Martyr Whore › The Blue Coresh Nietzsche Malsaine

Tout d'abord, un grand 'hip hip hourra !' pour Alone Production; le label a en effet réussi le tour de force auquel pas mal de collectionneurs comme moi ne croyaient plus: mettre en vente le second album des Français de Martyr Whore. Souvenez-vous, leur premier album, 'Roseydolvelt Ballet', leur avait valu un début de renommée et avait frappé par la similitude incroyable, proche de la fusion, avec Christian Death. Un second disque avait été enregistré dans la foulée, lequel ne sortira finalement que sur le label du groupe. Très mal distribué, il n'existait pour nous qu'à l'état de fantasme...jusqu'à aujourd'hui ! Jumeau du premier tant musicalement que thèmatiquement, il s'est imposé plus lentement à moi. Après une première écoute, je l'avais trouvé un peu mou dans la production, moins puissant dans les mélodies. Distillant son venin au fur et à mesure, 'The Blue Coresh Nietzsche Malsaine' (Martyr Whore soigne l'étrangeté de ses titres) se dévoile au contraire addictif et prenant. Certes, la mélodie se découvre moins facilement, il faut laisser aux atmosphères le temps de la libérer. Le mimétisme vocal de Lloyd Amant avec Rozz Williams est surprenant; c'est le timbre époque 'Deathwish' en plus larmoyant qui se débat au milieu des guitares écorchées, de rythmiques lourdes et des textes ultra glauques. Je puis admettre qu'un tel chant peut agacer par son aspect 'too much' mais également fasciner de manière quasi hypnotique; je me classe plutôt dans la seconde catégorie. Le disque se déroule alors comme une bande-son cauchemardesque et claustrophobe pour lupanar sous-terrain où les fantasmes des uns sodomisent la transexualité des autres sous le regard d'un Christ de crucifix, descente aux enfers sur lit de velours souillé de foutre et de roses séchées...Peu d'occasions de respirer dans cette noirceur quasi étouffante, Martyr Whore n'a gardé que l'aspect le plus sombre du deathrock même si, évitant des structures trop linéaires, les musiciens aiment à s'autoriser des accélérations plus pêchues ('Whisky burton', 'Susan Blair',...). Un disque fort.