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Suede › Autofiction
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Brett Anderson (chant), Simon Gilbert (batterie), Mat Osman (basse), Richard Oakes (guitares), Neil Codling (synthétiseurs, piano)
Musiciens additionnels : Meredith Moore (cor), Oli Langford (violons, alto), Amy Langley (violoncelle)
chronique
Si on s'intéresse aux chants de putes mâles, aux voix les plus dégueu-classes, catégorie androgynes et affectées, celles qui sur-minaudent tout en se caressant le téton du spleen jusqu'à écœurer, Brett Anderson se situe à coup sûr dans le panthéon. Un panthéon aux airs de club surcoté pour la jet set, style Chez Castel, où luxe et glauque s'interpénètrent. On y imagine Brett entouré d'une call-girl et d'un gigolo, sirotant son cosmo sur le canapé king size de satin fuchsia-pourpre, la fin de sa trentième Vogue jaunissant ses doigts encore humectés, tandis que les corps ondulants captivent son œil de charognard sentimental gominé... Brett, ce vieux beau gosse de la pop britonne, plus "je m'écoute chanter" que le gros du bétail microphonique envoyé aux télé-crochets, mais gaulé d'une voix chouineuse aussi viciée que son minois pointu, aussi vénérienne que sa bellâtrerie blême de Biolay du Sussex en état de putréfaction avancé, levé en douce à cinq heures du mat' de trop de plumards, en prenant soin de ne pas réveiller le dernier cul honoré, y jetant juste un dernier coup d'œil las comme à la pochette de son Dog Man Star... Qu'évoque beaucoup, bien sûr, celle d'Autofiction, plus crue... Pour un album plus cru, plus dru, l'album d'un BCBG au cœur de la cinquantaine et avide de musique "back to basics". Un Suede aux relents rances mais assoiffé de brise hivernale, chargé d'une énergie... Fédératrice ? Là vous pensez p't'être à Bono, pas forcément à tort vu la gentillesse irradiante de certains refrains, mais... Suede contrairement à des groupes safe-sex comme U2, c'est toujours un peu sale : même quand ça t'envoie du gros refrain à douches de stade, le savon peut glisser. Suede c'est bien coiffé mais sordide, comme ce final glam-cold de purs vampires pop-rock, évoquant un QOTSA cold-glam des années 2010 qui se ferait sucer par Placebo au fond d'une rame de métro déserte. "Reveal Yourself..." Un album sirupeux à souhait, because Brett, mais aussi : amer, acide. Une antichambre du playboy, larmoyant-vaillant, où le maquillage est comme bouffé par les cicatrices, et la lumière blafarde. Un gris scintillant, celui de guitares tendues comme des lames sous la pleine Lune ("Black Ice")... Le chant éploré au point d'en être purulent, y copulant avec les riffs "étincedark", et ces rythmes souvent fiévreux lui donnant dans ses passages les plus obsédants comme un air de Wovenhand urbain, voire de Chameleons en putassier ("Shadow Self"). Même quand Brett couine comme une petite souillon (les deux premiers morceaux sont à ce titre suffisants pour vous filer un haut-le-cœur définitif - si vous n'avez jamais accroché à Suede ça sera pas ici), il reste cet associé classieux, plus collant qu'une tagliatelle au rimmel mais d'un tout autre niveau de tenue à la cuisson que, au hasard, Interpol. Même si certaines chansons sont décidément trop fion-fion la praline pour que je me laisse emporter jusqu'au larfeuille, même si les deux ballades palotes au piano tiédissent la charge héroïnoïque, les morceaux les plus ouvertement goth rock collent décidément bien bien aux doigts des oreilles, façons de torch songs à la fois galvanisantes et cafardeuses. Peu de groupes de leur génération, revenus d'autant de bides, peuvent proposer un disque aussi vif et passionné en 2022. Alors je salue le geste, comme on dit dans ces cas-là. Les vieux qui veulent rester dans le coup en jouant les jeunes en général ça fait pitié, OK, mais ici ça sent le démon de midi et demi qui a les crocs sous le col relevé de son Burberry, dévore les rues de Londres au petit matin avec ses yeux écarquillés.
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- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Raffinement sur le plan de la sensibilité, j'entendais. Concernant l'aspect musical, je me contenterai de "de meilleur goût". Même si on reste dans le domaine FM.
Mais j'étais surtout irrité parce que je pense que si l'un n'existerait pas sûrement pas sans l'autre, mais a récolté les "lauriers" qui revenaient à l'autre... Après, peut-être que Brett se fait une Mustaine, ça ne m'étonnerait guère, et est-il en vérité hanté par le succès de ces imbéciles.
Message édité le 27-09-2025 à 12:16 par born to gulo
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven

Anderson est pile entre Bowie et Molko. Et une sorte de Peter Murphy version queutard. Mais oui Placebo c'est tellement Pimkie, smoothies & journal intime d'une starlette, à côté de ce lupanar et de ces liqueurs de salaud...
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- Cinabre › Envoyez un message privé àCinabre

T'es bien gentil! J'y voyais pas là une insulte à leur talent pour ma part mais tout est moins vide, moins "sans point" pourraient-ils dire dans leur langue. Ouais. Adulte, c'est bien vu. Raffinement sans doute pas sur le plan de la composition mais de la mise en scène à n'en point douter.
Message édité le 27-09-2025 à 11:24 par Cinabre
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- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Suede, c'est Placebo fait par des adultes, et des personnes douées d'intelligence et qui plus est de raffinement. Donc quelque part c'est l'anti-Placebo.
Et "hanté par Placebo"... je me retiens d'être courroucé, parce que c'est toi.
Message édité le 27-09-2025 à 11:13 par born to gulo
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- Cinabre › Envoyez un message privé àCinabre

J'y retrouve un petit côté Blink 182 hanté par les Smiths et Placebo, ce premier titre. Va savoir pourquoi... Le reste a l'air encore bien plus plus dit-on en novlangue. Trop de disques de bonnes factures en ce moment, décidément!
Variété pour anglophone qui aurait perdu sa sérénité à trop rater son thé de faïve o'clock. Pas mauvais. Surtout le fameux Brett dont il est question. Irréprochable, le garçon à tenir ses notes comme ça: un pro, un vrai.
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