Decapitated › Winds of Creation

Il manque encore des classiques du death metal sur gutsofdarkness, incroyab’ ! Quand de jeunes Polonais surdoués se mettent au death canal technique et brutal, cela donne Winds of Creation. Un album étrangement facile d’accès malgré ces étiquettes qui grattent, grâce à de multiples variations et respirations qui permettent d’encaisser le growl extrême de la voix et la complexité des riffs. Cet album est un épitomé du genre : blasts, breaks, mid-tempo, solos courts idéalement placés, voix de l’enfer, ambiance sulfureuse, quelques riffs bien choisis en fil rouge. Try not to headbang dit-on aujourd’hui, c’est impossible. Pondre des morceaux de presque six minutes qui ont l’air de n’en durer que trois, voilà la performance. En général, c’est plutôt l’inverse : tu crois (et espère) en être au sixième titre et ce n’est que le premier tiers du troisième. Trois boules jaunes, comme 80% des albums de death metal. Il doit bien y avoir un moyen d’analyser cela avec des maths, comme le font certains avec Meshuggah : voici, scientifiquement, pourquoi ce groupe attire autant de monde avec leur musique bizarre. Respire, si tu as décroché des maths en 4ème, cela arrive même aux meilleurs et il suffit de prendre un peu de hauteur et de se concentrer sur les détails. Ecoute l’ouverture de « The Eye of Horus ». Cette petite syncope, là. Elle percute d’autant plus qu’elle n’apparaît qu’une fois. Combien de bons morceaux sont ruinés par une bonne idée répétée quelques fois de trop ? C’est une somme de détails qui rend cet album meilleur que la plupart des autres albums de death tech brutal. Et cela, chers amis, c’est du travail. Decapitated est présenté comme un groupe de génies précoces mais c’est juste du travail, de la sueur, des heures de composition pour enlever le gras, placer les silences indispensables à l’impact des gros riffs et conclure le morceau quand il faut. Ce n’est pas tant leur jeunesse qui étonne que la maturité musicale et cette capacité à contrôler l’énergie fondamentale née de la fission de ces jeunes homo sapiens dans leur garage.