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Camlann › The forgotten lost fragments

cd • 10 titres

  • 1Il prologo
  • 2Father Johannes
  • 3The ballad of us
  • 4To Vatican
  • 5Lonely for the rest of my life
  • 6New city, new hope
  • 7Father figure
  • 8Goodbye
  • 9The forgotten lost fragments
  • 10What's the worth of living ?

extraits vidéo

informations

https://camlannmusic.bandcamp.com/

line up

Ony Godfrey (chant, guitare), Bayu Triyudanto (basse), Fauzan Pratama (synthés)

chronique

Est-ce la magie de la toile ? Un effet boule de neige ? Des accords avec des labels occidentaux ? Toujours est-il qu’en l’espace de quelques mois, les mélomanes en tenue sombre ont découvert l’existence d’une scène post-punk indonésienne (certes principalement basée à Jakarta) et appris des noms : Eerie, Pullo, Barbars, The Porno, Sucubus, Camlann et qui sait encore ce qui suivra… Camlann justement, les plus new wave du lot, c’est carrément une histoire entière déclinée en dix titres que nous propose leur premier opus et avec un thème pas banal. Jugez plutôt: la narratrice (car tout est considéré de son point de vue à elle) raconte l’histoire du Père Johannes Bianchi, un jeune homme ayant toujours désiré devenir prêtre catholique. La vie ne l’épargnera pas, il tombera amoureux avec les tiraillements impliqués entre sa vocation et ses désirs personnels, sacrifiera ses propres sentiments, tombera malade, finira par devenir prêtre au Vatican avant de mourir, à 34 ans à en juger par les dates de la pierre tombale de la pochette. De son côté, la narratrice s’installera à Los Angeles où bien des années après, vieille et mourante, elle se remémore sa jeunesse douce-amère avec Bianchi… Troublant, non ? À l’image de cette couverture, certes un peu kitsch, mais avec cette femme fragmentée (comme ses souvenirs) étendue devant la pierre tombale du prêtre. Des noms précis, des dates, des lieux, cette fiction serait-elle inspirée d’éléments vécus indirectement ? Une chose est certaine, la musique de Camlann n’a rien d’une parodie de dark wave occidentale, elle dégage quelque chose de personnel que l’on sent inspiré par la culture du pays. Il y a le chant tout d’abord, légèrement nasillard, marqué d’une tonalité indonésienne; il participe beaucoup au spleen insidieux qui traverse l’album de bout en bout. Techniquement, il adopte pourtant une posture limite variété dans sa manière de chanter de longues phrases, se tenant en retrait d’éclats émotionnels, évitant cependant avec brio la monotonie monocorde annoncée, peut-être justement en raison de ce timbre apparemment inoffensif et plus toxique qu’il n’y paraît. Musicalement, c’est bon aussi, mélodies fortes, avec une belle place accordée au synthé, écrites pour laisser l’espace à la narration; fait pas si habituel, la vocaliste est également la guitariste. Si les premières compositions dévoilent d’emblée une touche clairement sombre, triste (le bouleversant ‘Lonely for the rest of my life’ que n’aurait pas renié le Clan of Xymox de l’époque 4AD, notamment dans le jeu de clavier), d’autres savent se montrer infiniment retorses. ‘New city, new hope’ débutant groovy as fuck limite Bee Gees ou KC and the Sunshine Band (la rythmique, les cuivres synthétiques, les nappes coulantes) et pourtant…‘I’m going on to the city of angels laughing’… Putain, l’amertume du rire…Sentiment purement subjectif mais la voix me transperce littéralement, exprimant d’une manière diaboliquement efficace l’échec annoncé de cette quête d’un nouveau bonheur, d’un nouveau futur, que nous, auditeurs, savons déjà vaine puisque à l’heure de sa mort, la narratrice n’aura toujours pas fait le deuil de son amour pour ce garçon ravi par Dieu. Les faux cuivres n’en sonnent que plus tragiques. De toute manière, les titres sont explicites: ‘Lonely for the rest of my life’, ‘Father figure’, ‘What’s the worth of living ?’. Déchirant demeure le maître mot, on arrive au bout de cette histoire avec un grand sentiment de vide dans le cœur. Parler de Bollywood funèbre serait exagéré mais il y a quelque chose de cela. À première écoute, le disque propose suffisamment d’éléments décalés pour susciter un intérêt poli mais on a presque envie de sourire face à la photo de ces trois jeunes gens fardés de blanc et maquillés à la truelle. Après quelques écoutes, devenus accro à cette mélopée plombée et si belle, nettement moins. Une maturité tragique sous format pop. Presque glaçant de la part de musiciens d’à peine vingt ans…

note       Publiée le mercredi 25 novembre 2020

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    Hey Romeo Void, bien vu ! Je n'y avais même pas pensé.

    Note donnée au disque :       
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    Rah oui, c'est vrai que leur photo bandcamp est marrante ! La chanteuse fait penser à celle de Romeo Void, et musicalement c'est pas si loin, même si je pencherai plutôt pour un mélange Desire/Chromatics/Blondie... en plus goth quand même, mais du goth un peu pop-wave, un peu mélancolique. Surprenant, ouais, et pas que à cause de l'origine. Ils viennent de poster un nouveau single, pas mal, encore plus new wave.

    allobroge Envoyez un message privé àallobroge

    Ouh la la remarquable, merci pour cette découverte Twily que je m'en vais de ce pas commander derechef !

    nicola Envoyez un message privé ànicola

    De loin, la pochette fait croire que la dame porte une mitre géante.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Elle m'a donné envie de réécouter Joe Jackson;, New City, New Hopes, curieusement. Et sinon oui, l'abord est déstabilisant mais ça ne m'a pas rebuté pour ma part. Plutôt un goût de reviens-y, même si bizarre. (Et pour ma part les passages groovy/synthé-cuivres et les accents locaux/"exotiques" ce n'est pas forcément ça qui me fait bizarre, hein... Plus un côté "new-wave FM friendly" qui me semble ultra premier degrés dans certaines tournures, les arrangements parfois, avec ce chant-là par dessus - ce qui n'est pas en soi pour me déplaire, hein, le premier degrés, mais comme tu dis ça me fait me demander aussi à certains moments si c'est vraiment "maîtrisé"). En tout cas merci pour le coup de projo, le truc m'intrigue et je ne serais sans doute pas tombé là-dessus sans ta chro.