Rudimentary Peni › Great war

Comme le chienlit ou les sauterelles, Rudimentary Peni déboulent aléatoirement sans crier gare au milieu de nulle part alors qu’on croyait leur cas réglé. Douze ans après un dernier single, sans qu’on en sache trop pourquoi, le trio débarque donc avec un nouvel album dans l’escarcelle (à nouveau basé sur les écrits de Wilfred Owen, lecture qui a visiblement impressionné Nick Blinko) et quel album ! C’est du Rudimentary Peni pur jus dans sa formule magique: une succession de titres courts, glauques, rapides, forts mélodiquement. Basse menaçante, guitare sale et grésillante omniprésente, un chant grave qui n’a jamais été aussi bon, bourrelé de rage et de tristesse. Généralement les chansons oeuvrent dans un registre punk/deathrock direct (‘Path of glory’, ‘Crimson sun’, Asleep’) à l’ancienne mais quelques pièces se dégagent par une qualité encore plus élevée, ainsi l’incroyable première pièce qui ouvre avec rythmique et voix pendant quelques secondes avant que la lave électrique de la gratte ne se répande d’un coup. ‘Strange meeting’ conserve la technique de la prédominance du grille-pain (versant punk pas black metal) mais le rythme est plus lent conférant au morceau une impression de rouleau compresseur en marche avec la touche nihiliste du chant, quant au ‘The old lie’ final, ses roulements comme un tambour funèbre au milieu d’un flux et reflux d’électricité crasseuse le font sonner comme un requiem aussi bien qu’une admonestation. Et voilà, c’est fini, pas de chichis, on balance la purée, on se fixe un effet bien dégueulasse, les manettes du mixage attribuent à chacun sa place, la rythmique en arrière, la guitare au premier plan et la voix au milieu et on y va avec les trois accords basiques. Rudimentary Peni n’ont pas besoin de plus et nous non plus.