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Black Flag › Live '84
- 1985 • SST records SST-030 • 1 K7 audio
- 1991 • Terror Rec 141 • 1 LP 33 tours
- 1998 • SST records SST CD 030 • 1 CD
k7/lp/cd • 19 titres • 71:15 min
- 1The Process of Weeding Out8:24
- 2Nervous Breakdown2:07
- 3I Can't Decide4:57
- 4Slip It In5:52
- 5My Ghetto1:14
- 6Black Coffee4:45
- 7I Won't Stick Any of You Unless and Until I Can Stick All of You4:19
- 8Forever Time2:25
- 9Fix Me0:53
- 10Six Pack2:24
- 11My War3:35
- 12Jealous Again1:53
- 13I Love You3:15
- 14Swinging Man2:05
- 15Three Nights5:04
- 16Nothing Left Inside5:22
- 17Wound Up3:50
- 18Rat's Eyes4:18
- 19The Bars3:31
informations
Enregistré live par Steve Corbin à The Stone, San Francisco, Californie, le 26 août 1984. Mixé par Bill Stevenson, Etha, James et Greg Ginn au studio Radio Tokyo, Venice, Californie.
Le morceau The Process of Weeding Out est absent de l'édition LP Terror Rec de 1991.
line up
Greg Ginn (guitare), Kira Roessler (basse), Henry Rollins (voix), Bill Stevenson (batterie)
Musiciens additionnels : Tom Torcolli (chœurs)
chronique
Black Flag en pleine métamorphose – en pleine purge, c'est à dire, en pleine confrontation, en plein « désherbage », comme dirait bientôt Ginn. Le groupe n'a en effet, au moment de ce concert, pas encore sorti ledit EP (« The Process of Weeding Out ») ; c'est pourtant bien le titre éponyme dudit disque à venir qui ouvre les hostilités – et dans ce cas précis, le terme n'est pas qu'une tournure, tant le truc est retors, agressif et tordu, vrillé, jam sur un thème, variations et ruptures, attaque instrumentale vicieuse qui semble faite pour vider la salle des punks les plus « orthodoxes » venus ce soir là, ceux qui voulaient du hardcore qui file dur et droit. Le parpaing est autre, et d'emblée, ça sèche. (Rollins, donc, n'en est pas, sur cette piste, comme il n'en sera pas, plus loin, sur I Won't Stick Any of You Unless and Until I Can Stick All of You, autre titre qui semble annoncer qu'il serait bon, peut-être bien, de compter ses abattis afin de s'y retrouver ensuite, quand le machin nous sera passé dessus...)
Si le proto-sludge de la face B de My War – joué ici en version encore plus sale, rampante – avait déjà foutu en l'air les attentes et certitudes, quelques mois plus tôt, la méchante sophistication d'écriture qui culminera sur In My Head, les spoken words d'Henry sur Family Man, les dérapages grumeleux de Slip It In... Assez peu de tout ça, au fond, était, à ce moment là, arrivé aux oreilles du public – si ce n'est, comme ici, en face à face, prise directe. Et de fait, ce live – qui mêle les répertoires d'à peu près toutes les périodes du groupe, des morceaux tirés de disques passés comme d'autres à venir (manquent ceux qui constitueront In My Head, sans doute pas encore écrits) – nous fait entendre un Black Flag bien changé, bien chargé, aussi, pas moins furax mais capable maintenant de tours, de passes plus difficiles, compliquées. Le line-up s'est stabilisé – Kira Roessler à la basse et Bill Stevenson à la batterie sont capables de tout, de suivre les assauts des deux autres, les idées cinglées de Ginn et les attaques pleine-face de Rollins. Le groupe est solide, le jeu musclé mais agile, le son dense mais net, la production à l'essentiel. Les quatre se savent attendus au tournant – et décident de répliquer en ne donnant pas ce que les autres, en face, l'audience, croyait y trouver. Ou pas seulement. La grande réussite de la chose est qu'ils parviennent à rendre indiscernables ces deux « options » – ce qui serait du punk hardcore pur jus (serré, sans sucre), ce qui tiendrait de la bizarrerie cérébrale, du coup fourré pas moins ravageur mais décoché sans qu'on ait pu voir venir.
Donc : The Process..., disions nous, pour plonger tout le monde direct dans le bain (de cambouis acides), I Won't Stick..., plus avant dans le concert, autre jam qui crache des clous et autres scories empoisonnées ; des cavalcades à s'en chopper de la tachycardie chronique, des tics en battements sporadiques (Black Coffee, Six Pack...) ; ces fameux ralentissements tirés de My War, face B, pour enfoncer ceux qui restent debout à même le sol qui les tient, leur faire goûter la boue (Three Nights et Nothing Left Inside)... Partout, de la guitare qui griffe, écorche, ne tient pas en place, cherche à tout déloger. Rollins bien en forme, un peu en retrait derrière le raffut mais la rage bien saillante, la gueule bien ouverte (et bien tendue en rostre vers qui voudrait s'y frotter, on s'imagine aisément). La rythmique qui fait mieux qu'assurer, porte et projette tout ce boucan toujours pile à la vitesse qu'il faut pour qu'on se ramasse le tout à son plus contondant/tranchant/écrasant (c'est selon les pistes). Même : certaines versions, ici, font encore plus mal que celles entendues, avant ou après, sur les albums studio (cette prise sans merci de My War...). Surtout : sans vérifier, on serait bien en mal d'affirmer avec certitude quels morceaux viennent de quel disque, tant cette prestation mors-aux-dents et chausse-trappes donne à l'ensemble une cohérence nouvelle, unique, tant la liberté d'exécution que se sont trouvé ces quatre-là donne l'impression, cette heure et quart durant (tout de même – vue l'intensité du truc, il faut être d'attaque, vous êtes prévenus) qu'une dimension entière s'ouvre et nous happe, nous avale – monde parallèle violent et torturé mais où au moins il est permis de hurler. Mieux : où il est nécessaire de hurler, de s'agiter, de se débattre, de recevoir et rendre les horions, de partager à pleine voix, à pleins poings, pleines dents, peines et fureurs, frustrations et joies mauvaises. (Ce Three Nights, nom d'un...). On en ressort tout mâchés, plein d'ecchymoses mais les bronches libérées, les tendons élastiques et renforcé. On se sent recraché – délesté, prêt à ce qu'il faudra pour ne pas retourner à l'engourdissement. Black Flag a encore frappé, en somme.
Black Flag ne frapperont plus guère, ensuite – un autre live sortira (Who's Got the 10½?, enregistré en 1985, au fond assez différent du ci-présent, plus compact, moins méandreux), quelques semaines à peine avant que le groupe n'annonce officiellement sa rupture. Ça ne pouvait pas bien finir – toute cette tension, cet état d'explosion permanente. Il fallait en sortir... Après coup, quoi qu'il en soit, tout reste gravé là, tracé au croc sur ces dix-neuf pistes sans issue. On y plonge à l'envi la main, on se ressert. On est une fois de plus mordu. On ne s'en extirpe pas avant que se taise l'ultime The Bars. On ne se demande qu'un instant quel bout de quelle partie de notre peau a pu partir avec.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Oui, c'est vraiment un groupe qui peut faire ça, un coup "trop rien" et un autre disque "ah mais il se passe quoi là, cette fois ça me cause bien"... En partie parce qu'ils ont tenté pas mal de trucs finalement assez différents mais même dans une même "tendance" de leurs musiques, un disque va passer ou carrément accrocher bien, un autre pas du tout, pour la même personne qui les écoutera, sans que ça lui soit toujours possible de dire vraiment ce qui fait la différence... (Mais du coup, si jamais tu ne t'y es pas encore essayé, le EP The Process of Weeding Out, complètement instru, creuse pas mal dans leur veine expé / influencée free, vraiment pas commun et pas mal dans le genre "tu l'aimes ou tu call it quit"...).
Message édité le 04-11-2023 à 16:22 par dioneo
- Note donnée au disque :
- WZX › Envoyez un message privé àWZX
En pleine découverte. Ca me parle, alors que j'avais jusqu'alors seulement écouté distraitement un ou deux albums sans être marqué.