Bernard Herrmann (1911-1975) › The wrong man

"The wrong man" ou "Faux coupable" en français fait partie des films moins connus d'Alfred Hitchcock, datant de 1956, juste avant la trilogie parfaite "Sueurs froides"/"La mort aux trousses"/Psychose". Sur ce film, chose rare chez Hitchcock, il relate un fait divers qui s'est réellement déroulé, celui d'un homme accusé à tort de vol à main main armée. Tout le film suit sa chute, où l'on baigne dans une atmosphère d'injustice ou quoi qu'il se passe, tout s'acharne contre Christopher Balestrero (incarné par Henry Fonda), jusqu'à rendre sa femme complètement folle, même lorsque son mari sera finalement innocenté. La BO du film, par Bernard Herrmann, est ultra-minimaliste, lente et suit doucement mais inéluctablement la déchéance de son acteur principal, qui reste calme, impuissant, face aux événements. Seule petite incartade dans une musique plus enjouée, Balestrero étant musicien de jazz, le début du film le montre rapidement sur scène d'où ces passages rythmés et jazzy sur "Prelude". Le thème du film avec ces trompettes sourdes est récurrent tout au long de cette BO, avec ces notes qui tiennent longtemps et qui montent dans les aiguës, imperturbablement, comme si quoi qu'il se passe, Balestrero était perdu, que son sort était joué, qu'il devait porter sa croix jusqu'au bout, que chaque pas l'amenait un peu plus vers la culpabilité. Ce thème, sombre, lent et presque morbide, peut presque être considéré comme un leitmotiv de l'injustice. Cette trompette est solennelle, impitoyable, sans merci. Hélas, la BO est un peu trop répétitive, surtout sur sa deuxième partie et manque clairement de rythme, sauf au début, mais elle reste totalement en lien avec l'atmosphère étouffante du film. En le regardant, on a envie de crier à Balestrero de se rebeller, de ne pas se laisser faire, on s'identifie complètement au personnage et on partage son sentiment d'injustice jusqu'au bout. Les tons de la BO sont très graves, avec une utilisation pertinente du tuba et de la contrebasse. On retrouvera quelques éléments de cette BO sur "La mort aux trousses", notamment sur la fin du film avec la même ambiance inquiétante et sombre. A l'image du film, cette BO reste un bon ton en dessous des autres travaux d'Herrmann pour Hitchcock, surtout de par sa répétitivité, et ce n'est pas un hasard s'il aura fallu attendre les 50 ans du film pour que cette BO soit enfin disponible dans son intégralité pour la première fois ! Une BO mineure certes, mais avec de belles atmosphères et tensions.