Rosa Crux › In Tenebris

Chaque album de Rosa Crux est comme un grand crû ; rare, précieux, il sait se faire attendre et ne livrer que son nectar. Après les deux chefs-d’œuvre que sont ‘Proficere’ et ‘Noctes insomnes’, c’était tout de même avec une impatience proche de l’hystérie que j’attendais ce troisième opus. Il serait forcément bon mais égalerait-il ses prédécesseurs ? La réponse est oui. Bien sûr, le son est toujours le même, mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? Dès ses débuts, le groupe a eu une vision claire du travail à poursuivre et n’a cessé de polir sa musique, de la travailler comme on le fait d’un métal précieux, d’en perfectionner le moindre détail pour chercher à en tirer un produit parfait. Entre atmosphères gothiques, rituelles. médiévales et industrielles, liturgie profane et sacrée, difficile de résister à la puissance des tambours, des carillons et l’intensité des paroles psalmodiées avec rage et passion. ‘In Tenebris’ se présente comme un voyage fascinant hors du temps entre les voûtes sombres d’une dimension où se croisent les âges de l’humanité ; on oscille entre incantations rituelles (‘Terribilis’, ‘Sursum Corda’), marches médivalo-gothiques, voir carrément symphoniques (‘Sacrum’, ‘Procumbere’) et musique sacrée (‘Arcum’, ‘Salve Crux’), et on en sort la gorge nouée par l’émotion, la tête emplie de percussions lourdes, de plages d’orgue, de jeux de cloches et de guitares sombres…A ce stade-là. Les paroles sont inutiles, écoutez, vous comprendrez.