C’est peut-être parce qu’ils étaient là en première partie de Dead Souls Rising et Judith ? Je n’avais pas été autrement marqué par leur prestation; suffisamment pour retenir leur nom et acheter l’album des années après. Riche idée en vérité ! Mémoires, oh oui, mémoires, et pas seulement d’automne, d’un autre temps où tout semblait plus profond, plus sincère. Qu’est-ce qui pousse une certaine jeunesse à une réflexion existentielle plus qu’une autre ? Je m’égare dans les méandres de la nostalgie mais comme elles me manquent, les formations de la trempe de Mémoires d’Automne ! Un projet assez typique d’une époque comprise entre entre la fin des 80’s et la première moitié des 90’s où beaucoup de jeunes gens biberonnés de Cure, And also the Trees, férus de romantisme, laissaient leur vague à l’âme les guider dans la création. Mémoires d’Automne représente l’aspect noir de ce que l’on nommait alors la cold wave. Rien de froid, une obscurité opaque, organique, bercée par les chuchotements ancestraux de la nature. On ressent beaucoup l’influence des Cure période ‘Faith’/‘Pornography’, notamment dans le jeu de basse (‘The Triumph of time’), certaines parties de batterie mais aussi de And Also the Trees dans une forme moins tendue et passionnée mais tout aussi profonde et obscure. De fait, s’il est facile d’identifier les inspirations du trio, il faut admettre que les musiciens font preuve d’une remarquable maîtrise de leurs atmosphères. Ils ont certainement pas mal travaillé et l’efficacité des climats prouve à quel point ils ont investi de leur propre sensibilité. Le travail des sonorités est très soigné et pertinent, le combo alterne savamment entre chansons rapides et morceaux plus retenus. Un titre tel que ‘Trauma’ vogue clairement dans les mêmes eaux noires que Corpus Delicti (le chant y est parfait, jamais dans l’exubérance mais riche émotionnellement malgré tout), ‘Etrange automne’ sonne comme une incantation entre occultisme et poésie, variant ainsi dans la continuité l’ambiance générale du disque qui tient en haleine de A à Z. Moins charismatique peut-être sur scène, le groupe fait montre d’une vraie maîtrise en studio, tant dans le maniement subtil des instruments que dans la clarté des intentions, sans oublier le talent pour ficeler des mélodies fortes et intenses. Un grand disque, sans doute trop oublié à l’ombre d’autres, qu’on ne remerciera jamais assez le label Meidosem Records d’avoir réédité de manière à lui rendre pleinement justice.