Pourquoi l’affaire des sorcières de Salem fascine-t-elle à ce point ? Probablement car elle symbolise l’un des plus beaux cas de manipulation religieuse pour justifier la cupidité foncière, les jalousies de voisinage, les explosions d’hormones… Rien de bien divin, juste la piteuse médiocrité humaine dans toute sa bassesse… Une base d’inspiration sans fin pour les artistes. Martyr Whore ont-ils vu le diable ? Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont bouffé du lion. Exit les climats opiacés troubles de ‘SS Satan’, ‘Salem’ renoue avec un deathrock cru, une version punk du côté obscur. Après une entrée en cloches lugubres, le combo nous livre ce qui pourrait bien être son nouveau tube, ‘Salem’. Les amateurs du Christian Death des débuts ou de Shadow Project vont en sauter en plafond. La francophonie a toujours été si sous-représentée en matière de deathrock que Martyr Whore sonne comme une revanche pour les fans. Le combo nous propose aussi de nouvelles versions de ‘Yarbles’ et ‘Caesare Borgia’ dopées au jus d’ébène; en plus, avec une vraie batterie, ça sonne nettement plus. Outre, le son plus gras, les atmosphères ultra glauques, on note au rayon changement que le chanteur Lloyd Amant se lâche de plus en plus, comme s’il était vraiment possédé par la musique (‘Caesare Borgia’, ‘William Blake’). Les nouvelles compositions envoient du bois elles-aussi et hormis ‘Salem', ‘Superheroine’ se profile assez nettement au rang de hit potentiel vu sa mélodie porteuse (magnifique ligne de guitare comme sur la plupart des chansons d’ailleurs) et son climat hanté, encore que le mélancolique ‘Norton Blast’ ne soit pas en reste non plus niveau ambiance. On sent que les deathrockers français sont à l’aube de quelque chose tant les compositions bouillonnent d’énergie noire: le chant est plus investi que jamais, la guitare efficace au plus haut point, qui plus est ce mini constitue le premier d’une trilogie. On peut juste regretter qu’ils doivent toujours tout faire en DIY avec les pressions que cela implique au lieu de pouvoir enfin travailler avec un producteur. Qu’importe, avec ‘Salem’ le groupe signe un brûlot de deathrock à l’ancienne qui ne rougit pas de la comparaison avec les formations pionnières.