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High Rise › Psychedelic Speed Freaks

  • 1984 • P.S.F. PSF-1 • 300 copies • 1 LP 33 tours
  • 1992 • Public Pop Can PPCP2 • 1 CD
  • 2014 • U-Rythmix URMX-026 • 500 copies • 2 CD

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Dioneo      mercredi 24 février 2021 - 16:49
GrahamBondSwing      mercredi 24 mars 2021 - 09:01
Walter Benjamin      mercredi 24 février 2021 - 19:04

lp/cd • 4 titres • 26:08 min

  • 1Induced Depression3:56
  • 2P.S.F.5:37
  • 3Stone Addict4:56
  • 4Take a Trip11:33

informations

L'édition CD Urythmix de 2014 est accompagnée d'un DVD titré Live 1987.

line up

Asahito Nanjo (basse, chant), Munehiro Narita (motorcycle fuzztone), Ikuro Takahashi (batterie), Takeshi Shizimu (batterie sur Take a Trip)

chronique

Un album « fondateur » – Indéniablement.

Le début, la toute première référence du label P.S.F. – et lancer ça sur de telles prémisses tenait franchement du pari casse-gueule plus que de l'assurance d'une éternelle prospérité... Le premier du groupe, aussi et avant tout – Nanjo et Narita partis pour vingt ans et plus à traîner leurs dégaines de Velvet/Ramones de l'extrême et leur boucan bien pire sur les scènes de Tokyo, du Japon, d'ailleurs (du monde et ses recoins bizarres et accueillants), en compagnie de batteurs intérims plus ou moins amovibles... Que le nom du label vienne du titre disque ou que les gars l'aient repiqué au moment de nommer leurs morceaux on s'en fout un peu... Il court en tout cas, depuis, l'idée qu'Hideo Ikeezumi – le « patron de la maison » – aurait suggéré aux membres du groupe d'en changer, de prendre celui-là, High Rise (d'après le titre d'un roman de J.G. Ballard), à la place de celui-ci (Psychedelic Speed Freaks, donc), qu'il jugeait « trop frontal ». Que l'anecdote soit vraie ou pas, que l'émulation se soit faite dans un sens ou dans l'autre... La concordance, c'est sûr n'est en tout cas pas fortuite. Et "frontale" – autant qu'annonciatrice de ce que sera tout du long la démarche du groupe comme celle du label – cette musique, ce concert enregistré à la brute, le sont pour le moins !

D'autres très (très... très) bruyants cinglés – les New-Yorkais de Borbetomagus – déclareront ailleurs ne vouloir retenir, de telle ou telle prestation de l'une ou l'autre "légende" du free-jazz, que les « cinq meilleurs minutes » – qui, à les entendre jouer, seraient par défaut les plus intenses, violentes – d'en étirer la substance sur toute la longueur, chaque fois, d'un concert, d'un disque, de la faire proliférer toujours plus dru, de la multiplier. Eh bien High Rise, c'est à peu près la même... Sauf qu'en lieu et place d'un trio sax/sax/guitare, on trouve le trio rock « classique » (tu parles...) guitare/basse/batterie (et la voix du bassiste... on en reparle plus tard) ; et que plutôt que sur Ayler ou Shepp ou Coltrane, les Japonais semblent boucler sur les Stooges les plus cramés, ceux des « pires » moments de Fun House, les plus free, embardés, reprendre l'angle d'attaque du Velvet (décidément) le plus méchant, offensif, explosé. (European Son, I Heard Her Call My Name ou Sister Ray comme point de départ, comme a-minima). Donc : frappe de batterie obsessionnelle ; moignons de riffs balancés seulement pour les déchiqueter, les démolir, les pulvériser en halos de lumière aveuglante, instable ; amplis calés au volume max, là où ça devient dangereux pour les membranes des haut-parleurs, l'installation électrique du local ou de la salle ou du studio, pour l'audition des spectateurs comme celle des musiciens ; tout qui sature, le feedback qui fait des arabesques de stridences et des grondements à faire cloquer le lino du sol, décoller la peinture des murs ; voix « blanche » lointaine qui lâche par bribes intermittentes quelques phrases noyées dans la reverb et le bordel général... « C'est tout – et voyons jusqu'où ça nous mène ». De la jam furax, donc, pour toujours et à jamais la Communion du Grand Chaos Cosmique. « Mais sinon, c'est audible, ton truc, là ? ». Eh bien... A ce stade du truc, sur ce disque-ci, il faut bien l'avouer : C'EST RUDE, pas qu'un peu !

La batterie est dans les choux – submergée par le magma du reste. Le chant idem – guitare et basse trop amplifiées pour que la voix puisse percer. Le son est sans doute pris directement en sortie de console, ou alors c'est un magnétophone posé juste devant eux qui enregistre la prestation. (On n'entend pas de spectateurs en tout cas – mais vu le volume ça ne surprend pas tant que ça... et puis peut-être qu'ils s'étaient tous déjà enfuis). La bande (bobine ou cassette) n'est pas de taille à encaisser – ça craque, ça crash/crache de partout, sur tout le spectre, ça bave, on ne distingue pas ce qui sort vraiment des instruments/des amplis et ce qui tient du bruit-parasite généré par le support maltraité, débordé. Et puis c'est emballé tel-quel, il semble, gravé, pressé, mis en circulation – zéro mixage, post-production, le rendu no-fi absolu conservé comme ça, sans tenter de rien « corriger ». Sachant ça, c'est à vous de voir – de consulter ou non votre conscience, votre curiosité (votre ORL), de savoir depuis là si ça vous dit, de vous bouffer le truc si cru, mal fagoté, version/résolution pétée, définition cradingue, aplatie par l'étroitesse de la bande passante. On a le droit – on a plus de chance d'accrocher ainsi, je pense, d'y prendre goût, soyons honnête – de commencer ailleurs, avec eux, d'entrer par exemple directement à l'étape suivante (leur deuxième disque officiel – nommé simplement II – ou d'autres d'ensuite, enregistrés en studio ou en concert). On y entend souvent bien plus ce qui s'y passe et la ferveur, l'intensité du jeu n'en est pas pour autant moins sensible, l'énergie dégagée, engagée, moins insensée – l'incandescence, au contraire, n'en est la plupart du temps que plus saisissante, à distinguer tous les reliefs, les pointes et dépressions qu'ils infligent au bruit (et vice-versa bien entendu – ça ne se laisse pas faire sans réagir, ces émanations-là).

Reste que voilà : c'est là que le nom est dit, la créature lâchée – et que commençant ainsi, il ne lui serait guère possible, ensuite, de s'en tenir à une quelconque « moindre mesure », plus raisonnable, contenue, moins flambante et destructrice, moins réjouissante et contondante.

note       Publiée le mercredi 24 février 2021

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    GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

    J'avais tenu que quelques minutes la première fois, cette fois-ci j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai profité de la douche du matin pour écouter l'intégralité... J'ai eu l'impression de sortir de la salle d'eau plus sale qu'en y entrant !

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    @Graham : ouep, celui-là j'avoue n'avoir jamais eu l'intention de l'acheter sous une quelconque forme... (L'Oiseau Bleu est encore ton ami sur ce coup-là). D'ailleurs - bien que, comme dit dans la chro, il fasse à mon avis un point d'entrée initial tout à fait "logique" pour le label et le groupe, il semble que P.S.F. ne se soit jamais piqué de le rééditer, n'empêche, et je doute que ce soit un "oubli". (On parle de la qualité technique de l'enregistrement hein, là, seulement - ce qu'on entend/devine de la musique derrière n'est pas en cause).

    @Duke : eh eh, ça me semble couler de source, en fait, High Rise sur guts ! Ça fait même longtemps qu'on aurait dû, je me disais... (Et y'en aura d'autres de plus audibles, bientôt, du coup, parce que bon, ce serait con de se cantonner à celui-là - aussi "fondateur" soit-il, encore une fois - vue la suite).

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    GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

    Je pense que les 300 premières copies de 84 doivent être encore en très très bon état pour la plupart ! Si, de nos jours, il faut sortir quelques billets pour acquérir l'édition originale, j'imagine volontiers les premiers acheteurs demander un remboursement.

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    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    High Rise sur Guts ! C'est bon, ça.