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Grandaddy › The Broken Down Comforter Collection

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Rastignac      lundi 10 novembre 2014 - 16:44

cd • 12 titres • 51:34 min

  • 1Gentle Spike Resort03:09
  • 2Wretched Songs05:45
  • 3Levitz04:22
  • 4Away Birdies With Special Sounds01:59
  • 5Kim, You Bore Me to Death04:39
  • 6For the Dishwasher03:54
  • 7Pre Merced02:56
  • 8Sikh in a Baja VW Bug02:06
  • 9Lava Kiss03:06
  • 10Fentry04:24
  • 11Taster04:09
  • 12Egg Hit and Jack Too + You Drove Your Car Into a Moving Train10:51

informations

Morceaux tirés des EP "A Pretty Mess by This One Band" et "Machines Are Not She"

line up

Jason Lytle, Aaron Burtch, Tim Dryden, Jim Fairchild, Kevin Garcia

chronique

  • lo-fi dépressif

Avant la révélation d'"Under The Western Freeway", Grandaddy avait déjà sorti une poignée d'EP bricolés dans la maison de (et par) Jason Lytle. Parce que Grandaddy, c'est avant tout Jason qui essaye de mettre sur bande les idées noires qu'il a dans la tête, malgré la gueule de bois de la veille. C'est même lui qui fait un peu tout sur les enregistrements. Et à l'écoute du premier morceau de cette collection dans le désordre, c'est assez facile de comprendre pourquoi il a débarqué un soir, bourré et dégueulasse, pour filer une cassette à Howe Gelb, Mr. Giant Sand : son admiration pour le groupe de Tucson s'entend dès les premières notes de guitare acoustique doublées de clavier en plastoc, les premières paroles aux références obliques ("Whitesnake riffs dressed up like Sid Viscosity", voilà bien une idée que seul Gelb pourrait aussi avoir"), la voix déjà à bout de souffle. Il y avait ça dès les premiers enregistrements, plus que du néo-psyché, un son foutrement américain, un country-folk trempé dans un vieux baquet d'huile industrielle. L'americana des ordinateurs personnels en réparation, des oscillateurs mono-harmoniques, des arpégiators en solde. Et une fragilité mentale qui fait que Lytle ne passe jamais la troisième. D'ailleurs à Modesto on ne change pas de vitesse, c'est de la bagnole automatique, d'où ce rythme mid-tempo plus ou moins soutenu mais qui s'énerve uniquement en intensité de colère sonique quand Jason décide de vomir son angoisse en bon enfant des nineties, en refrains de guitares bruiteuses succédant à des couplets déprimés. Faut pas se le cacher, écoutez-bien "Wretched Song", merde, c'est dit dès le titre, Lytle est déjà un type en miette, l'atmosphère de Modesto est comme une prison à ciel ouvert, parfaitement isolée de tout, de la nature toujours un peu trop loin et de l'activité revigorante d'une vraie grande ville. Les chansons de Grandaddy sont commes des pilules : Xanax, Tranxène, Lexomil, choisissez votre poison puisque vous n'arrivez plus à supporter votre vie de peu. Les claviers ondulent et bourdonnent comme des moteurs trafiqués, fonctionnant à mi-temps, juste histoire de s'abrutir un peu, hypnose pas chère et vomiteuse le temps de comater sur le canapé sans lâcher sa dernière canette. La technologie ne sauvera personne, surtout quand elle n'est pas exactement de pointe. Impression de migraine permanente, d'entendre les ordis gémir mollement derrière les guitares expurgées de "Levitz". Y a pas que les micro-processeurs dans la vie, et le tertiaire alors ? Les services quoi, l'humain bordel. Ben euh… C'est pas vraiment ça. "Kim you bore me to death !" crache un Jason Lytle décidément pas content, pas aimable. Bon alors il reste la musique, le dernier recours. Sauf qu'à Modesto, on se fait gratter sa gratte s'y on n'y prête pas attention. Du coup, Lytle déprime aussi là-dessus. "Away Birdies With Special Sound" est un chant mortuaire pour ses instruments chéris disparus, une voix pâteuse qui débite des "I woke up in the morning and they were gone.", à deux doigt du foutage en l'air. De cette matière peu reluisante, le père Lytle fait des miracles, enquillant des morceaux parfaits dans leur côté foutraque lo-fi jusqu'au formidable "For The Dishwasher", Jason Lytle est le seul type qui peut faire des chansons bouleversantes sur des appareils électroménagers, où enfin il suggère de se laisser aller au repos, tomber le rideau sur tout ce passif en attendant mieux, un de ces jours. Où quand ça ne va plus du tout, faut plus insister, faut laisser tomber et fermer la boutique, un thème qui reviendra régulièrement, un refus de se battre contre soi-même et contre le monde, une résignation presque sereine. Alors forcément, collection de morceaux d'EP hétéroclites plus tendance à essayer des trucs zarbis pas bien finis, mais parfois étrangement réussis comme cet absurde "Sikh in a Baja VW Bug", ça ne peut pas être homogène en qualité. Mais il reste largement assez de morceaux dignes d'une anthologie du lo-fi de contrebande tels que ce "Taster" au refrain imparable, où l'histoire d'un goûteur qui se termine mal, un Lytle à l'humour bien noir. Ou les instrumentaux "Fentry" ou "Egg Hit and Jack Too", qui s'achève dans un crépuscule inquiet qui n'est pas sans rappeler un certain desert-rock atmosphérique qui traînera bientôt son spleen un peu plus au Sud. S'en suit une dernière pétite, toute grésillante dans les hauts-parleurs à piles posés à même le sol de la station-service, probablement, comme une dernière chanson folk squelettique pour la route, impossible de ne pas évoquer les moments les plus dépouillés de Sparklehorse, même voix étranglée, même dépression pastorale sur le fil du rasoir (pratique le rasoir, au cas où). C'est pas gai, mais c'est beau. Mais c'est vraiment pas gai, Modesto.

note       Publiée le samedi 13 septembre 2014

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