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MC Jean Gab'1 › Ma Vie

cd • 15 titres • 64:26 min

  • 1Intro
  • 2J't'emmerde
  • 3DD
  • 4OCB
  • 533 comme l'autre
  • 6Mes 2 amours
  • 7Enfants de la DDASS
  • 8Donjon
  • 9A nos chers disparus
  • 10Désillusion sur l'historique
  • 11Anti...
  • 12Paname
  • 13Une journée sans fin
  • 14Femmes
  • 15Lettre à mes fleurs

informations

line up

MC Jean Gab'1 (MC), Less' Du Neuf (production, MC's)

chronique

  • rap de fossoyeur ma gueule

Je sais, me voir écrire une chronique sur le père Gab1, ça fait aussi bizarre que la syphilis dans le rap et ça va en surprendre plus d’un, m’est avis. Après tout, l’univers du hip-hop m’est globalement assez étranger, n’est-ce pas ? Il est néanmoins difficile de passer à travers dans notre société actuelle, surtout lorsqu’on a grandit en banlieue parisienne entouré de gens imprégnés de la chose. Alors voilà que je m’y colle, poussé par quelques collègues étonnés de voir qu’à mes heures perdues je suis capable de m’enfiler un Despo Rutti ou le Gab'1 dont il est question ici. Et parce que le déplaisir que cela procurera à certains de me voir pondre ces lignes me réjouit d’avance, j’ai envie de vous devancer dans vos complaintes par un évident et très opportun, j’vous emmerde. Parlons d’ailleurs d’emblée de ce titre "J’t’emmerde" qui a eu l’effet d’une petite bombe dans un milieu pourtant habitué aux clashs. Sauf qu’à plus d’un titre, celui-ci dépasse de très loin tous les autres. Déjà parce qu’il s’en prend à une grande partie des rappeurs français les plus en vue, en les prenant tous dans le jeu des contradictions entre leurs paroles et leurs actes. En étant extérieur au milieu visé, j’ai tout simplement adoré la dose de gerbe envoyée dans la face des uns et des autres avec une justesse chirurgicale et une force hors norme. Car c’est bien là le point qui fait rire jaune beaucoup de monde, on a droit ici au témoignage d’un gus qui a vécu l’arrivée de la culture hip-hop en France, qui en a même été un acteur de l’ombre, le type avec sa bande qui dépouillait ceux qui n’avaient rien à foutre là, et qui aura pu accumuler un maximum de dossiers sur ceux qui étaient dans la lumière. La dénonciation de mecs à l’origine opposés à un système dans lequel ils ont fini par se vautrer, the power of dollar, comme dirait l’autre. Tout ça sans détour, un direct du droit, gueule ouverte et poing fermé qui a mis KO les personnes visées. Ho, il y a bien eu quelques réponses, souvent tardives, systématiquement médiocres (Booba et le B.O.S.S. en tête de liste), mais la majorité a juste fermé sa mouille et tenté d’encaisser. Etre attaqué par un OG, un parrain du milieu, trop lourd pour eux. Mais "Ma vie", ce n’est pas que "J’t’emmerde", même s’il vampirise largement toute l’attention. Non, "Ma vie" va bien au-delà, puisque Gab’1 y raconte toute sa vie, avec comme maître mot l’authenticité, sans rien enjoliver, sans rien romancer. Pas besoin d’ailleurs, avec un tel parcours, un simple descriptif suffit à calmer les plus chauds. Après quelques années tranquilles, ses parents divorcent et arrive l’évènement qui aura forcément amené le jeune Charles à devenir Gab’1 des années plus tard, à savoir le meurtre, sous ses yeux, de sa mère et de son beau-père par son paternel. Rude. Puis les années à la DDASS, les familles d’accueil, les potos, paname, les requins vicieux, la dépouille, les braquages, les années de prison en Allemagne, sa femme, ses filles. Tout ça est éparpillé à travers l’album, transpirant aussi bien la haine de son père que le dégoût pour ce milieu du rap, les regrets nourris pour ses filles et enfin son amour pour Paris. Son identité de parisien, Gab’1 l’a dans la peau, au fond de son ADN à jamais avec quelques très bons hommages à la ville et son ambiance "Mes 2 amours" et "Paname". Tous les sujets y passent avec une gouaille et un langage assez rares dans le hip-hop qui remet l’argot parigot en avant, façon Renaud. Car, à l’instar de ce dernier en son temps, Gab’1 ne brille pas forcément par une technique vocale ou un flow d’une fluidité folle, sa voix en impose néanmoins par l’authenticité du ton adopté et des mots employés. Il raconte sa vie, et l’émotion sort d’elle-même comme dans "Lettre à mes fleurs" et "A nos chers disparus", détruisant cette image du gangster surhumain qui a trop souvent place dans le rap. A l’inverse, il y a évidement des moments d’egotrip monstrueux comme sur les très bons "DD", "Désillusion sur l’historique" et "OCB" où il assume son rôle d’Original Casse Burne ma gueule. Et puis tout ça est relevé d’une rage et d’une fureur avec en point d’orgue deux titres, "Enfant d’la DDASS" et "Donjon", loin d’esquiver les côtés sombres et glauques des foyers et de l’incarcération, appuyés par des instru très efficaces et une rythmique bien pesante, avec toujours un refrain qui reste en tête. Au final, l’album ne connaît que très peu de faiblesses, le titre que je trouve le plus horripilant étant "Femmes", mais c’est bien tout. "Ma vie" montre que Gab’1 n’est pas l’homme d’un seul titre et qu’il est tout à fait capable de dépasser le phénomène "J’t’emmerde" en marquant son territoire grâce à sa personnalité une et entière. En bref, Mc Jean Gab’1 n’est pas une putain, retiens-le bien. J’te l’avais dis ma gueule. Tin tin tin.

note       Publiée le jeudi 6 mars 2014

chronique

  • cabochard taulard

M'bouss Charles Jean Gab'1, il en a jamais rien eu à battre... et pourtant quel charisme brut et vrai... Respect. Bien plus gangster que rappeur, contrairement à tous les rappeurs prétendus gangsters depuis Niggas With Attitude. Stéphane le reconnaît lui aussi, et tous ces amateurs de hip-hop infoutus de voir plus loin que "flow ou pas flow" sont largués... alors respect au collègue, aussi. Si vous cherchez un tonton dans le rap français, avec sa gouaille et avec sa maturité insimulable de gars qu'en a chié longtemps à l'ombre, c'est ici et pas ailleurs. Tout comme le choix sans équivoque du blase, la pochette de Ma Vie, sans avoir besoin de connaître ses promos télé complaisants, résume qu'on a affaire à un mec qui a un vécu et un parcours authentique, de la DDASS à sa découverte du rap dans le milieu des années 80 (on l'oublie mais le gars est un authentique vétéran du milieu depuis l'époque Grandmaster Flash) jusqu'à sa collision avec les Rita Mitsouko, et qui l'assume avec aplomb. Tout le sincère désarmant et le vécu atypique du gars défilent à travers les photos punaisées au mur de sa piaule (de sa cellule ?) : Paul Meurisse, Kiss, Muhammad Ali... et deux-trois bimbos pour se pougner sur son lit de fer, dans son carré de HLM. Et en parlant de HLM : c'est vrai qu'on pense aussi à Renaud, par moments, à Pigalle aussi... et pas que pour le côté titi parisien et franchouillard. Gab'1 est atypique aussi parce que c'est un rappeur qui te fait penser aux années 70, à la france giscardienne, celle de son enfance. Il peut rapper sur de l'accordéon, et sur son fief de coeur Paname, comme sur ses déboires de porte-flingue outre-Rhin, il reste méchamment crédible parce que rien n'est enjolivé. Il a totalement absorbé le milieu hostile dans lequel il a vécu, et au lieu d'avoir de la rancoeur envers le français rural souvent hostile, il a pris inspiration dans les films d'Audiard, s'est forgé par la répartie. Respect pour ce mec, définitivement. De la rancoeur il en a que pour son daron, aucune rue lui a fait plus de mal - mais il reste digne, le Gab'1, à défaut d'être pudique là-dessus. Tout ce vécu se ressent dans son flow, qui n'en est même pas un en fait, seul argument d'ailleurs sur lequel ses opposants l'attaquent en pointant le manque de "skills" - mais argument invalide, car Gab'1 ne prétend pas bien rapper, mais bien jacter. Gab'1 n'a que foutre de savoir rapper, artistiquement il n'a jamais été que danseur de rue, et pour lui le rap est à peu de chose près une vaste fumisterie. Il cause donc cru et dru, sans essayer de polir son jargon old school et son argot cryptique de voyou (un défi en passant : demander aux mecs de chez Rap Genius s'ils arriveront un jour à étaler toutes ses paroles, le livret de l'album n'en contenant que la moitié). Ayant été forgé à coup de pieds au derche, il n'a pas besoin de capacités au mic pour évoquer ses déboires, ses polars persos : sa gouaille suffit, d'ailleurs comme il le dit sur "OCB" : "j'débarque dans l'rap comme une mouche à merde dans une soupe [...] tu peux être Superman, j'suis l'enfoiré qui débarque avec sa bitte et la kryptonite !" Décalage sublime quand il a débarqué en effet... je m'en souviens encore avec un sourire en coin : le seul et unique morceau pour lequel il reste connu aujourd'hui, "J't'emmerde". Culte ! Paroles comme clip - full face frontal - ce titre a baissé le slip de tous les MC's français les plus mythifiés, en public et sans prévenir, et nous a fait autant marrer qu'eux ont grinçé des chicots. "J't'emmerde", c'est de la violence gratuite complètement punk dans l'esprit. C'est même pas un "clash", personne n'est allé chercher Gab'1, il les a juste fumés pour le fun en livrant les petits secrets honteux de chacun. Même un jeune Ice Cube aurait pas osé débarquer comme ça, le résultat est une humiliation en règle. Mais musicalement - pour le non-initié au milieu rap qui ne saisira pas toutes les allusions verbales - c'est surtout un foutu bon morceau de hip-hop bien secos et flippé, axé sur une boucle qui tue de Ol'Tenzano. Pourtant ce titre a aussi écrasé un autre MC : Gab'1 lui-même, parce que ce qu'il savait pas, c'est que personne allait croire qu'il pouvait torcher un bon album, que c'était juste un farceur sans épaisseur... Hors son album est franchement bon, très bon même, grâce aux prods de Less du Neuf ("DD", génialissime beat cravaté à Busy Bee !) autant qu'au charisme morfalou de Gab'1, malgré une seule concession à la souplette r'n'b pour plaire aux gonzesses ("Femmes"). Ecoutez-donc "Donjon", qui raconte son séjour en taule allemande circa 89, sa détresse et la protection paranoïaque de sa rondelle, le tout sur une instru sinistre au piano entrecoupée de cris de maton en boche. Glaçant. Lunatic et leur "Lettre" peuvent se rhabiller, "Donjon" te troue le bide. "OCB" est encore plus typée Mobb Deep niveau son (les paroles, j'en ai déjà parlé : egotrip audiaresque !). A côté de ça vous pouvez aussi découvrir un Gab'1 tâcleur de religions sensé et inspiré ("33 comme l'autre"), ou question vague-à-l'âme, écouter un peu, sans préjugé moqueur, "Lettre à mes Fleurs" ou encore plus fort "A Nos Chers Disparus" où Less du Neuf arrive à fusionner deux titres de Toto et à rendre ça beau... et avoir la gorge serrée, serrée très fort même.... parce que Gab'1 est comme ça sans prévenir, sans faire de miauleries sociales : il se livre à cru sur un beat mélo, il pose pas de refrain, pas besoin, c'est son vécu, il veut pas que tu chantes sur sa douleur, tu piges ? Et toi t'as envie d'être son pote, ou son neveu, ça c'est normal... mais lui il s'en bat les steaks. Il vient siphonner un peu de flouze en te livrant un bout d'sa caboche, pas faire de l'art. Ouais... Il en avait vraiment rien à foutre du hip-hop, ce vieux filochard, il n'a jamais vénéré aucun rappeur... et pourtant il a sorti un des meilleurs albums français du genre. Cinq bastos minimum, c'est l'tarif pour l'authenticité. "...souvenirs bien ancrés, au goût amer comme le café sans sucre et la bouffe sans sel."

note       Publiée le jeudi 6 mars 2014

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    Rendez-Moi2 Envoyez un message privé àRendez-Moi2

    Ils sont dans la team des rappeurs sans flow. En vrai j'ai jamais saqué La Rumeur ahah (ils ont de bons textes oui, écrivez des livres) c'était juste histoire de faire une comparaison foireuse.

    No background Envoyez un message privé àNo background  No background est en ligne !

    Curieuse comparaison - à la limite certains egotrips d'Ekoué -, mais La Rumeur est un groupe plus politisé, ils ne parlent pas de leurs vies à coeur ouvert (et Hamé a une plume bien plus fine que celle de Gab'1). Bref, pour moi ils ne jouent pas sur le même terrain, je ne vois pas trop le rapport.

    Rendez-Moi2 Envoyez un message privé àRendez-Moi2

    Le meilleur album de La Rumeur. Et c'est vrai qu'en terme de charisme ça vole haut...

    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
    avatar

    Yep Raven, le côté OG du Gab1 est quand même plus prononcé que chez notre cher Renaud, mais le tintintin me reste quand même gravé dans le travers, bien plus que les autres influences qu'il égrène dans ce disque... En tout cas, "jt'emmerde" reste en haut, ne serait-ce que par le "Paris, c'est pas Top Gun" qui est de toute beauté, s'il y avait *encore* besoin d'une phrase à sortir pour entamer le bouba...

    Potters field Envoyez un message privé àPotters field

    A l'époque il avait dit dans une itw que de toute façon lui il était plutot fan de rock et de metal, et notamment de craddle !