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Rorcal › Világvége

lp • 8 titres • 43:41 min

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informations

Enregistré au Wood Recording Studio et Yellow Recordings par Raphaël Bovey, Stéphane Kroug et JP Schopfer. Mixé et masterisé aux My Room Studios.

Artwork : Diogo Almeida

line up

Diogo Almeida (guitare), Yonni Chapatte (voix), Bruno Silvestre Favez (Bruno da Encarnaçao) (basse), Ron Lahyani (batterie), Jean-Philippe Schopfer (guitare)

chronique

Les tambours lourds en ouverture, avec des brumes de particules, des nappes souillées qui flottent, s'écartent, se déchirent, se resserrent, dévoilent, avalent. Tout de suite, ça vous émane son atmosphère. Ça cause Fin du Monde (en hongrois, dans le titre). DONG ! DONG ! LE CHÂTIMEEEENT ! Sauf que non, peut-être pas. Pas de prophétie, là-dedans. Ou peut-être que ça décrit des Cavaliers, un Loki ou l'autre, différentes versions de l'Apocalypse/Ragnarök etc. par le menu, c'est possible. Je n'ai pas les paroles sous les yeux – j'avoue n'avoir à ce jour encore pas tendu l'oreille suffisamment pour discerner vraiment ce qu'il braille. Une chose est sûre : la voix y est, en plein. Tout le disque y est en plein, toute la musique. Au présent, je veux dire, ça nous la narre, ça nous la campe, ça nous y campe et ça s'y campe – le fameux dernier acte avant qu'on, que tout disparaisse.

C'est du Rorcal donc c'est intense – sur un sujet comme ça, en plus. Intense mais pas bloqué sur une seule vitesse. L'écrasement prend son temps, tour à tour, s'étale (et nous avec, PROTCH) ou se pique un coup de nerfs et muscles tétanisés, à blaster comme on bascule tête en avant dans le ravin. (Gelé, oui, comme remarquait un lecteur – une crevasse dans le Glacier). Pourtant, rien ne s'affole jamais, ne panique, là-dedans. Comme souvent, comme toujours avec eux : aussi furieuse soit la musique, dense, véloce, les riffs et les rythmes disloquants, les gorges bouillonnantes de feux noirs... On a toujours l'impression que le groupe se tient là, impassible, stoïque, à déchaîner la sorte d'enfer, de catastrophe pour cette fois-ci choisie. Et depuis là explorée. Déclinée en tableaux. Ici données dans le désordre, tiens – où dans un ordre supposément « pas le bon » (et en chiffres romains, à l'antique, parce que la naissance du monde « moderne » a marqué la fin de celui-là – l'Antiquité ?). En même temps, quand tout sombre, comment s'attendre à ce que quoi que soit reste stable – l'ordre logique, la perception de tout ce qui s'effondre, explose, disparaît. On dira que c'est la simultanéité du désastre, du point final – la Fin du Monde abolit le temps, allez, alors ça surgit comme ça, fractures et fragments en paquet de nodules et détachements.

La Fin du Monde comme monde en soi, en fait – Ici Maintenant et après, plus rien ? Plus d'heure, plus de lieu – Tout Est le Brasier. (Ou la glaciation, allez, décidément – ce ne serait pas la première pour ces mers et ces terres, montagnes et vallées qui se tenaient là puis plus puis autrement bien longtemps avant qu'on y soit, formes, configurations, états chimiques et physiques changés à des échelles, sur des laps qu'on ne saurait vraiment concevoir, nous autres...). Pas grand chose, en tout cas, qui subsiste de l'extérieur, hors le fracas sans fin – puisqu'il est la fin. Quelques extraits d'un requiem de Schnittke, tout au plus, qui se glissent, viennent planer, fantomatiques, mouillés de réverb, en interludes ou en mirages, pâles traces d'un avant, d'un moment où « on » faisait de l'art, de la musique, des œuvres en pensant que d'autres, après, se souviendraient, se recueilleraient. Mais si après c'est le RIEN, qu'est ce qui resterait à recueillir – puis QUI, surtout, ferait ça (ou QUOI, même, admettons) ? On ne sait pas, on n'y sera plus, eh, c'est le principe même.

Le tableau VIII – la plage finale – marque autrement le temps, ralentie, comme si soudain on s'extrayait, on nous arrachait hors du Rapide vers le Néant. Ce n'est pas que ça stagne ou que ça cale : c'est qu'ici, à ce stade, le mouvement d'ascension et celui de la chute semble devenus indiscernables. Sans doute parce qu'il n'y a plus de sol ni de cieux, plus de terre, plus d'azur. Disparus. Ou cachés par les volutes, les bouffés. La Fin de la Fin. Ce qu'il adviendra ensuite – vraiment plus rien ou enfin autre chose – n'est plus de notre ressort. Le silence après ce Rorcal n'est pas encore du Rorcal. Ce n'est pas pour de bon du silence, d'ailleurs – ou que vous soyez, ne pouvant vous en abstraire ou obligé pour ça de tendre l'oreille, des sons du dehors vous parviennent. Le monde est encore là, après la fin du disque. Évidemment. On a les pieds sur terre. Ou le cul, ou le dos, si on s'était posé pour s'envoyer le Morceau. La sono grésille un poil, ici, j'avais poussé le volume. On est curieux de savoir si ce sera comme ils disent, comme ils viennent de le lâcher. On n'est pas si pressé de savoir. On se dit même peut-être qu'avec un peu – ou manque ? – de chance, ça pourrait n'arriver qu'après qu'on ait cessé d'être même un souvenir.

note       Publiée le samedi 18 février 2023

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    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Non mais sérieusement, soyons concis : hormis le fait que les deux mélangent hardcore violent, neurocore et black metal, comme une parpadelle de trucs de ces années-là, il n'y AUCUBN rapport entre les deux. Mais il ne faut pas oublier que chez Hallu, le son prime sur tout autre considération. Perso, je trouve que le son de Mental Funral et celui d'In the Name of Suffering sont assez proches, ce qui crée un parallèle... intéressant, amusant, vu que les disques pour leur part n'ont pas grand chose d'autre à voir. Mais je ne suis pas trop certain qu'on puisse parler de plagiat.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
    avatar

    On m'a dit qu'il était mort... Il cause encore quand-même ?

    Note donnée au disque :       
    Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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    De là à aimer l’un et pas l’autre parce que y en a un, il a mis moins de temps à sortir, c’est les goûts et les couleuvres paraît-il.

    Je vais aller écouter SF sorrow tiens.

    Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
    avatar

    On est peu de chose… encore une Leibniz-Newton. Parfois les choses arrivent pour une raison.

    J’imagine qu’il y a un contexte qui fait que les deux possèdent des points communs sans pour autant s’être influencé l’un l’autre directement.

    Concept bien souvent sous-estimé par nous autre chroniqueurs. On est généralement du genre à ne pas croire aux coïncidences mais souvent le contexte est plus déterminant que les influences direct, tu fais bien de le soulever.

    Ça été relevé par des musiciens de scène localisée qui affirmait ne pas connaître les travaux de leurs confrères… c’est le cas de la scène bruitiste au japon notamment. Dans son développement durant les 80’s et 90’s il y avait très peu de communications entre les différents artistes. Parfois ils n’avaient tout simplement jamais entendu parler de leur homologues! Et pourtant il y a un contexte culturel et politique qui les a parfois fait converger sur un plan stylistique de manière indéniable.

    Message édité le 20-02-2023 à 15:49 par Cinabre

    Ron Envoyez un message privé àRon

    Curieux, je n'ai jamais écouté "I, Guilt Bearer" de ma vie. Pourtant j'ai co-écrit "Vilagvege". J'aime bien This Gift (d'autres labums du coup) et je crois que les autres membres de Rorcal aussi. C'est sûr que nos musiques ont des points communs. C'est vrai aussi que notre musique a pas mal évolué entre Heliogabalus et Vilagvege. Mais c'est difficilement la conséquence du pompage d'un album qui n'était pas encore sorti lorsqu'on écrivait Vilagvege.