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Rorcal › Muladona

lp/cd • 7 titres • 37:55 min

  • 1This is how I came to associate drowning with tenderness5:42
  • 2She drained you of your innocence and you poisoned her with it6:52
  • 3I'd done my duty to my mother and father. And more than that I'd found love5:04
  • 4A sea of false smiles hiding murder jalousy and revenge3:47
  • 5Carnations were not the smell of death. They were the smell of desire4:26
  • 6The only constant in this world is blackness of the human heart4:30
  • 7I was the Muladona's seventh tale7:30

informations

Enregistré live au Blend Studio par Stéphane Kroug, assisté de Raphaël Bovey. Monté par Jean-Philippe Schopfer aux studios Yellow Recordings. Mixé et masterisé par Raphaël Bovey au My Room Studio.

Design : Happypets Studio. Layout : Diogo Almeida. Le LP Hummus Records de 2019 est sorti en 3 éditions : une version en vinyle rouge translucide et marbré, sous pochette rouge (150 exemplaires) ; une version en vinyle blanc sous pochette blanche (200 exemplaires) et une version en vinyle noir sous pochette blanche (300 exemplaires). Toutes portent le même numéro d'édition. La cassette de 2020 est une co-édition Tentacles Industries/Tape O Negative.

line up

Diogo Almeida (guitare), Yonni Chapatte (voix), Bruno Silvestre Favez (basse), Ron Lahyani (batterie), Jean-Philippe Schopfer (guitare)

Musiciens additionnels : Eric Stener Carlson (textes, lectures)

chronique

D'aucuns prétendent que « Rorcal, c'est toujours pareil ». Je ne crois pas. Il me semble qu'à chaque disque, au contraire, le groupe change l'angle de vision, de prise de vue. Parfois imperceptiblement, parfois plus radicalement. Bien sûr, oui : l'objet exploré peut paraître toujours semblable – une sorte d'énorme corps céleste, météore noir compact, point aveugle sur tout horizon. Mais il a des faces. Et il bouge. Il tourne – tandis qu'il fuse. La distance varie – du groupe au mastodonte. Entre ce péril et nous. (De près, on voit les veines incandescentes qui le parcourent, on devine le cœur de lave dévastateur. On entend la fournaise. De loin, on rêve au froid des cratères, et le grand silence nous fait imaginer les vrombissements).

Là, ce sont sept plages inspirées du roman Muladona, d'Eric Stener Carlson – Américain relocalisé à Genève, qui d'ailleurs lit ici des passages de son ouvrage, entre les gueulantes de Yonni Chapatte – qui dessinent, creusent, excavent l'espace, l'accidentent et nous y engouffrent, nous y piègent. De sales histoires... La ville d'Incarnation, Texas, en 1918. Tandis que la guerre, en Europe, va sur sa fin, la grippe espagnole, là, ravage le pays. Un enfant – Verge. Sa mère a disparue depuis qu'il a sept ans. Son père, pasteur, construit ailleurs une église. Verge est malade – de ce mal en train de vider la ville de ses habitants. Tous les soirs, une créature – la Muladona, âme déchue changée en Bête de Somme du Diable – vient lui conter un chapitre d'horreurs ... Le groupe, sur cette trame, étend et resserre un tissage, treillage de sons malveillants, écrasants. Hurlements arrachés – aux registre mouvant, entre déchirures hautes façon black et tôlées pas moins saturées plus bas dans le spectre, plus doom, enfer plus lourd, empesé sous les fers. Riffs monoblocs ou cisaillés – toujours ferrugineux, oxydés, la surface rongée, les textures. Batterie qui s'obstine, tend, échafaude des structures rigides, dures, propulse dans l'air vidé ces bouts de cauchemars, d'hallucinations fiévreuses – glacées sous le voile de sueur. Et puis ces lectures, insidieuses, par l'écrivain – débit calme, récitatif détaché, par moments chuchoté. Enfin non... Pas détaché. Fataliste, plutôt, la voix – qui prend son temps pour nous mener à la conclusion. Qui veut découper chaque mot, lier chaque période pour que tout soit bien intelligible – tous les détails des contes abominables. Et puis ces sons, qui viennent la couvrir, cette masse de bruit fait musique, mouvements. C'est à mon sens la réussite de ce disque : cette alternance de passages intelligibles à en devenir douloureux, qui nous saisissent dans l'action, les lieux, les époques racontées – qui nous logent à même les angoisses, les affres de cet enfant paralysé par la maladie, laissent à voir trop clairement les scènes ; et des débordements du groupe, qui viennent broyer l'image, fracasser, pulvériser la netteté des détails, les fondre dans le flot gluant, la coulée de boue partie pour tout engloutir, tout noyer, recouvrir paniques et tentatives (de fuite, de lutte), quitte à sécher ensuite, en croûte, en gangue sur le champs de ruine, pour l'achever. Jusqu'à la prochaine catastrophe – épidémie, tempête, massacre...

A la fin, le bruit retombant, ça parle de funérailles. Et de la Bête, encore – qui vient, qu'il va falloir affronter. Il est dit qu'il faudra continuer, après – raconter, à son tour, tout ce brouet de sang, d'os, d'édifices de pierre effondrés, de bois partis en fumée... Le météore nous a une fois de plus survolés. On a suivi du regard la trajectoire. Il a dépassé le lointain, laissant l'illusion – d'optique, et incertaine – qu'il s'abîmait ensuite derrière la ligne. « La seule constante en ce monde est la noirceur du cœur humain ». C'était peut-être lui, alors, le funeste aérolithe ? Allez savoir. Les métaphores, parfois, sont plutôt troubles que transparentes. Les contes ne sont pas des sermons. Les fables – peut-être – n'entendent rien sauver pour soi, pour elles, pour qui les raconte. Seulement remettre. Transmettre. Prévenir – mais sans pouvoir pointer par où, comment celui, celle d'après pourrait s'échapper, briser le cycle, la continuité. Quelques indices, seulement – pour savoir la reconnaître, cette Mule sortie de l'Enfer pour en souffler l'haleine sur des êtres alités.

note       Publiée le lundi 24 octobre 2022

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Il est en stream sur No Clean Singing, et j'ai même pas reçu ma pré-commande. Il est mort le respect.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Ah ben c'est sûr, ficelles (de pagnes de sumos) il y a... Après je pense que de les avoir vus à un moment et dans des conditions où ils n'avaient ni besoin ni encore la tentation d'en rajouter en terme de surenchère (squat donc, à Villeurbanne, bière à 1 euro, schLaguerie pépère vu qu'à la même affiche Cul of Occult et Karcavul de mémoire, je ne sais plus s'il y en avait plus et à l'époque de l'EP/album à meufs à flingues) avait du aider à ce qu ce soit casual-sludge sans finalement qu'on se demande si c'était "conforme à la scène" ou pas...

Mais bref, je l'attends bien sinon, ce Rorcal, ici, ouais. Les titres affichés encore non audibles (en plus des deux déjà audibles) augurent d'un autre grand moment de fun, en effet.

Message édité le 25-08-2023 à 23:49 par dioneo

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

J'aimais bien sur disque, sans m'en relever la nuit, mais j'avais trouvé ça totalement nul et non avenu sur scène. On entendait toutes les ficelles, l'essayage très très dur (de faire la musique la plus "anti" possible, sur tous les... secteurs de jeu ? segments de marché ? cases à cocher ?) et l'absence de talent flagrante : les solos à la Godflesh en beaucoup plus atonal nihiliste t'as vu, les riffs...

Mais visuellement, c'était très réjouissant, le duo Boule-de-Viande et Montagne-de-Viande.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Ben j'avais bien aimé en concert/squat... Y'a un côté sludge de série c'est sûr (j'ai pas dit B ou Z hein) mais dans le genre poussé, perso ça passe bien sur disque aussi même si c'est vrai, il me vient peu l'idée de les écouter, maintenant. (L'Imminente Horreur de Miss Carrie-âge, j'connais point, il est vrai).

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Primitive Man sert à rien (bon, Caustic à la rigueur), et faire mieux qu'eux n'est pas un exploit. Au pire, vaut mieux que t'écoutes Miscarriage, le Imminent Horror, c'est un autre... sale ami.

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