The Triffids, c'est ce groupe dont on a tous oublié l'existence, enfanté par ce pays dont on a tout autant oublié l'existence Dieu y compris (l'Australie), et emmené par un frontman (David McComb) sorte de Julian Cope jangle-pop et goth à duvet, qui habillé aux grands airs d'une poésie mystique et amphigourique, est canné juste au moment où il espérait sacraliser sa science du sirop antitussif dans une carrière solo, carrière que les Aussies auraient bien vu comme une Nick Cave bis. Mais The Triffids, c'est aussi (!) ce groupe qui, au détour d'un morceau ou d'un autre, savait cuisiner les canons tous genres pour vous les servir en poudre noire de hit pop (y'a pas de jeu de mot), par un véritable tour de passe-passe songwriting. On pense à énormément de trucs avec The Triffids. On pense aux Simple Minds pour le côté dérapage de post-punk pour les filles. On pense aux Teardrop Explodes circa-90s - tu m'étonnes avec un chant pareil, déjà - pour l'efficacité inoffensive de maillot de bain une unipièce. On pense à INXS, d'abord parce qu'au vu des origines géographiques des Triffids on ne peut pas s'en empêcher, mais ensuite parce qu'on en retrouve plein d'éléments surtout, dans la polarité radiophonique des Triffids. Et au delà il m'arrive même, personnellement, d'avoir des références autrement plus inavouables qui me viennent - quand bien même on commençait déjà à en prendre l'habitude : Echo & the Bunnymen pour cette inimitable longueur en bouche de panna cotta industrielle, et puis surtout Billy Idol pour le côté poser-lover de ténébreux bien coiffé, quand certes plutôt travesti en intellectuel néo-romantique post-doctorat de lettres modernes. Voilà ça c'est pour le décor. Maintenant ce qu'il y a de cool avec ce disque - leur euh... troisième ? - ce qu'il y a même SURTOUT de cool, c'est ses interludes aloha et country, de ses assaisonnements aux guitares lap ou pedal steel qui échouent là comme une noix de muscade dans un bol de soupe de menthe-cresson. Et comme vous tout avez suivi, vous savez déjà à quel point la country-cred, c'est mon nouvel étalon du goûtu : In the pines, je le kiffe. In the Pines est fabuleux. Et encore plus quand par magie ils assument leur délire au point de faire une reprise de Bill Anderson, en salopette pure et dure, avec "Once in a Day" (y'en a peut-être d'ailleurs d'autres, à froid je sais plus). Pour nous autres qui apprécions autant la gomina haut de gamme que de monter les tracteurs de grand-papi, mais mazette, on n'a plus envie après ça que de se dénicher un t-shirt des Triffids pour l'exubérer en soirée '80s, non ? Et si en plus je vous dis que ce disque a été enregistré sur un huit pistes, dans une grange où les McComb père et mère tondaient les moutons, avec un budget de $1190 dont $340 ont été éclusés en picole ? Je vous l'ai pas vendu, là, mon concept de country-cred ?