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Dr. Octagon › Dr. Octagonecologyst

cd • 19 titres • 65:47 min

  • 1Intro
  • 23000
  • 3I Got To Tell You
  • 4Earth People
  • 5No Awareness
  • 6Technical Difficulties
  • 7General Hospital
  • 8Blue Flowers
  • 9A Visit To The Gynecologyst
  • 10Bear Witness
  • 11Dr. Octagon
  • 12Girl Let Me Touch You
  • 13I'm Destructive
  • 14Wild And Crazy
  • 15Elective Surgery
  • 16On Production
  • 17Biology 101
  • 18Earth People (Earth Planet Mix)
  • 19Waiting List (DJ Shadow / Automator Mix) + Half Shark Half Alligator Half Man

informations

1995-1996

line up

Dan the Automator (production), Kool Keith (MC, basse)

Musiciens additionnels : DJ Shadow (remix), Kut Masta Kurt (production), Phil Bright (guitare), C-Note (MC), Whoolio E Glacias (chant), Sir Menelik (MC), Joe Des Cee Miss G, Sweet P (chœurs) Phil Bright (basse), Curt Kobane (clarinette), Andy Boy (banjo), Burt King Kong (orgue, piano), Kelly Wootang (tambourin), Q-Bert (turntables, harpe), Gordon Chumway (batterie), DJ Q-Bert (scratches)

chronique

Le Docteur va vous recevoir, messieurs-dames. Prenez place dans la salle d'attente, je vous prie. Pas sûr que vous puissiez en sortir. Ce sera comme un cauchemar moite dans un manoir, quand les mouvements sont ralentis et qu'on devient pâte à modeler humaine. Vous connaissez cette sensation onirique. Celle d'être coincé dans un lieu où vous vous sentez confortablement loti comme une blatte pacha dans sa mie rassie, et en même temps profondément mal à l'aise ? Le ficus et le papier peint changent de couleurs, et commencent à se mouvoir. Les magazines sur la table basse deviennent gluants... des ondes radios et des rayons X passent à travers les murs, qui soudain ont des oreilles... Keith qui s'passe ???!!! L'air se charge d'une odeur de grenier, genre vieux papier journal et champignons amers. Le Docteur est comme Egon Spengler : il collectionne spores, moisissures et amanites. Les femmes en ont peur. Elles ont raison. Il les trouve... hum... intéressantes. D'ailleurs le voici, qui élugubre... vous l'avez déjà reconnu sous son masque hygénique entaché de liquides douteux. Il est si cool, si hip-hop, ce bon vieux Docteur. Tout le monde lui rend hommage depuis des années pour l'originalité de ses chirurgies et ses collections animalières dignes du docteur Moreau. Vous pourriez trouver que sa réputation est surfaite... Vous auriez tort. Attendez un peu de passer sur le billard pour avoir les boules, et comprendre. Car le Docteur s'est spécialisé dans les recherches dermato-procto-gynéco-psycho-futuristes. Il mutantifie, ou il tue. Et vétérinaire à ses heures, avec ça. Un rat dans le vagin, c'est son style. Une tumeur conservée dans le formol à qui on donne un nom comme à un bébé, aussi. Frottis écologique et anthropomorphisme oncologique, rien de plus. Le Docteur est un sentimental praticien. Cet amour de l'anatomie féminine, et ces encens qui laissent les muqueuses sèches dans le bloc opératoire, ne l'empêchent pas de mettre ses doigts dans les intimités de tout un chacun, ceci dit. Et, faussement inconscient de sa totale aliénitude, de balancer des "keep it simple" aussi glaçés que glaçants. Sacré Docteur ! Mais le Docteur n'est pas l'architecte, moelleux bipèdes, et sachez que cet hôpital sépia-fluo a été bâti par un certain Nakamura, peut-être inspiré par Otto Wagner. Un lieu à la fois coquet et asphyxiant, entre vieille science-fiction, film noir, porno des années 70 et épouvante... un film hip-hop dont l'équivalent visuel reste encore à inventer. Hitchockien ? Lynchien ? Mmmh, encore autre part... Ailleurs... Ces instrus asphyxiantes, faussement cheaps, et incrustées de petits effets invisibles aux premières écoutes, évoquent-elles une toile d'araignée épaisse dans laquelle l'auditeur serait englué, lentement, méthodiquement... ou bien un hôtel abandonné rempli de machines steampunk secrètes et autres bobines de Tesla ??? Le nippon a aussi construit quelques pièges, genre trous noirs menant à une dimension parallèle ("Real Raw"). Il y a bien sûr "Earth People", avec cette technologie froide et rudimentaire, et ce style de flow qui évoque un Wesley Willis doué de concept. Un des grands moments, mais pas le seul. Juste une scène parmi d'autres aussi déstabilisantes, jusqu'à ce final purement old school, shoutouts de MC avec écho antique. Un des très rares albums de pur hip-hop qui vous plonge dans une ambiance vraiment à part, à la fois raffinée et... malsaine, oui, pas de doute. En tout cas cette pochette, aussi culte soit-elle, ne lui va pas du tout : j'aurais vu quelque chose de beaucoup plus flou, de beaucoup moins graphiquement acceptable comme écrin idéal à cet album rampant et vicieux, au grain intemporel (ça sonne volontiers comme un hip-hop anachronique, qui aurait été enregistré dans les années 30, mis en cryogénisation, et puis retrouvé comme hibernatus dans un futur parallèle)... Indescriptible, même si j'aurais essayé...

note       Publiée le mardi 14 avril 2015

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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C'est l'histoire d'un MC de l'époque dite "Golden Age", donc déjà vieux et à moitié claqué pour les standards du hip-hop, genre qui supporte très mal le vieillissement, et qui en plus se tape un petit séjour en HP. Il en sort avec des carnets, se colle un masque sur la gueule (figurativement, mais ne portons-nous pas tous des masques ?) et devient Dr. Octagon, un médecin alien pervers et criminel. C'est comme être born-again, mais baigné dans la Twilight Zone. C'est aussi le premier grand truc de Dan the Automator, avec sa prod très old-school (sans parler des scratchs de Q-Bert) à l'atmosphère de film de science-fiction série X, vintage âge atomique. L'impression d'assister à un porno sale dans le monde de Fallout. Keith est tout à la fois drôle et malaisant, habile et creepy AF. D'ailleurs le thème de cet album me met mal à l'aise, comme tout ce qui se rapporte aux hôpitaux. Un petit peu long peut-être (comme tous les Kool Keith, même les meilleurs), mais les sommets sont galactiques (Blue Flowers et le morceau éponyme).

Message édité le 12-04-2022 à 12:01 par (N°6)

luapluap Envoyez un message privé àluapluap

Le flow aussi fluide que du Houellebcq.

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SEN Envoyez un message privé àSEN

Retour de Ouf quand même ce dernier album !

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taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

Album absolument gigantesque ! "I'm destructive" est une bombe !

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nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

Je trouve au contraire que la pochette colle très bien à l'album, un genre de raffinement psychotique, si ça veut dire quelque chose.

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