Show of Bedlam › Transfiguration

Show of Bedlam, sur ce "Transfiguration", c'est comme si vous vous leviez de votre chaise et que ça crevait le plafond. C'est comme si je chantais à en grandir trop haut, on transperce le toit aussi, mais tout ça, c'est sur le début, le tout début de l'album qui fait de gros bisous aux dissonances à la Portal et aux slows langoureux de Neurosis quand ils brûlaient des effigies en paille en hurlant, comme s'il fallait encore sacrifier quelqu'un pour que les moissons soient bonnes. C'est quand même pas productif, à la fin ! Arrêtez de tuer des gens pour faire pousser du blé ! Ça n'a aucun lien ! C'est un peu comme si je me retenais de péter pour éviter un tsunami. Quel est le rapport ! Et quel rapport avec Show of Bedlam ! Pourquoi le petit bonhomme au gros ventre a-t-il un cône sur la tête ! Pourquoi ce silence ! Pourquoi cet album me plaît-il, et pourquoi est-ce quasiment le seul de leur discographie que j'aime ! Hein ! Pourquoi cette voix qui déclame est-elle si bien, pourquoi ces plans de guitare déjà vus sont-ils si bons, pourquoi suis-je touché par l'indolence, la déprime du propos, sans être ennuyé, je ne comprends pas. Conseillé par R. Resmini de Starkweather, je partais déjà sur un bon feeling, comme on dit, mais je crois que maintenant je ne peux pas vraiment faire autrement que de simplement dire qu'il n'y a plus qu'une seule raison pour aimer ou haïr, toutes les raisons sont valables, et il n'y a plus aucune limite entre ce qui est vrai et faux, car c'est la mode, il paraît. Enfin, moi, je vis dans une grotte, mais de temps en temps, j'ai l'impression de ressembler à ce gros bonhomme à poil avec son cône sur la tête, un peu comme si c'était la seule manière d'écouter cet album de Show of Bedlam, en faisant l'autruche, en se décapitant. Ça laisse le jus sortir, et le jus, lui, il comprend, il n'a pas besoin de mots pour saisir, il lui suffit d'adhérer, un peu comme la musique de Show of Bedlam sur cet album. Un peu comme à chaque fois qu'un album me botte trop, j'écris ce genre de chronique incongrue de toute façon, "oui les flux de conscience blablabla, la redite Rastignac, quel vieux peigne-cul, quel cuistre", désolé, mais c'est faux, je n'ai que dix doigts, et j'écoute Show of Bedlam, et cet album plein de répétitions, plein d'incantations, assez gras pour vous accompagner l'après-midi, assez sérieux pour vous faire cogiter le soir, pourra aussi bien vous remplir la bouche de craie qui fait grincer, craquer, ça se moud entre les mâchoires, c'est bien. Enfin, vous voyez, à chaque fois que j'aime quelque chose, j'essaie de le suggérer de manière moins prévisible qu'un algorithme, c'est juste un conseil, allez, prenez gutsofdarkness comme ça : une assemblée de fadas qui vous conseillent comme des humains de bistrot - faut jamais croire ce que vous conseille un pilier de comptoir - faut toujours croire ce que vous conseille un pilier de comptoir - et au milieu de tous ces mots vous trouverez du son qui ressemble un peu à ce que raconte Show of Bedlam. Enfin, je crois.