Vous êtes ici › Les groupes / artistes › H › High Rise › Desperado
High Rise › Desperado
- 1998 • P.S.F. PSFD-99 • 1 CD
cd • 7 titres • 34:55 min
- 1Git0:54
- 2Desperado2:42
- 3Right On12:04
- 4Flam6:15
- 5Effing5:04
- 6Mind Bending0:45
- 7Skive7:11
informations
Enregistré par Asahito Nanjo au West Studio, Tokyo.
line up
Shoji Hano (batterie), Asahito Nanjo (basse, voix), Munehiro Narita (guitare)
chronique
1998 : High Rise reviennent ! Vous ne saviez pas qu'ils étaient partis ? Bon... Disons qu'après deux ans à sortir des cassettes et autres recueils de leurs vieux travaux (bandes de concerts, démos des premières années...), après avoir laissé entendre, en 1997, avec un album nommé Last Date (sorti en cassette uniquement, encore), que c'en était peut-être bien fini, ils retournent finalement en studio. Avec cette fois un batteur qui en fout partout – en mode free-jazz-core etc. Avec des types comme ça, vous me direz : ça change quoi ?! Eh bien comme d'habitude : tout et rien. Ça leur permet d'autres vitesses, des variations de densité que ne leur aurait pas ouvertes un autre. Ça leur permet de continuer en faisant encore comme si tout, toujours, était interchangeable – mais au vrai, en exprimant le jus, la substance de chaque instant, fragment, en trouvant comment s'y caler, se décaler en synchro avec la moindre variation du flux, bien conscients que rien n'est jamais vraiment constant, pareil.
Et puis tiens, d'ailleurs, Shoji Hano : le type lui-même est loin d'être mono-tâche, bloqué sur un seul régime. Capable de balancer du foisonnant impénétrable au tempo caché sous le bouillonnement, donc, de cracher des nuages de cisailles comme sur Desperado, le titre. Susceptible aussi de jouer, comment dire... Eh ! Rock, voilà. De taper droit au point de nous faire soupçonner un instant que sous leurs allures de Ramones de l'Extrême, High Rise, en effet, seraient vraiment ça – comme si l'un des faux frangin s'était nommé Keiji Ramone et que les autres avaient suivi le mouvement, s'étaient adaptés en ton et en son. Comme sur ce Right On qui déboule façon Piège à Grande Vitesse (sauf que Steven Seagall n'est pas là pour sauver tout le monde, il a pris trop de speed, s'est fait la même frange que les autres, a buté les terroristes mais s'est rendu compte qu'il trouvait ça fun, ensuite, d'accélerer encore jusqu'à la collision de hasard, et tant-pis pour ce qui restera des fragments d'équipements et bouillie et lambeaux d'équipage et de passagers). Bref, après, c'est vrai, Right On ralentit, s'alourdit, et tout le monde se met à groover – comme le Band of Gypsys d'Hendrix, un peu, mais repeint en orange-travaux, en orange-container, en teinte chimique, industrielle.
Résumons, coupons court aux projections, métaphores : High Rise avec Shoji Hano derrière la batterie, c'est comme toujours High Rise, matière incorruptible et corrosive, trio-trip excessif à l'envi, giclant, dégoulinant, psyché-rock ultra brutal, son délibérément brut et même sali encore à même l'enregistrement, sans doute, « produit » seulement dans le sens de la plus grande rugosité possible. Mais High Rise avec ce batteur là, il est vrai, trouve encore d'autres manières de perpétrer cette attaque ci, d'autres territoires à faire fumer, fondre, s'élever et s'effondrer. Narita et Nanjo tentent eux aussi, parfois – et ça donne des trucs aussi curieux qu'Effing – une espèce de jazz pulvérisé, disloqué, balancé en purée pierreuse. Certains morceaux courts semblent presque des « thèmes » – au sens des musiques de film, de séries, de fiction – joués le temps seulement d'introduire une scène, un personnage, une ambiance. Plus qu'ailleurs, le groupe, par moments, syncope à la limite du trébuchement – sur Mind Bending, par exemple, où Hano cisaille la mesure, suspend ces quarante-cinq secondes durant l'impression habituelle que le groupe a simplement ouvert une vanne où s'engouffre le temps, courant violent et indifférent à leur, à nos agitations, qui nous porte mais nous broiera plus vite si l'on résiste trop, si l'on résiste mal. (Merde... Je fais encore des images).
Plus fracturé – moins apparemment linéaire – que d'autres disques du groupe, Desperado est tenu pourtant d'une cohérence particulière, comme si, permettant à Hano de jouer tout ce qu'il veut, tout ce qui lui prend, Nanjo et Narita s'obligeaient à concentrer encore plus leur attention, à ne rien laisser jaillir, dans leurs impros en batailles, qui ne serait là que pour remplir, filer jusqu'à ce qu'advienne l'idée prochaine. Desperado est délectable pour ça – cette impression que rien n'y est en trop, que rien n'y est par défaut. Paradoxalement, aussi, Desperado peut laisser qui s'y adonne sur sa faim : parce que tout y arrive si accompli, si essentiel, qu'on a juste le temps de saisir ce qui s'y passe, avant que le silence se fasse – retombe sur les débris encore fumant, décidément.
Pas grave : on peut le remettre, bloquer le défilement sur « repeat », à l'infini. En montant chaque fois qu'on le voudra le volume. En appréciant bien, en se mangeant bien la masse du truc, en savourant à tous les points de nos surfaces et épaisseurs tous les détails de ce qui se groupe et s'éparpille, là-dedans (avec nous au milieu – en coordonnées sans cesse changeantes, nous aussi, plutôt, de la tourmente). On entend bien tout, tient, cette fois encore – comme depuis II, leur premier studio, avec chaque fois un relief spécifique. On se demande ce que ça pouvait donner en concert, cette version du groupe, Shoji Hano et les deux autres... Eh, comme de juste : ils n'attendraient pas trop pour nous sortir une suite qui répondrait à ça.
note Publiée le lundi 25 septembre 2023
Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...

Jimi Hendrix
Band of Gypsys

Masayuki Takayanagi New Direction
Call In Question
dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Desperado" en ce moment.
notes
Note moyenne 1 vote
Connectez-vous ajouter une note sur "Desperado".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Desperado".