L'image est dure, à la limite du supportable...Dans moins d'une minute, le soldat finlandais agenouillé dans la neige aura été exécuté. Son crime ? Avoir fui le front et l'absurdité d'une guerre, la Seconde en l'occurence. 'In the end who's the enemy ?' ou quand la patrie devient l'assassin...Une pochette qui annonce un disque tranchant, sans concession car 'Public Execution' est une véritable machine de guerre portée par une rythmique guerrière particulièrement mise en valeur de par l'enregistrement soigné des toms dont on a capturé la vibration pour renforcer l'aspect tribal des roulements. Vous aimez la noirceur torturée et combattive de UK Decay et Killing Joke ? Vous allez être servis plus que jamais. Plus violent que son prédécesseur, ce second opus de Silent Scream confirme tout le potentiel de ce groupe qui franchit ici son propre Rubicon pour porter une réflexion existentielle douloureuse pleine de colère mais également de fougue. Le ton est donné dès le premier titre: roulements guerriers, basse violente, une voix qui commande 'Lift your head up and look at me', des guitares grinçantes et étouffantes et, subtilement intercalé, un discret coulis de synthé glacé qui ajoute une touche de froideur irréversible conférant à l'ensemble une atmosphère désespérée et glaciale. Un vrai coup de poing dans l'estomac. Pas le temps de reprendre son souffle, 'Rotten days' déboule dans les oreilles comme une véritable cavalcade, les guitares se font plus tranchantes encore, les percussions roulent comme autant de sabots qui piétinent...'Last living witness' enchaîne avec des toms vibrants et limite effrayants, cette basse noire, les guitares acérées, le chant colérique et accusateur...Pas le moindre son clair, le moindre filet de lumière. Il faut attendre 'Nine black sunrises' pour que la pression retombe quelque peu; le climat général reste opaque, menaçant, et même le saxo lointain ne parvient pas à dissiper la peur latente qui monte progressivement au cours de la chanson. Une merveille de tension presque cinématographique. Si 'Haunted' moins saturé, plus mélancolique, laisserait à croire que nous avons franchi le cap le plus dur, les roulements au galop, la basse diabolique, les guitares sur le fil du rasoir, nous ramènent bien vite à la réalité la plus crue. On navigue carrément dans les mêmes eaux que Amebix dans cette violence organique, terriblement sombre et emplie de rage, sentiment que confirme de manière plus sèche 'The new European son', trompeur avec ses quelques harmonies claires en avant-plan, lesquelles sont vite étouffées pour laisser place aux discours revendicateurs, les accords tranchés en boucles, les fugaces lancées de synthé grinçantes. De toute manière, il faudra vous y faire, la tension ne fléchira plus jusqu'à la fin de l'album, un album dur, fougueux, dense dans ses textures, ses sonorités, son agressivité. Toute la rage primale du punk couplée avec l'existentialisme torturé des premières formes de gothic rock. On frise le chef-d'oeuvre. 5,5/6