Cult of Youth, c'est l'arrogance d'une jeunesse sûre d'elle et bien sous sa bannière, celle qui ne passe pas son temps à geindre à propos de la vieille Europe autour de trois accords de guitare sèche mais qui mêle à son dark folk des accents post-punk pour lui donner plus de force (n'hésitant même pas à reprendre les Ramones). Cult of Youth ne jouent pas les scouts nostalgiques autour d'un feu, ils débarquent en conquérants, peut-être parce qu'ils viennent de New-York et non de cette chère Europa sublimée, magnifiée en des images bien éloignées de la réalité historique. Cult of Youth, c'est l'esprit des débuts de Death in June, Sol Invictus, Joy of Life ou Current 93 réhabilités sous forme d'une lecture plus contemporaine, une orientation neofolk pleine de vie et d'énergie. Cette second sortie est en réalité la première puisqu'il s'agit d'une réédition de leurs travaux du débuts encore très marqués par les influences cités. Et pourtant leur musique n'est pas toujours aussi martiale qu'on pourrait l'imaginer, elle n'en a nul besoin. Nous avons bien quelques pièces lourdes et agressives comme 'To the floor !' avec ses samples en boucles et ses roulements inquiétants ou 'CmIII' dans un esprit proche de NON mais globalement l'orientation tourne résolument en un mélange de structures folk et post punk s'imbriquant en un équilibre parfaitement dosé, combattif dans le rendu. Les morceaux sont courts, pas besoin de s'étendre, la poudre est lâchée d'emblée et les mélodies sont suffisamment efficaces pour distiller leur poison rapidement. On notera le soin apporté aux percussions (qui changent des sempiternels roulements de tambour) et le dynamique jeu de guitare sèche, quant au chant, il est habité, sombre et parfaitement adapté aux ambiances du style. Ces premiers essais témoignent donc d'une grande maturité d'écriture et d'un besoin d'énergie, de diversité, puisque les musiciens glissent volontiers de la ballade à une quasi cold wave ('Beast of prey'), sans oublier les quelques expérimentations réglementaires. Une sacrée bouffée d'oxygène pour un genre moribond, à déguster sans modération avant de s'attaquer à leur premier véritable album encore plus convainquant. 4,5/6