Quelle est la définition du sombre, d’une musique bizarre ? Comment définit-on ce qui rend un son tordu, mystique, normal ? Dou Wei est connu comme fan de Bauhaus, Cure, de post punk aussi…Mais il est Chinois, n’imaginez donc pas un échevelé vêtu de noir, ni même un simple imitateur de ses influences, ça ne fonctionne pas ainsi dans son pays. Le goût du post-punk occidental est net, dans son acceptation la plus large, celle qui assume les penchants dub; celui de la pop aussi mais une pop intranquille, un peu sombre. Des précisions utiles avant d’attaquer le disque lui-même, un bidule tout sauf cohérent. Dou Wei est de ceux qui apprécient une bonne batterie qui claque, pas spécialement rapide dans le tempo mais franche dans sa frappe, mixée en avant. Moi aussi. La constante est là, parce que niveau style…Après deux titres de bonne facture ni pop ni cold, encore moins rock mais piochant dans les trois, avec un feeling inquiet comme il se doit, le musicien enchaîne avec un truc plus calme avec guitare sèche, synthé flûte de pan un peu moche, beat faussement lent et un chant plus doux. C’est pas insupportable mais on s’en passerait. Pas fini, la piste 4 est du même acabit, avec un aspect pop wave marqué du type Kajagoogoo qui la rend vaguement plus mystérieuse mais c’est limite. C’est parti pour la chanson dub/reggae…Etonnamment bonne ! D’emblée un son d’accordéon inattendu place l’originalité et une légère tonalité triste, pour le reste, ça reste plutôt joyeux mais l’interprétation permet au truc de passer honnêtement, avec quelques passages sentis et tristounets. Ca repart pour le côté rock/pop/cold plus sombre et c’est tant mieux. Pas de quoi sauter au plafond mais ça tient la route, le chant en chinois lorsque Wei adopte un timbre grave dégage un truc spécial plaisant. Les influences Cure (version pop), on les ressent sur la septième chanson dans le feeling plus que les sons mais voilà un titre que j’aime bien, vaguement plus émotionnel, lâché dans le chant avec une petite aura pas folichonne malgré la jolie mélodie. Dommage, la suite n’est pas à la hauteur, le reggae avec synthés ‘inca de la place du Marché’ de ‘噢！乖’ est horrible. L’avant-dernière pièce démarre avec des sonorités plus inquiétantes (on saute vraiment du coq à l’âne), laissant la place à un post-punk tordu, décadent, influencé de loin par Bowie que je n’en serais pas étonné. Un des moments forts de ce skeud assurément. Final pour dimanche pluvieux avec guitare sèche, violoncelle, impression grise, beat box humaine lente pour la batterie mais desservie par un chant trop doux à mon sens. Drôle de disque, comme une pochette surprise, dont on ne sait dans quelle mesure il est décalé, ironique ou sérieux (c’est sûr que les paroles en chinois, ça n’aide pas à préciser la portée de l’objet)…En même temps, il s’intitule ‘Black dream’ et sa pochette n'est pas spécialement jojo...3,5/6