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Black Flag › Everything Went Black

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taliesin      mardi 22 novembre 2022 - 18:02
Dioneo      samedi 19 novembre 2022 - 19:25

2lp • 25 titres • 60:59 min

  • A: Johnny « Bob » Goldstein Era
  • 1Gimmie Gimmie Gimmie1:57
  • 2I Don't Care0:58
  • 3White Minority1:09
  • 4No Values1:58
  • 5Revenge1:01
  • 6Depression2:07
  • 7Clocked In1:29
  • 8Police Story1:30
  • 9Wasted0:42
  • B : Jealous Again Era-Chavo
  • 10Gimme Gimme Gimme1:40
  • 11Depression2:40
  • 12Police Story1:33
  • 13Clocked In1:36
  • 14My Rules0:58
  • B : Jealous Again Era-Dez
  • 15Jealous Again2:24
  • 16Police Story1:35
  • 17Damaged I2:05
  • 18Louie Louie1:27
  • C : The Dez Continuum
  • 19No More3:00
  • 20Room 132:06
  • 21Depression2:39
  • 22Damaged II4:13
  • 23Padded Cell1:56
  • 24Gimmie Gimmie Gimmie1:46
  • D : Crass Commercialism
  • 25Untitled17:10

informations

Enregistré entre janvier 1978 et avril 1981 aux studios Media Art et Golden Age Recording par Dave Tarling (1-4), Spot (5-24) et Geza X (20-24). Monté aux studios Total Access Recordings. Produit par Black Flag, Spot et Geza X.

line up

Dez Cadena (voix sur 15-24), Chuck Dukowski (basse), Greg Ginn (guitare), Keith Morris (en tant que Johnny Bob Goldstein ; voix sur face 1-9), Robo (batterie sur 5-24), Ron Reyes (en tant que Chavo Pederast ; voix sur 10-14), Bryan Migdol (batterie sur 1-4)

chronique

Vingt-trois versions démos, enregistrées entre 1978 et 1981, avant que Rollins ne rejoigne le groupe. Et c'est toujours curieux d'entendre Gimme Gimme Gimme, Police Story, Depression etc. – celles ici présentes qui finiront, dans d'autres versions, sur Damaged – chantée par d'autres que ce « bon » (tu parles !) Henry. Surtout : c'est assez fascinant de suivre, face par face (du double LP tel qu'initialement paru), l'évolution du groupe, son rapide, irrésistible glissement vers lui-même.

La période Keith Morris, d'abord – encore très marquée par le punk UK/'77, tout juste extirpée de cette mouture de la chose, à peine teintée d'une touche de crasse CBGB's. La voix nettement Johnny Rotten, la diction de branleur sarcastique y font pas mal c'est sûr... Mais ce n'est pas que ça. La musique elle-même est encore comme ça aussi – l'écriture est déjà là, le jeu est en place (tout en restant délibérément brut, à l'arrache), le son est déjà bien méchant dans l'intention mais l'exécution est encore un peu... Floue.

Puis dès les versions Ron Reyes (AKA Chavo Pederast), quelque chose qui change, commence à basculer. Le mec braille à peine un poil moins rauque que le fera Rollins, oui – mais là encore, ce n'est pas SEULEMENT ça ! Le groupe durci le ton. Ça joue vite, de plus en plus. Ça envoie dru, de plus en plus. La colère envahit – noircit le ton, salit l'air ambiant. Les types sont désormais parfaitement sûrs de leur fait – déterminés. Ça bosse, intensément – ça s'entend. En plus de ça – l'accélération générale du tempo, les moyens de mieux en mieux tenus – ça devient plus tordu, le jeu de guitare de Ginn dérape de plus en plus, en fout partout sans que ça commence, jamais, à sonner comme du shred, des acrobaties de guitar-hero en spandex. Ça strie, ça coupe – ça ne se contente plus de frapper fort et droit devant. Ça devient vicieux. Bien-sûr : ce n'est pas encore – on en est loin – l'espèce de free-punk tout en cassures et difformités que jouera le groupe dans ses dernière années (sur l'EP The Process of Weeding Out, les albums Family Man, Loose Nut ou même – avec ce tour de prétendre que la chose serait ramenée dans les « limites » de chansons « normales » en longueur, construction etc. – In My Head). Certes : nulle trace encore, ici, du proto-sludge de la face B de My War – celle-là même par quoi le groupe se mettra à dos la part de sa « fan base » qui n'y venait que pour la course de plus en plus speed, les riffs carrés, se voir en skinheads ou keupons de série, ivres et violents, dans le miroir que le groupe semblait leur tendre en concerts. Non... Mais déjà Ginn se laisse aller à des glissements chromatiques bizarres, atonaux, à ses soli continus, sans fin, en trémolo discordant. Et déjà les autres, derrière, semblent chercher à ce que le son lui-même, la musique, les morceaux, tapent avec plus d'impacts que n'importe lequel des gnons, horions, qu'on pourrait se ramasser dans le pogo.

Et Dez Cadena, enfin. Au gosier ferrugineux – déjà presque comme Rollins, donc. Avec autour – pas derrière, pas en arrière plan, le bruit fait par les instruments et la voix sont devenus un seul bloc, complètement, à ce stade – un groupe de plus en plus acharné, un son qui semble vouloir avaler tout l'air de la pièce pour nous asphyxier, pour qu'on respire la pollution dégueulasse qui ressort de leurs poumons quand ils recrachent tout. Qu'on se rencontre dans la moche purée sang-os-viande-sécrétions, qu'on la contemple ensemble – fâchés de n'être que ça, dégoûtés de ne pas pouvoir l'être plus, pleinement, de risquer pour ça les menottes ou une bastos.

L'évolution du groupe, disais-je ? Sa montée en puissance, plutôt. Avec, très vite cette sensation qu'en effet – comme disent tous les articles, les manuels, les anthologies – on est en train de passer du punk-rock-tout-court au punk-hardcore, que c'est dans ce secteur là de « la scène » que le truc s'est inventé (en même temps que dans d'autres places durant ces mêmes mois, années, oui... je ne dis pas que Black Flag a « tout fait »). Bon – mais à partir d'où, exactement ? A partir de laquelle de ces pistes on se dit avec certitude que « ça y est » ? Eh bien – difficile de répondre à ça. Tant on est vite pris dans l'écoute, dans le déferlement – tant on oublie alors de « prendre des notes », de considérer cette compilation comme « une simple pièce au dossier historique punk hardcore ». (Et c'est tant-mieux, hein – pas qu'un peu). Tout au plus, on se dira peut-être que Rollins, en arrivant, avait déjà bien dû écouter les trois autres d'avant (Morris, Reyes, Cadena) – en concert, puisqu'alors il n'y avait guère d'autres moyens de les entendre, et que c'est là qu'il avait – littéralement – sauté sur scène pour les rejoindre. Tout au plus on peut penser que oui : son chant, à partir de là, a d'abord été comme une synthèse de ceux de ses prédécesseurs... Ce n'est peut-être pas si important. Ce n'est en tout cas qu'un seul des éléments. A partir de là – non... Dès ici, dès l'époque où ce disque est d'abord sorti, le truc était lancé – à toute blinde et décidé à ne pas s'arrêter au premier mur, à pulvériser l'obstacle, à jouer avec lui à qui-est-le-plus-dur.

Gimmie gimmie gimmie... Gimme some more ?



(Et cette ultime version avant celle entendue sur Damage finie, suit un drôle de montage – ouvrage hilarant et absurde, plage où s'enchaînent sans pause des spots radiophoniques annonçant les concerts du groupe... Mises en scènes débiles – avec voix de punks mâles et femelles jouées par le stagiaire fan de Journey, tirades écrites par des rédacteurs dont certains n'avaient sans doute jamais vue la couleur de la moindre crête ; manières de spoken-word transpirant le malaise, confondant réclame et menaces sourdes – comme pour induire que de toute façon, c'est la même chose... Dix sept minutes de collages rendus surréalistes par l'absurdité même de leur matière, par la cohérence/l'incohérence nouvelle que lui donne ce parti-pris de les amalgamer hors de leur contexte d'origine. Hilarant, oui – mais qu'on écoutera certainement pas à chaque coup... Contrairement au reste, aux – tout de même – vingt-quatre autres pistes ? Eh... DON'T ASK WHAT FOR !)

note       Publiée le samedi 19 novembre 2022

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    Mon premier B.F. !!! Et la note maxi, d'office ^_^

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