Le comble de cette époque, c'est de se retrouver devant une infinité de musique disponible, d'être englouti sous les choix possibles, et je me retrouve comme un Tantale dans la bibliothèque de Babel... et comme d'habitude j'en arrive à tirer les cartes du Tarot pour savoir ce que je vais écouter ou comment découvrir des artistes qui pourraient me plaire après m'être purgé les oreilles de cinquante-cinq clones d'Anthrax ou de Discharge auparavant... cette fois-ci j'ai fait travailler un algorithme, intitulé gnod, et qui me dit que si "j'aime Tool, Dorothée et Extreme Noise Terror" alors "j'aimerai : ..." ; jusqu'ici ça a bien marché, et on peut même signifier à "l'intelligence" artificielle si on a aimé ou non et ça affine les propositions suivantes tout en formant des cartes de groupes selon leurs ressemblances... enfin, ça me titille, ça me gratte et je tombe donc par hasard sur Hyggelig, duo ou trio ou quatuor (?) finlandais qui n'a sorti que deux choses, ceci et un autre EP encore plus noisé et criard, un poil moins percutant et plus amateur que cette bombinette chat, sortie en cassette et en édition plus que limitée (je suis preneur si vous l'avez sous le coude et que vous détestez...) ; sinon, ils l'offrent gratos sur bandcamp, ou pour 1 million d'euros, c'est vous qui choisissez. Et la musique ? Du grindcore à l'ancienne avec une énorme basse, ponctués d'extraits de films ou d'interviews qui s'avèrent à vue de nez non compatibles avec la presse française actuelle, si vous voyez ce que je veux dire... donc quelques minutes de violence, très mélodiques aussi quand ils veulent, un chat égorgé, de la distorsion qui peut être sludgeo-compatible dans la plus pure tradition de l'énervement anarchiste patché sur les trous de jeans pourris ponctués de logos Antisect et S.O.B., une montée en puissance de la qualité de leurs composition en six mois qui pourrait présumer une apothéose prochaine ; enfin, que de la réjouissance pour l'amateur d'écorchés vifs, de riffs apocalyptiques, de dépression et de rage anti-totalitaire s'exprimant par borborygmes et hurlements, je n'ai rien à ajouter, un album parfait, pas de suite connue après moult concerts dans squats et bars, les membres du groupe semblant zoner ensuite dans des dimensions covidiennes qui maintenant échappent à tout le monde, enfin, j'espère qu'ils vont bien et qu'on pourra écouter la suite en 2038, quand la deuxième épidémie de peste ébolico-pulmonaire sera passée.