Martyr Whore › Phantom

Si Dieu reconnaîtra les siens, Satan en est capable aussi et peut-être consentira-t-il à accorder à ses ouailles la reconnaissance qu’elles méritent. Qu’importe, Martyr Whore n’a nul besoin de coup de pouce occulte, le talent devrait suffire. A l’instar de Jacquy Bitch, le projet n’a jamais cessé, étoffant sa discographie envers et contre tout avec un manque cruel de moyens et de soutien logistique, surtout que le deathrock n’intéresse pas grand monde en Francophonie, mais quand on a la passion… Et les Français l’ont. A la suite de leur troisième opus, ils viennent de produire un nouveau mini plutôt jouissif. Du deathrock pur jus à la production fantomatique comme je l’apprécie avec leur patte singulière propre. Evoquer l’absinthe, les salons, l’opium, l’occultisme, Nietzsche, n’a rien d’un cliché, d’une pose, la musique les suinte littéralement. Le deathrock de Martyr Whore, comme celui de Christian Death, est un regard sur le monde au travers d’un prisme artistique… Les notes cristallines de ‘Paradise Lost’ évoquent celles de l’eau mouillant le sucre avant d’aller troubler le liquide du verre, l’excellent ‘Phantom’ parait célébrer une messe noire pour mieux clarifier les énergies malignes (n’ayant rien de spirituel) menant le monde avec une atmosphère réellement incroyable, quelque chose dans les riffs de ‘Black Sabbath’ incite à se tourner vers le ciel. Et il y a ce chant, comme un témoin des circonvolutions de la société, nappé dans son halo, entre tristesse, résignation, colère. Ce type de deathrock manquait cruellement dans le paysage et ces morceaux sont de vraies tueries. Vivement la suite !