Nina Hagen › Om Namah Shivay

Catharina Hagen est une grande allumée devant l’Eternel, ça n’a rien d’un secret. Du punk à la techno, elle aura exploré toutes les scènes musicales possibles, tenté toutes les expériences nouvelles, sans compter ses idées et croyances (les OVNIs, la spiritualité…), elle qui a baptisé sa fille Cosma (pour cosmos) Shiva (pour le dieu Shiva), encore que comparé à Scout LaRue et Tallulah Belle Willis (ils avaient fumé quoi Demi et Bruce ?), ça sonne comme du pipi du chat. Tout ça pour vous amener à l’un de ses disques les plus singuliers (et pas le plus évident à dénicher), à l’origine vendu uniquement via son site, ‘Om Namah Shivay’. Comme l’indique son titre, il est composé uniquement de chants indiens et avait pour but de récolter des fonds destinés à divers projets sociaux dans le pays. Délire d’une cinglée ? En tout cas, franchement, elle s’en sort très bien, c’est un très bel album, ambient, avec quelques petites touches world, empli de spiritualité. Hormis le Radha Krsna Temple (produit par George Harrison), c’est le disque du style que j’apprécie le plus. Je ne suis pas très branché world music mais les chants incantatoires adressés à Krishna notamment dégagent quelque chose de fascinant dans leur répétition hypnotique une fois débarrassés du concept des allumés en robe qui les psalmodient ad Nauseam devant les supermarchés. Voilà un sentiment que Nina retranscrit à merveille avec une étonnante sobriété vocale. Rien à voir avec ses délires habituels, ses envolées folles, ses grimaces sonores, le ton ici est recueilli, profond, limite grave mais avec une certaine douceur également. Les arrangements, dépouillés dégagent une vraie sérénité, légèrement mélancolique, avec orgue, percussions, choeurs (dommage qu’on n’ait pas plus d’infos sur les musiciens impliqués). Bref, un OVNi dans la carrière pas banale d’une artiste pas banale mais mené de main de maître quoi qu’on puisse en penser.