Des voix s’élèvent depuis quelques temps pour chanter les louanges d’un certain combo canadien… Le Pays à la Feuille d’Erable avait tendance à nous livrer plus de tonnes de sirop que de groupes dark (oui, je sais, il y a les notables exception de la nébuleuse Skinny Puppy ou front Line Assembly) mais les choses changent depuis cinq ou six ans. Le groupe s’appelle Actors, nom banal, joue du post-punk, banal. Sauf que non, leur post-punk, certes pas spécialement rêche, ne manque ni de punch ni d'originalité. Pas spécialement d’influences Joy Division pour une fois, c’est plutôt du côté de la new wave 80’s ainsi que de formations telles que Comsat Angels, Simple Minds, Human League voir même de David Bowie qu’ils faut dénicher les leurs, avec une production moderne malgré tout. En fait, voilà des musiciens qui savent picorer là où il faut, des coulées de synthé wave, un groove pop typique du post punk actuel (Bootblack notamment), sans négliger quelques passages plus froids. Actors varient volontiers les ambiances sans se départir d’une vraie cohérence, on glisse ainsi du côté cold wave spatial de ‘Crosses’ (avec chant haut perché dérivant entre les astres), à la pêche directe de ‘L’appel du vide’ sans oublier le groove dancefloor de ‘Bury me’. D’autant que les loustics aiment mêler différents ingrédients histoire de brouiller les pistes. ‘Bury me’ justement qui pourrait évoquer OMD se trouve lacéré de guitares fuzz glacées, ‘Crosses’ malgré sa touche spatiale se construit sur une base sombre plutôt cold wave… A la fois nostalgique et contemporaine, la musique des Canadiens déstabilise malgré sa portée pop assumée par la manière d’arranger les diverses influences en une recette personnelle qui secoue quelque peu les codes auxquels on se croyait habitué. Peut-être ont-ils finalement bien trouvé leur nom de scène au final ? Nous mystifier pour servir l’émotion ? D’autant que l’instrumental final n’est pas sans rappeler certains films de John Carpenter, la boucle est bouclée.