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Paris Obscur › The King

cd • 16 titres

  • 1Ne m'oublie pas
  • 2The road
  • 3The ghost
  • 4Allein
  • 5Make me dream
  • 6Là-bas
  • 7Je suis
  • 8As I am
  • 9I own you
  • 10Happy enough
  • 11C'est trop mignon
  • 12My friend
  • 13A part of me dies tonight
  • 14The king
  • 15Ta vie
  • 16Paris, le 13 novembre 2015

extraits vidéo

informations

Désinvolte Studios, France

www.paris.obscur.com

line up

Paris Obscur (chant, tous les instruments)

chronique

‘Ne m’oublie pas’, l’angoisse existentielle ultime, le défi face au temps…’Je ne suis pas éternel’, que laisserai-je ? Qui se souviendra de moi ? C’est par cette terrifiante interrogation que débute le nouvel opus de Paris Obscur, avec cette sentence terrible: ‘La 3ème mort viendra…Non pas celle du coeur, non pas celle du corps, mais celle du souvenir qui s’en va’. Cette peur se diffuse et trouve des échos sur ‘Là-bas’ avec cette constatation: le plus affreux n’est pas de perdre les êtres chers mais de finir par les oublier. Cette obsession trouble des rapports que Paris Obscur plaçait dans les mots de ses personnages histoire de brouiller les pistes avec ses propres émotions sur l’album précédent, il l’explore à nouveau, de manière plus directe et âpre encore. Certains ont disparu de l’échiquier (le Petit Monstre) mais le Sadique, le Violeur, le Héros Schizophrène sont présents, en compagnie de nouveaux protagonistes tels que Le Père Juif, la Mère Morte. Tous s’interrogent sur les relations ‘amoureuses’, leur nécessité ambiguë, la souffrance qui en découle. Soumission (‘C’est trop mignon’ raconté par le Sadique au travers de la haine qu’il ressent pour tous les autres y compris lui-même), souffrance (‘A part of me dies tonight’ où la Femme Ignorée voit son compagnon la quitter chaque nuit pour la tromper), domination (‘The King’ dans laquelle l’homme profite de l’amour qui lui est porté pour en tirer son pouvoir de la femme), tristesse, amour…Parfois tous ces sentiments à la fois dans une étreinte ambiguë (‘Je suis’, à mon sens le morceau le plus complexe, comme si Paris Obscur servait de miroir à tous ses protagonistes tout en les renvoyant à leur propre identité, auditeur inclus); l’artiste s’essaie même à une ironie mordante (‘Happy enough’ contant la pauvre réalité de l’Epouse Ignorée, elle qui souffre mais cherche à se convaincre; après tout, mérite-t-elle réellement mieux ?). Vous l’aurez compris, le soin apporté aux textes demeure une priorité et pour le coup, il multiplie les langues utilisées: l’anglais bien sûr, le français (beaucoup plus présent que sur l’opus précédent) et même un peu d’allemand. Idem pour la musique qui, si elle reprend certains éléments de ‘Little monsters’, notamment le goût du piano, se révèle plus âpre de par la place plus importante apportée à la batterie, l’adjonction de quelques guitares bien grasses. Outre les influences cabaret, on sent les apports metal (l’emploi de la double pédale, le mix claquant de la batterie, quelques riffs bien sentis), un zeste de blues, la noirceur gothique, un peu de chanson; idem pour la voix qui a élargi sa palette avec outre le timbre grave et profond déjà connu quelques pointes plus haineuses, rocailleuses même (‘A part of me dies tonight’), des essais aux limites du slam (‘C’est trop mignon’, ‘Paris, le 13 novembre 2015’). Décadence, violence, amour, unis dans une spirale complexe où les regards des divers personnages s’opposent, se défient, se complètent, parfois à leur insu, à leur corps défendant, font de ‘The King’ une unité cohérente dans sa diversité, un théâtre des 'je' et des 'moi' comme reflet du 'tu' et du 'vous'. C’est fort même si j’avoue une légère préférence pour le disque précédent. La réalité n’est jamais loin; comme Warhol Paris Obscur imite-t-il la vie ou la vie imite-t-elle Paris Obscur ? Comme un épitaphe, un titre écrit (pas le meilleur à mon sens) sous le coup de l’émotion en hommage aux victimes de personnages des attentats de Paris…Ou quand l’obscurité a un goût de sang réel.

Très bon
      
Publiée le mardi 26 juillet 2016

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