marche solennelle, quasi funèbre, nappée d’orgues qui lui confèrent une ambiance des plus religieuses. La mélancolie qui s’est dégage est d’une puissance rare. Le groupe n’en néglige pas pour autant des climats plus oppressants encore avec des pièces plus grinçantes et dérangeantes comme sur ‘Incendrere’ avec ses sons symphoniques décalés qui semblent s’élever en crescendo sous les voûtes d’une cathédrale imaginaire. L’univers de Rosa Crux est celui des ténèbres, mais les ténèbres ésotériques, alchimiques, qui pour peu que l’on sache en explorer les mystères savent offrir en retour un nectar obscure à déguster sans modération. Ni gothique, ni classique, ni industriel, ni religieux, ni médiéval, ni païen, Rosa Crux est tout cela à la fois ; plus qu’une musique, une véritable spiritualité. En parler est déjà trop, il faut écouter et ressentir.