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L'Orchestre Noir › What If...

cd • 8 titres • 45:41 min

  • 1The House On The Hill
  • 2Bedlam
  • 3Nightjar
  • 4A Second Before
  • 5Circus
  • 6What If
  • 7A View From A Hill
  • 8Spitfire

informations

Sorti sous le nom Orchestra Noir.

line up

Tony Wakeford (chant, contrebasse, effets), Guy Harries (flûte traversière, flûte à bec, melodica), Mark Baigent (hautbois, cor anglais), M a.k.a Yariv Malka (percussions, effets, vibraphone, marimba, guimbarde), Richard Moult (piano, synthétiseur, mellotron), Alexandria Lawrence (violoncelle), Ben Samson (violon), Autumn Grieve (chant)

Musiciens additionnels : Jessica Constable (chant sur "A Second Before"), Emily Ovenden (chœurs sur "A View From A Hill")

chronique

Et si... Et si... Et si ma tante en avait, elle s'appellerait Tony. Parce qu'elle aussi, comme Wakeford elle est un peu aigrie, confite dans sa nostalgie, mais comme lui elle sait ce que c'est que l'expression "nid douillet". Et quand je la visite, elle me sert un godet, en me rappelant combien le monde part en sucette - mais que pfff, on y peut rien et qu'après tout, tant qu'on peut vivre sa petite vie peinard à la campagne comme elle, dans le fond, y a pas de quoi grogner. Chez elle c'est pas bien rangé et j'aime bien, y a du bois qui dépasse des murs et des plafonds, le canapé est tout miteux mais bien moelleux, c'est pas très joli mais il y fait bon ronronner. Tout a vécu et sera mené au bout du bout, contribuant à l'ambiance qui y règne, typique de ces maisons de campagne qui baignent dans leur jus, laissées aux lierres et vignes vierges... Enfin, chez Wakeford, parce que je vais pas encore vous tartiner des lignes sur ma vie sans intérêt, hé bien c'est un peu pareil. Une ambiance des poutres qui sèche et du canapé qui s'enfonce, des années qui filent et qui se confondent ; une ambiance des matins gris, où on se blottit au creux du vieux tissu avec un bon bouquin. Un orchestre de chambre qui joue au rythme de la rosée. Dans un décor ancien, douillet, avec plein de bibelots et de grosses malles en osier, et des yeux plissés qui vous observent d'un peu partout. Arrière-goût de madeleine empoisonnée, d'ailleurs, il y a même un morceau qui me rappelle "Variations sur Marilou" au début, et ça c'est pas dégoûtant non plus comme évocation... Et non d'une pipe en bruyère, que la musique du père Wakeford est triste, encore... Triste triste triste... Tristissime, même si au début on s'attend à une roucoulade insouciante dans les prés. La petite voix de femme derrière lui - peut-être celle de la pochette (qui représente Autumn Greave ou bien la fille de Tony ? Ce chapeau me rappelle une vidéo où il faisait le pitre à côté d'elle...) - cajole de sa douceur, tout en accentuant la mélancolie terrible de cette folk du cottage embrumé, de la pierre noircie, des regrets comme des ronces autour du cœur. Dans cet Orchestre Noir au contenant qui dit beaucoup du contenu, il y a de tout ça : de cette poésie de madeleine morbide, de cette odeur de tristesse familière et profonde. Beaucoup de non-dits aussi, comme des ombres, comme ces hululements de fée fantôme qui passent à travers les notes du vieux piano. Et ce fumet de brocante aux songes et au spleen, qui serait tenue par Tony Wakeford évidemment, ce monsieur à l'humeur aigre-douce inchangée depuis trente ans. Un vrai anglais à l'ancienne, qui connaît la pluie, reste pudique dans son désespoir, et qui reprend des vieilles histoires d'épouvante entre deux mélopées affligées. Parce qu'il est aussi du genre angoisse en redingote, le Wakeford (ici on se souvient aussi de Marble Heart, par exemple sur le tendre et étrange cauchemar pastoral "Circus"). Un gentil petit monsieur pas vraiment gentil qui, au détour d'un sourire en coin, vous plombe une journée aussi facilement que Ian Curtis. Et qui, quand il vous chantonne son "What if...", vous tient le cœur par la tige, comme une cerise, avant de le gober. Cruel petit monsieur. Grincements et chuchotis dans les herbes folles... Agonie douce de la lande, où grincent les grillons et clignotent les lucioles.

note       Publiée le mercredi 18 mars 2020

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Note moyenne        4 votes

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan  Shelleyan est en ligne !
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Je viens de le recevoir et je suis agréablement surpris... Il y a vraiment un côté chelou dans ce disque, une musique de chambre certes 'campagnarde' mais pas au sens d'en restituer les atmosphères, plutôt de servir de B.O à des films de la Hammer ou à des séries policières pleines de meurtres sordides dans des décors de carte postale comme seuls les Britons savent en produire. Ca valait le coup de lui laisser du temps, mes goûts ont évolué et il leur correspond bien.

Message édité le 03-04-2023 à 00:31 par Shelleyan

asharak Envoyez un message privé àasharak

Pour ma part je préfère nettement le second "Eleven", bien plus riche et varié.

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan  Shelleyan est en ligne !
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Il y a du bon ('Bedlam', 'Circus') mais c'est trop néoclassique pour moi, quelque chose manque mais je vais lui redonner sa chance car il me plaît plus que le premier...En fait, le chant féminin, pourtant très bon, me paraît peu nécessaire sur cette musique...

Raven Envoyez un message privé àRaven
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Ah c'est celle-là qui me fait penser à "Variations" au tout début, la mélodie y ressemble (piquée au même compositeur, peut-être ?) mais après c'est la plongée oui, et puis cette seconde partie qui t'emporte comme un sortilège (avec la sorcière du Marble Heart qui passe furtivement ?) - "gloups"... Une de celles qui m'ont fait hésiter à lui mettre six.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Terrible en toute modestie, oui. Rien que de lire "Bedlam" j'ai le moral qui plonge, et envie de l'écouter pour plonger avec, en toute sérenité.

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