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Felix da Housecat › Metropolis Present Day? "Thee Album"

cd • 12 titres • 75:48 min

  • 1Cycle Spin!7:16
  • 2Somekinda Special3:29
  • 3Marine Mood4:58
  • 4Metropolis9:23
  • 5B4 Wuz Then5:54
  • 6Submarine7:23
  • 7Little Bloo5:00
  • 8Footsteps of Rage!6:38
  • 9Trippin on a Trip6:04
  • 10Ano.Th.A Level5:00
  • 11Three Dawn5:18
  • 12Radikal Thanx « Listen Up »2:07

informations

Enregistré par Felix da Housecat, sauf Marine Mood et B4 Wuz Then, enregistrés par Mark Bell.

"all watched over by machines of loving grace" ?

line up

Felix Stallin Jr.

Musiciens additionnels : Paul Birchall (piano et cordes sur Marine Mood et Little Bloo),

chronique

Dans cette Metropolis-là – est-ce la Chicago où Felix Stallin Jr., alias Da Housecat, manipule ses machine, joue de ses synthés, programme ses boîtes à rythmes, tisse ses plages en couleurs altérées ? – la Ville d'en Haut, la Ville d'en Bas, ne s'affrontent pas. Contrairement à celle de Fritz Lang (dans son film de 1927), à celle du roman de Thea von Harbou (1926), on n'y brûle pas les robots – on les fait chanter, jouer, donc. On s'amuse à devenir eux, à se confondre. On en prend l'apparence comme chez Kraftwerk, d'accord – mais là encore le processus prend une autre voie, ce ne sont pas les humains qui se raidissent, ternissent leurs apparences, s’amidonnent pour ressembler aux mécaniques. Ce sont les cyborgs qui atteignent au sensible, au sensuel, les couleurs encore une fois qui explosent, arabesques et tourbillons. C'est tout ce monde qui s'hybride et s'émule, des harmonies nouvelles qui se créent dans ce qui avant (dans le monde des conflits) s'appelait distorsions. C'est l'industrie qui a tenu ses promesses – a libéré l'humain, l'animal, les forêts et les mers, nettoyé ses flots de déchets – ou qui en a fait de l'art ? C'est l'art, le divertissement, les objets et projections qui ne sont plus distincts – qui dans ce Nouveau Monde sans barrières ni hiérarchie, libéré de l'usure, du labeur, ne sont plus qu'autant de modalités, d'occurrences du... Plaisir.

Pragmatiquement : Felix da Housecat, en cette année 1995, produit une musique, en effet, toute d'hédonisme, toute tournée vers la jouissance – directe, continue. Des plages house – vous en doutiez, avec ce nom ? – faites pour caresser et remuer les sens, faire monter l'agitation mais comme un état de grâce, pas comme un accès de possession/dépossession. Une musique utopique bien de cette époque et de ce milieu – la house de Chicago, disions nous, musique noire au sens d'afro-américaine, africaine-américaine, comme la techno de Detroit, non loin de là... A ceci près que cette house-ci, ce disque, ne se drape pas, comme souvent chez ceux de l'autre ville, de mélancolie, de brumes grises (comme souvent chez Carl Craig, Derrick May avant, comme chez d'autres, comme chez Cybotron, même, les pionniers du cyber-funk). Et puis cette musique là, aussi, ne se pare pas de dureté, de froideur, ne pose pas le corps-machine en carapace dansante dans quoi doit se réfugier le vivant, l'âme, l'organique (la chair et la « soul », en somme) – on n'est pas non plus ici dans les hangars hantés, électrifiés, cyberpunk, d'Aux 88. La house de Felix, au contraire – qu'elle soit deep, acid... – s'enveloppe de matières foisonnantes, fausses fourrures fluo, latex tactile, boas, bottes compensées, caracos en dentelles qui semblent tatoués à même la peau. Les lumières balayent, les coins d'obscurité attirent et rapprochent. Les séquences tournent et vrillent mais rien n'agresse, les déformations, les renversements des faisceaux et fréquences sont encore des mouvements de ce fameux plaisir – décidément, obstinément, mais pas obsessivement, pas comme une obnubilation nocive. Les textures s'écoulent, pénètrent. Les genres se croisent, se pollinisent, s'échangent, se transvasent – se confondent et se multiplient. La bienveillance plane, s'infuse aux membres, aux poumons, gagne la tête en même temps que le reste (You think you're special?... So do I...). Rien n'est interdit – du moment que celles et ceux, agissant et recevant, y trouvent joie, contentement. Les substances, bien sûr – les drogues – circulent. Psychédéliques, entactogènes – acides, ecsta. On ne pense pas à la descente – la vie monte, toujours, ou se maintient à cette hauteur, sur ce plan de consistance, de densité. La fête n'est plus un moment séparé... L'écho – subtil ou bien énorme – agrandit tout, rebondit les signaux. Tout... Circule. Le BEAT n'est pas un centre qui emprisonne, crée des vortex – il est partout, dessus, autour, dessous, dedans, dehors, il propulse tout – couleurs, encore, textures, disais-je, ondulations, mains qui s'accrochent, bouches qui se saisissent, sexes et toutes celles-là (mains, bouches, courbures et préhensions) qui s'attrapent, s'explorent, se rencontrent, se connaissent. Aucune ivresse mauvaise – pas de gueule de bois, on y tient. On accepte les effets – d'assumer que ce qu'on fera, sous effets, qu'on aurait jamais fait ailleurs, quand on était ces « autres », employés, gens du jour... eh bien que tout ça, frasques et danses folles et rapprochements, coïts et effleurements nocturnes, que tout ça, ce soit aussi « nous ». D'autres, encore ? Voire. Peut-être, même : que ces « autres » soient nos vrais nous, désenclavés, libérés. Qu'ils soient – Metropolis – l'Utopie réalisée, incarnée. Que la musique en soit une autre – de drogue, d'utopie, de pleine réalisation. Que tous ces inducteurs se veuillent, nous veuillent (que nous les voulions tels, dans ces circulations c'est tout un, c'est une réciproque) vecteurs – vers une réalité extirpée du cauchemar, des pénibles attentes où il ne se passe rien, où l'on subit et où l'on exécute. Cette musique monte, oui, constamment – même quand le tempo ralentit, que ça tourne à l'ambiance rêveuse avec arpèges de piano qui flottent et cordes synthétiques qui nappent, enrobent l'ambiance – c'est le plan liquide, encore, voire gazeux, de ce bonheur partout recherché, poursuivi, diffusé, à quoi cette musique aspire (et qui veut nous y aspirer – et qui y parvient, dès lors qu'on se laisse aller).

Il y aura, me direz vous, il y aura demain. Le réveil. Les factures. Le job à reprendre ou bien à trouver. L'idéal qui se fera plus sourd, qu'on recommencera à vouloir, à ne pas retrouver. Il y aura – la voilà – la descente. Il y a que 1995, c'est loin – presque trente ans écoulés, ce jour où je poste mon texte, depuis l'année où ce disque est sorti, alors qu'internet passait à peine dans le domaine public, qu'on le fantasmait en cette autre Citée-Univers où tout serait vif et apaisé... Pas de nostalgie, allez. Entendu d'ici ce disque ne sonne pas mort, relique, écho nostalgique. Demain, c'est vrai, il faudra se lever, et tous les autres matins. Submarine (full string and splash mix) vient de finir dans mes enceintes. Le point d'interrogation, dans le titre – vous l'aviez remarqué – n'a pas plus que le reste perdu sa pertinence. Rien, dans ce disque d'un hier qui affirmait un aujourd'hui possible, vitalisé, étendu, ne me donne envie de commuter sur OFF.

note       Publiée le samedi 14 janvier 2023

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