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Cop Shoot Cop › Release

cd • 13 titres • 50:09 min

  • 1Interference
  • 2It Only Hurts When I Breathe
  • 3Last Legs
  • 4Two At A Time
  • 5Slackjaw
  • 6Lullaby
  • 7Any Day Now
  • 8Swimming In Circles
  • 9Turning Inside Out
  • 10Ambulance Song
  • 11Suckerpunch
  • 12The Divorce
  • 13Money-Drunk

extraits vidéo

informations

New-York, de novembre 1993 à mars 1994.

line up

Tod A. (chant, basse), Jack Natz (basse, harmonica, voix), David Ouimet (trombone), Phil Puleo (batterie, percussions), Jim Coleman (sampler, piano), Steven McMillen (guitare, trompette)

chronique

Je me souviens bien de ma découverte du dernier album de Cop Shoot Cop, le plus professionnel, le plus "grand public" et bien fringué, mais finalement le meilleur - même s'ils sont tous terribles. Celui-ci a un petit quelque chose qui fait tout... Un swag. Un swing. Une silhouette... Une ombre dans la rue... Leur album rock de pur détective privé maraudeur assassin new-yorkais, la bande-son rock ultime d'un cartoon pour adultes avec ses flics aussi dangereux que ses gangsters, ses chausse-trappes, ses dialogues d'anthologie... Je me souviens surtout de ce sentiment très tenace d'urgence dans leur musique, qui m'a saisi d'entrée. Cette sensation irrésistible de course-poursuite, dans un genre de délire à la Dick Tracy, avec des vilains aux trognes trop douteuses et des skylines aux arrêtes mieux découpées que chez Frank Miller. Un kiff total. Je me voyais seul, dans ce qui serait ma seule maison, montée sur pneus et grinçante de partout. Paquet de sucettes à cancer éventré dans la boîte à gants, flasque d'un tord-boyau aussi raide que du WD40 sur le tableau de bord... Prohibition ? Investigation ? Une odeur tenace m'emplissait les neurones. Celle d'un noise rock pouvant prendre des airs de Big Band de façon la plus naturelle... J'aime Jesus Lizard et Foetus : j'ai eu un truc pile-poêle entre les deux, en rafales généreuses dans les portugaises. J'ai eu cette basse plus présente qu'un pistolet à clous dans les rotules, j'ai bouffé ce groove âpre et urbain, cette rutilance foutraque du feeling, ces cuivres aussi ronflants que chez un chanteur de variété mégalo, j'ai eu du rythme, bien sûr j'ai eu du blues, j'ai pas eu de temps pour reprendre ma respiration, et plus que jamais savouré - chose magique dont on parle assez peu au sujet de Cop Shoot Cop - un des chants les plus carie-smatiques du genre, celui d'un petit chenapan nommé Tod Ashley, cousin moins fatiguant de Jim Thirlwell, qui dégoise comme une canaille audiaresque sur les tressautements des pneumatiques et de la ferraille. Des tubes réels ("Interference" entrée en matière imparable et plus fluide qu'une murène, "It only hurts when I breathe", "Two at a time", et bien sûr l'inénarrable "Any Day Now"), des cavalcades de zinzin ("Turning Inside Out"), des intrigues chelou sous la Lune ("Ambulance Song"), plus loin encore des crissements de pneus confirmant mon délire lucide, un style à la fois caricatural et absolument unique... Dans le rupteur, mais finaud. Cop Shoot Cop étaient en fait plus subtils que leurs écrasantes influences (Swans et Foetus notamment). Et eux aussi ils faisaient une musique avec une gueule. Musique d'américains dégénérés intelligents, se montrant dans une ambiance de gros garage, lieu central d'un polar chargé en rebondissements (boing boing POUM POUM tchak tchak ZDOING ZDOING) et suspenses mazoutés, truffé de mécaniques lourdes, de rivets qui suintent le bon cambouis... On est dans Release comme dans un film en noir et rouille, entre foire et trouille, dans un The Mask qui se passerait que de nuit. L'incarnation de l'album culte, qui, sous ses airs de petit plaisir simple, est aussi dodu et cossu que les meilleurs Faith No More. Les années 90 alternatives vues du plus bel angle de leur quartier new-yorkais, où on peut tout à la fois admirer les gagneuses et les perdants. On serre la pogne à Dillinger avant la sortie du cinoche, on évite les herses des fédéraux, on ressent à fond tous les cliquetis, le ramdam, le macadam, la tôle froissée, les klaxons, les soupapes, les durites, les enjoliveurs en guise de cymbales... Raaah ce rythme pas possible, bon sang de nuit noire ! Je me fais pas coller au cul par Coyote comme Bip-bip : je suis Coyote, coursé par d'énormes camions-poubelles, chasses-neige d'émeute et autres bulldozers aux mâchoires voraces. Un de ces jours... Un de ces jours la grosse bête m'attrapera, et on jettera des fleurs moches sur mon couvercle. En attendant c'est à tombeaux ouverts sur le plancher des vaches pour le hold-up le plus bandant du siècle, les clopes qui s'enchaînent comme les balles du revolver, les écrans qui grésillent, les bas qui résillent, la certitude du mur, oui, mais la joie du suspense... La vie est une chienne, mordons-la à pleines dents.

note       Publiée le dimanche 21 octobre 2018

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Note moyenne        7 votes

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

J'aime un peu moins ce dernier effort, sauf... la dernière pièce.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo  born to gulo est en ligne !

Hors normes, oui.

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nicliot Envoyez un message privé ànicliot

Excellent groupe. Je reste fasciné par Ask Questions Later depuis plusieurs semaines...

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nicliot Envoyez un message privé ànicliot

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boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

N-ième découverte tardive. Totale classe.