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1995-1996
Dan The Automator (production), Kool Keith (MC, basse)
Musiciens additionnels : Dj Shadow (remix), Kut Masta Kurt (production), Phil Bright (guitare), C-Note (MC), Whoolio E Glacias (chant), Sir Menelik (MC), Joe Des Cee Miss G, Sweet P (chœurs) Phil Bright (basse), Curt Kobane (clarinette), Andy Boy (banjo), Burt King Kong (orgue, piano), Kelly Wootang (tambourin), Q-Bert (turntables, harpe), Gordon Chumway (batterie), DJ Q-Bert (scratches)
Le Docteur va vous recevoir, messieurs-dames. Prenez place dans la salle d'attente, je vous prie. Pas sûr que vous puissiez en sortir. Ce sera comme un cauchemar moite dans un manoir, quand les mouvements sont ralentis et qu'on devient pâte à modeler humaine. Vous connaissez cette sensation onirique. Celle d'être coincé dans un lieu où vous vous sentez confortablement loti comme une blatte pacha dans sa mie rassie, et en même temps profondément mal à l'aise ? Le ficus et le papier peint changent de couleurs, et commencent à se mouvoir. Les magazines sur la table basse deviennent gluants... des ondes radios et des rayons X passent à travers les murs, qui soudain ont des oreilles... Keith qui s'passe ???!!! L'air se charge d'une odeur de grenier, genre vieux papier journal et champignons amers. Le Docteur est comme Egon Spengler : il collectionne spores, moisissures et amanites. Les femmes en ont peur. Elles ont raison. Il les trouve... hum... intéressantes. D'ailleurs le voici, qui élugubre... vous l'avez déjà reconnu sous son masque hygénique entaché de liquides douteux. Il est si cool, si hip-hop, ce bon vieux Docteur. Tout le monde lui rend hommage depuis des années pour l'originalité de ses chirurgies et ses collections animalières dignes du docteur Moreau. Vous pourriez trouver que sa réputation est surfaite... Vous auriez tort. Attendez un peu de passer sur le billard pour avoir les boules, et comprendre. Car le Docteur s'est spécialisé dans les recherches dermato-procto-gynéco-psycho-futuristes. Il mutantifie, ou il tue. Et vétérinaire à ses heures, avec ça. Un rat dans le vagin, c'est son style. Une tumeur conservée dans le formol à qui on donne un nom comme à un bébé, aussi. Frottis écologique et anthropomorphisme oncologique, rien de plus. Le Docteur est un sentimental praticien. Cet amour de l'anatomie féminine, et ces encens qui laissent les muqueuses sèches dans le bloc opératoire, ne l'empêchent pas de mettre ses doigts dans les intimités de tout un chacun, ceci dit. Et, faussement inconscient de sa totale aliénitude, de balancer des "keep it simple" aussi glaçés que glaçants. Sacré Docteur ! Mais le Docteur n'est pas l'architecte, moelleux bipèdes, et sachez que cet hôpital sépia-fluo a été bâti par un certain Nakamura, peut-être inspiré par Otto Wagner. Un lieu à la fois coquet et asphyxiant, entre vieille science-fiction, film noir, porno des années 70 et épouvante... un film hip-hop dont l'équivalent visuel reste encore à inventer. Hitchockien ? Lynchien ? Mmmh, encore autre part... Ailleurs... Ces instrus asphyxiantes, faussement cheaps, et incrustées de petits effets invisibles aux premières écoutes, évoquent-elles une toile d'araignée épaisse dans laquelle l'auditeur serait englué, lentement, méthodiquement... ou bien un hôtel abandonné rempli de machines steampunk secrètes et autres bobines de Tesla ??? Le nippon a aussi construit quelques pièges, genre trous noirs menant à une dimension parallèle ("Real Raw"). Il y a bien sûr "Earth People", avec cette technologie froide et rudimentaire, et ce style de flow qui évoque un Wesley Willis doué de concept. Un des grands moments, mais pas le seul. Juste une scène parmi d'autres aussi déstabilisantes, jusqu'à ce final purement old school, shoutouts de MC avec écho antique. Un des très rares albums de pur hip-hop qui vous plonge dans une ambiance vraiment à part, à la fois raffinée et... malsaine, oui, pas de doute. En tout cas cette pochette, aussi culte soit-elle, ne lui va pas du tout : j'aurais vu quelque chose de beaucoup plus flou, de beaucoup moins graphiquement acceptable comme écrin idéal à cet album rampant et vicieux, au grain intemporel (ça sonne volontiers comme un hip-hop anachronique, qui aurait été enregistré dans les années 30, mis en cryogénisation, et puis retrouvé comme hibernatus dans un futur parallèle)... Indescriptible, même si j'aurais essayé...
note Publiée le mardi 14 avril 2015
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Retour de Ouf quand même ce dernier album !
Album absolument gigantesque ! "I'm destructive" est une bombe !
Je trouve au contraire que la pochette colle très bien à l'album, un genre de raffinement psychotique, si ça veut dire quelque chose.
ouais meme les interludes classico-salle d'attente restent gravés dans le cerveau avec ces cons. j'aime par les tops mais celui-ci figure dans tous les miens.
Like a green red blue reindeer, dead lying down with a fawn, copulating, having sex, mating with a babboon with buffalo wings...