The House Of Usher › When our idols fall

Jörg Kleudgen est un passionné de vampires, de romans gothiques (au sens littéraire du terme) et de fantastique; lui-même a déjà rédigé plusieurs nouvelles dans le genre. Baptiser ainsi son groupe n'avait donc rien d'un énième cliché, c'est un véritable hommage des plus sincères qu'il faut y voir. De la sincérité, The House of Usher n'en manque d'ailleurs pas. Voilà mine de rien une formation qui aligne presque vingt ans de carrière au compteur après avoir toujours mené sa barque de manière indépendante sans jamais vendre son âme, ce qui en Allemagne n'était pas garanti vu la disparition progressive de la plupart des labels spécialisés gothic rock avalés par SPV, Trisol et consorts...Jörg l'explique sur le livret 'L'expérience nous a appris que les choses n'arrivent que si on les prend en main et j'imagine que cette conscience nous a préservés des fausses promesses et des attentes déraisonnables.' Quel meilleur moyen d'approcher cette carrière que d'examiner cette compilation rétrospective ? Elle débute par un inédit, une bonne reprise de 'Set the controls for the heart of the sun' des Pink Floyd (preuve que Jörg et ses potes sont gens de goût), conservant l'aspect fantomatique de l'original mêlé de percussions arabisantes, puis le voyage vers le passé débute. Spontanément, je rapprocherais The House of Usher des Australiens de Ikon; comme eux, ils ont réussi à se forger une forme de gothic rock personnelle ayant su prendre de la distance par rapport aux influences. Les Allemands ont toujours soigné leurs ambiances et pour se faire, travaillé la production. Les sons de guitare sont riches, la basse bien utilisée et l'apport de l'électronique souvent judicieux. Le combo a subi nombre de changements de personnel et, selon les périodes, troqué la batterie contre une boîte à rythmes, ce qui s'entend au jeu de frappe sèche. L'un des éléments forts de l'identité de The House of Usher reste la voix de Jörg, profonde, un peu triste, identifiable entre mille; à elle seule, elle confère un feeling particulier aux compositions. La sélection est plutôt pertinente (mmm...'Train from Moscow/Black Sunday', la reprise de 'The Lebanon' de Human League, 'Radio Cornwall'...) même si manquent plusieurs perles ('Wrecked in faith' notamment); et si l'on peut parfois déplorer une longueur un brin excessive de certaines chansons (la plupart durent au moins cinq minutes), elle rappelle également que les Allemands écrivent des pièces qui s'écoutent, se découvrent et ne se consomment pas comme de simples hamburgers. Une belle entrée en matière pour se familiariser avec leurs univers et pour ceux qui connaissent déjà, il reste la reprise de Pink Floyd ainsi que des versions parfois différentes de celles des albums. Jörg: 'Depuis le début, tout a été basé sur un idéal (...) si vous écoutez attentivement cette compilation, vous comprendrez ce que je veux dire. Vous comprendrez The House of Usher, en m'inspirant librement de Antoine de St-Exupéry, uniquement avec votre coeur'.