Colossamite › All lingo's clamor

Nick Sakes faut pas l’énerver. Tout juste sorti de Dazzling Killmen (l’un des plus fier représentant du noise rock avec Jesus Lizard), notre ami se met à chercher des amis et fonde Colossamite sur les cendres pas tout à fait fumantes de Gorge Trio, combo free-rock déjanté qui engloutit de la dissonance à la Bailey au petit dej’. Et en écoutant ce « All lingo’s clamor » juste après « Economy of motion », la chute est rude. J’avais adoré ce dernier tant il sonnait comme le Beefheart des 90’s, dissonant à outrance, totalement libre comme max, furieux, déjanté, fou, strident, barré et parfois à la limite du débilisme à la Boredoms. Le genre d’opus à vous retourner l’hémisphère gauche à coup de truelle. Sur leur premier EP, là, c’est nettement plus sage. Enfin, sage, non, juste que ce n’est pas aussi free-rock et trébuchant. Pourtant, « All lingo’s clamor » risque d’en faire, des morts. Parce que de l’arpège aussi vif et crade qu’ici, je connais pas. Très peu de riffs, une rythmique facilement attrapable – mais sèche comme un coup de fouet, un son étouffé et crade (on a parfois l’impression d’enfoncer la tête d’un bébé dans un sac de sable), un tempo qui court, véloce mais boiteux, un chevreuil avec une balle de plomb dans la cuisse. Dire que ça fait remuer la tête serait indécent, mais c’est la stricte vérité. Du moins, de la même manière que vous remuez la tête sur du old Neurosis : c’est pêchu, ça envoie, mais ça donne pas envie de sauter dans tout les sens non plus. Parce que l’ambiance est plombée dru, bien malsaine avec un peu de crasse sous les ongles. La bande son idéale pour trainer dans les ruelles de Harlem à chercher des acides sous la pluie à 3h du matin.