Jim Kirkwood › Nightshade in Eden

Initialement produit en 1991, Nightshade in Eden est repris et remasterisé pour les besoins du nouveau site de téléchargement de MÉ, MusicZeit. Une belle initiative qui nous permet de découvrir les attributs du démoniaque Sieur qui sévit dans l’ombre de son introuvable studio.
Légère et teintée d’un mellotron aux cordes lancinantes, l’intro de Children don’t play here est d’un hypnotisme placide. Le ton est lent, envoûtant même, et nous plonge dans une profonde relaxation. Les flûtes se baladent au gré d’un séquenceur qui tranquillement débrouille la cadence. Toujours lent, mais plus fluide, le tempo pilonne un mouvement intense bordé d’une aura ténébreuse qui s’enrichit avec de lourdes vapes synthétiques aux pénétrantes cordes de violons synthétiques. L’effet est superbe et prend plus d’ampleur lorsque des orgues plongeantes façonnent un côté pervers à cette marche occulte.
La pièce titre est une longue kermesse noire aux rythmes entrecoupés de pulsations séquentielles vicieuses. Toujours près des sonorités de Tangerine Dream, Jim Kirkwood élabore un long mouvement qui croise des cadences tant modérées qu’endiablées sur un mouvement à élaboration lente. Les séquences et mouvements opposés confèrent des rythmes contradictoires sur des brides pulsatrices rappelant la très grande témérité de Chris Franke. Le meilleur moment arrive vers la 30ième minute, où les atmosphères se tempèrent sur une procession qui s’accentue avec un très beau jeu de séquenceur, accompagné de flûtes mellotronnées. C’est lourd et très atmosphérique, sans plonger dans l’atonique.
Nightshade in Eden ne casse rien. Un bon cd de MÉ sombre qui démontre toutefois l’évolution de Kirkwood. Un opus dans la pure tradition des séquences sombres et pulsatrices des albums tel Phaedra, Rubycon et Stratosfear de Tangerine Dream, avec un côté nettement plus progressif.