Sur Guts of Darkness, on a cesse de vous répéter que Satan ne reviendra pas dans le coin. Permettez que je déroge le temps d'une chronique à ce consensus interne inavouable, et qu'on parle un peu de Satan, le groupe au meilleur nom du monde. Satan qui, à défaut d'être un chaudron bouillonnant de maléfices, l'est au moins de tubes heavy. Satan qui en outre, non content d'être le creuset de séjours plus ou moins brefs de suppôts sortis de cercles divers et variés (Blitzkrieg, Skyclad, Raven, Avenger...), a eu la suprême incongruité d'avoir un chanteur homonyme de Michael Jackson au cours de son existence (pour ce qui concerne GOD, la boucle est donc bouclée), et jouit d'une réputation tardive plutôt conséquente. Et ce disque de Satan, en tout cas, est assez chouette. C'est dû en grosse partie au timbre tout pluvieux et professoral de Brian Ross - qui jongle entre le criard chauve-souris et le classieux modérateur avec le brio d'un concessionnaire de Harleys en pleine proposition de mariage - mais aussi - surtout - aux lignes de guitares verbeuses et thrashy, anges ou démones pour sombrer dans le lyrisme virtuose ou le tapage burné avec la même velléité cavalière. Emballé dans une prod coffrée qui sent bon le diesel et le bois sec, ce qu'on peut reprocher à Court in the Act, c'est de taper un peu prématurément sur le système au bout d'une paire d'écoutes. Mais pour le reste, il est sympa comme une visite annuelle dans un ossuaire municipal.