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Lingua Ignota › Sinner Get Ready

cd 1 • 9 titres • 55:55 min

  • 1The Order Of Spiritual Virgins
  • 2I Who Bend The Tall Grasses
  • 3Many Hands
  • 4Pennsylvania Furnace
  • 5Repent Now Confess Now
  • 6The Sacred Linament Of Judgment
  • 7Perpetual Flame Of Centralia
  • 8Man Is Like A Spring Flower
  • 9The Solitary Brethren Of Ephrata

informations

line up

Kristin Hayter (chant, piano, orgue, banjo, violoncelle, dulcimer, cloches, psaltérion à archet, mandoline, tin whistle, flûte, piano préparé), Ryan Seatin (clarinette, saxophone, synthétiseur, melodica, voix, percussions, triangle, bols tibétains, cymbales, castagnettes, maracas, tambourin, harmonica, cowbell), Seth Manchester (piano, guitare, banjo, oscillateur, saxophone, surpeti, percussions)

Musiciens additionnels : J. Mamana (banjo)

chronique

Naïf que j'étais... J'attendais le coup de grâce. Et Kristin Hayter m'a pris à rebrousse-plume... Sans faire autre chose que du Kiki. Ses titres hurlaient du gros caractère, sur papier, "Hayter's gonna hayte" ; mais sa musique ? Subtile ! Sur le tapageur Caligula, Kiki l'était déjà. Elle n'était pas que bruit et fureur, loin de là. Ici l'accueil est, encore, des plus austères... Vrombissement de synthétiseur, piano droit comme un templier. Cantatrice déployant les voyelles, sa voix prenant son envol dans le ciel d'une aube incertaine... Puis la démultiplication des voix, en ombres portées. Puis le fracas, puis la douceur... Nous devons, nous ne pouvons que rester cois, attentifs. Sa Sainteté de Souffrance et de Lumière s'adresse à nous. "Moi, qui plie les hautes herbes" : Lingua Ignota déploie ses ailes en cygne blessé, sur le lac de cristal brisé... Intimidant ? "I'm not asking". La vocifération semble sur le point de s'effondrer à chaque moment... On peut y entendre un appel à écouter ses hauts bruissements, à tendre l'oreille dans les tintements, embrasser ces plaintes écartelées en paysages. Amples. Majestueuses. Comme la sobriété de "Pensylvannia Furnace", s'ouvrant et menant sans prévenir à une évocation à vif de "Host of Seraphim". Elle a presque abandonné toute volonté d'ébranler frontalement - sinon quelques spasmes - pour aller comme au cœur de sa mystique, par chemins sinueux, en donnant à ses tourments des silhouettes de feux follets. Au cœur, comme dans cet œil du cyclone où, dit-on, il est possible de s'entendre penser. On appelle cela la maturité, à ce qu'il paraît. Une volonté non pas seulement de frapper l'esprit à coups francs mais de s'y insinuer, en aiguille d'ivoire. De s'exprimer dans des teintes plus nacrées, à l'image de ces traits non plus crânement montrés avec force sourcils haussés, comme pour Caligula, mais diffus, à travers ce masque de perles et de résille (même si à chaque fois que je vois cette pochette, j'ai l'étrange impression d'être devant Pierre Richard quand il rate son hold-up dans les Fugitifs - sorry Kiki)... Lingua Ignota n'attaque plus au larsen, moins au cri, elle s'étend de façon plus rampante, comme le ferait un végétal de type lierre déterminé à abattre une maison, d'apparence anodine, mais qui fut le théâtre d'actes horribles... Sa catharsis, sa résilience, ont atteint le stade de l'expression mûre à point, à travers ses sortes de psalmodies médiévales plus-présentes-tu-meurs. Plénitude ? On aurait tort de croire à une forme de Lounge Ignota : l'inconfort est omniprésent, même dans la douceur du velours, Kiki a toujours le poison, mais sa fureur, sa frustration, elle les maîtrise plus que jamais, les sculpte en ondes finement tranchantes et nous touche, de façon plus sinistre encore peut-être... Que dire sur "The Sacred Linament of Judgment", sinon qu'il rappelle les morceaux les plus pétrifiants de Nico ? De "Perpetual Flame of Centralia", sinon qu'on a l'impression de ne l'avoir jamais vu aussi purement touchante, sans besoin d'excès, comme si le voyeurisme crasse laissait place à une forme de recueillement, dans le dépouillement, sans que ne s'éteigne le ressentiment ?.. "Life is a song". Take care, Kiki.

note       Publiée le mercredi 26 avril 2023

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Ok ;)

En effet, assez curieux aussi de ce qu'elle "va développer" maintenant.

Message édité le 28-04-2023 à 11:31 par born to gulo

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J'aurais dû préciser quelle était la question, je parlais du thème "vivre une relation abusive", thème qui est omniprésent sur ses premiers albums. Effectivement ici elle commence à s'en émanciper un peu, et ça coïncide aussi avec un changement sur la forme (je ne maîtrise pas assez la discographie de Diamanda Galas pour faire le parallèle). Après ses "survivor anthems", elle va pouvoir développer sa propre voie.

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Marrant, de mon point de vue c'est plutôt ici qu'elle commence à aborder la question, et à dire vraiment qui elle est, plutôt que juste "je vénère Diamanda Galas", ce qui est normal, mais effectivement trop peu souvent proclamé.

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Je n'attendais pas grand-chose de cet album, pensant que la trilogie Let the evil of his own lips cover him / All bitches die / Caligula avait fait le tour de la question. Mais la forme de celui-ci est tout à fait différente, tout en gardant le fond assez abyssal (I who bend the tall grasses particulièrement, les paroles de Repent now confess now quand on sait ce qu'il lui est arrivé...). Il y a des moments de grâce, notamment sur Perpetual flame of Centralia et Man is like a spring flower, et puis la résignation apaisée, sur le dernier titre surtout. Belle manière de terminer le projet Lingua Ignota. Curieux quand même de savoir ce qu'elle nous prépare pour la suite.

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Disque impressionnant... de délicatesse, de sérénité, de grâce enfin assumée ; dans l'oeil du cyclone, en effet. C'est assez bouleversant. Un peu comme Mütterlein, c'est aussi douloureux que soulageant.

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