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SAMARKANDE › Ordo ab Chao

cd • 9 titres • 60:01 min

  • 1Ordo ab Chao 5:49
  • 2Hotel Bilderberg 4:24
  • 3TM-SW7905.1 10:35
  • 4Digital Angel 14:18
  • 5Bohemian Avenue 9:54
  • 6La Sombre Noblesse 4:54
  • 7Faction 3:28
  • 8Hotel Bilderberg (Reprise) 0:41
  • 9Resistance 5:59

informations

On peut avoir des informations supplémentaires sur cet album, de même qu'entendre des extraits, en visitant le lien suivant: http://www.samarkande.ca/

line up

Éric Fillion (Claviers, synthés, mellotron, orgue, séquenceurs et FX)

Musiciens additionnels : Sylvain Lamirande (Claviers, synthés et saxophone)

chronique

Ah j'aime, j'aime, j'aime! J'aime cette opportunité de découvrir de nouveaux artistes, des nouvelles musiques pour des fins de chroniques ou pour notre émission de radio. Surtout lorsque j'ai l'occasion de vous parler d'un artiste de chez moi. SAMARKANDE c'est le projet d'Éric Fillion. Pianiste et claviériste classique de Montréal, il débute sa découverte des synthétiseurs vers les 15 ans en jouant dans divers groupes de rock progressif, dont on retrouve certaines essences ici, notamment Filber Basco, de 88 à 1992, et Talisma avec lequel il donne ses premiers concerts. C'est en 1999 qu'il créé avec Sylvain Lamirande SAMARKANDE, un duo qui donne dans une MÉ expérimentale et avant-gardiste et qui compte 4 albums à son actif. Des albums qui ont connu un bon succès d'estime auprès de la presse de même qu'un certain succès national avec l'album Douglas' Basement en 2006. Le duo se scinde au début des années 2010. Et c'est un Éric Fillion en solo, toujours accompagné par son bon ami Sylvain Lamirande aux synthés, aux claviers et au saxophone qui délicieusement dissonant dans "TM-SW7905.1", qui mijote et concocte ce fascinant album qui se veut un véritable voyage au travers les époques la MÉ en faisant un superbe survol des genres; du Berlin School à la musique ambiante sans oublier la England School, et les racines progressives d'Éric Fillion, de même que l'ambiant noir à déterré les yeux et la folie intrusive de la musique concrète. Aiguisé vos sens car “Ordo ab Chao” arbore fièrement la nature de cet Ordre par le Chaos!
Un mouvement de séquences noires et pleines de résonance fait alterner deux ions qui sautillent comme des Gobelins sur le point de foutre le bordel. L'effet de réverbération tisse un mouvement vif, surtout avec les ombrages qui se détachent pour danser avec ces deux ions. Des riffs de clavier tonnent, libérant un synthé qui tricote des solos fantomatiques dont les harmonies roulent en boucles dans un dense brouillard métallisée créé par un Mellotron très pénétrant. Toujours rattaché à cette structure de rythme forgé par les vives oscillations des séquences, et de leurs ombres, le Mellotron est aussi incisif que le synthé et grave des harmonies diaboliques où une chorale des ténèbres ajoutent au poids du désordre de "Ordo ab Chao". Le ton est donné, nous avons ici une fascinante mosaïque de rythmes et d'ambiances qui est nouée dans les intrigues des abysses. Chaque titre de “Ordo ab Chao” est rabouté, créant ainsi une symphonie méphistophélique. "Hotel Bilderberg" nous plonge dans un univers baroque avec un sublime clavecin dont les notes agiles volent sur un rythme sculpté dans une approche progressive. Bien que l'approche me fait penser énormément à Synergy, le synthé et l'orgue respire les charmes de la musique progressive Italienne des années 70. Les ambiances sont toujours teintées de noir. Et l'introduction de "TM-SW7905.1" nous rappelle les prémices de ce dernier album de SAMARKANDE avec un nuage de voix absconses et des radiations électroniques qui triturent un battement qui se fait de plus en plus faible. Nous pénétrons ici l'univers ambiosphérique sombre et intrigant de “Ordo ab Chao”. Les lignes de synthé sont remplies de parfum d'éther et nouent un long mouvement linéaire bourré de réverbérations. Un mouvement ambiant qui respire comme une machine industrielle alimentée par une banque d'âmes déchues. Nous sommes dans la musique abstraite. Dans la musique concrète qui explose dans une finale tonitruante à faire pâlir les folies de Art Zoyd. "Digital Angel" s'abreuve de cette finale avec un nuage d'ondes soniques radioactives qui sort des entrailles de la Terre. La machine respire toujours et libère des poussières de prisme noir tandis que le Mellotron respire la vie. Deux contrastes qui s'affrontent dans un mouvement ambiant dont les ambiguïtés rappelleront à certains ces ambiances noires que Tangerine Dream exploitaient dans Zeit, de même que dans l'album Aqua d'Edgar Froese dont “Ordo ab Chao” est figé en sa mémoire. Un très beau mouvement de séquences s'extirpe de ce néant à l'aube des 7 minutes. Le mouvement devient fluide avec des séquences qui tournent en rond, comme des petits pas perdus, dans un lourd nuage de radiations électroniques. Une autre ligne de séquences émerge, structurant un rythme ascensionnel avec des ions qui rebondissent vivement dans deux directions de rythmes qui s'entrecroisent dans un schéma chaotique. Le chant des anges n'apaise en rien cette turbulence statique qui peu à peu perd ses battements vers la 12ième minute, plongeant encore "Digital Angel" dans une phase ambiante qui débouche vers le très sombre et ténébreux "Bohemian Avenue".
Ici, l'orgue est envahissante. Elle étend le parfum de ses charmes harmoniques au travers un lourd nuage de brume et au-dessus d'un délicat mouvement de séquences qui active tranquillement sa phase de rythme. Le mélange de rock progressif et de MÉ est savoureusement équilibré avec un lit de séquences qui grouillent aléatoirement. Des battements connexes alimentent la structure ambiante qui devient animé d'un mouvement de plus en plus structuré, amenant le titre vers une superbe structure de rythme très magnétisante qui ondule comme un carrousel dans une foire érigée dans l'imaginaire. Des parfums de White Eagle, de même que Logos, virevoltent tout autour de cette phase qui atteindra son pinacle avec de savoureux solos d'un synthé qui hurle dans des vents bourrées de soupçons démoniques. Un cliquetis d'horloge nous amène à "La Sombre Noblesse" et ses lointaines harmonies de synthé qui roulent en boucles sur une structure de rythme similaire à la pièce-titre. Le tapage est chronométré en une forme de rythme stationnaire où grondent et râlent les souffles de l'enfer ainsi que de bons solos de synthé, une des armes de charme dans “Ordo ab Chao”. Ça et ces agonies d'une orgue qui parfume ce 5ième album de SAMARKANDE d'une approche si luciférienne. Ça fait très Tangerine Dream des années Ricochet et Phaedra. Par la suite nous tombons dans le rythme délicatement pulsatoire, et tout de même assez harmonique, de "Faction" qui est nappé d'ondes spectrales plus ou moins abstruses et où des notes de claviers limpides et un chant flûté unissent leur dissonance dans une finale qui explose en un gros rock progressif, bourré de nappes et de chants d'orgues, de "Hotel Bilderberg (Reprise)". "Resistance" suit la parade avec un lourd rock progressif nuancé par des solos de synthé incisifs. Incroyablement délicieux!
Incroyablement délicieux? Tout à fait! “Ordo ab Chao” est un véritable tour-de-force où chaque seconde est imbibée des différentes étapes de la MÉ contemporaine, approche cosmique en moins. Il y a de tout dans ce splendide album de SAMARKANDE qui est étonnement musical pour un album aussi lourd. Amateurs de Tangerine Dream, des années Phaedra à Logos, de Redshift, pour les ambiances lucifériennes, les séquences analogues et pour ce merveilleux Mellotron, et de Genesis pour les claviers et l'orgue, ce “Ordo ab Chao” s'inscrit dans les albums à posséder. Et non je ne dis pas cela parce qu'Éric Fillion vient de chez nous! Je dis cela parce que c'est un splendide album qui ne mérite absolument pas de passer inaperçu, Chapeau Éric, c'est tout un album que tu nous mets entre les oreilles!

note       Publiée le mercredi 16 décembre 2015

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