Mais au fond, qu’est-ce qu’un pruneau vierge ? A en croire certaines interviews des Irlandais, ce terme utilisé par la bande du Lypton Village désignerait des gens à part, souvent ignorés. Gavin Friday explique aussi qu’ils nommaient ainsi des vieilles personnes un peu paumées. Bref, oui, n’importe qui peut être un/e Virgin Prunes de ce point de vue-là mais en matière de musique ? C’est le défi que s’est lancé le défunt label italien Radio Luxor en réunissant quelques groupes pour un hommage. Peu de grands noms, hormis Limbo et Artica qui ouvrent les hostilités, le premier avec une version réussie démarrant selon le tempo originel mais en version électronique avant de partir sur des beats plus dansants. Pourquoi cependant une version instrumentale ? D’autant que le timbre nasillard de Gianluca Becuzzi eût collé à merveille. Artica proposent une copie assez scolaire mais très correcte. Mater Eris et Thrax, deux parfaits inconnus, ne s’en sortent pas si mal sur ‘Rethoric’ personnalisé mais proche de l’original; compliqué malgré tout de se départir d’un sentiment d’édulcoré d’un morceau extrêmement puissant. Même chose avec Trees et leur reprise lumineuse, éthérée au départ et un peu ratée sur la fin. Les pourtant bons Lacrime di Cera foirent partiellement ‘I am God’ en se montrant trop scolaires et froids. Votiva Lux ? Une catastrophe à mon sens. Impossible de reconnaître la chanson de base dans ce mauvais rock gothique (en plus, je n’apprécie pas la voix du chanteur). Autunna et sa Rose se la jouent dark folk martial et néoclassique, kitsch avec récitation en français maladroit. Ils ont essayé mais le résultat est peu probant. J’attendais beaucoup de Dawn Fades pour fuir en courant devant leur horrible rock indus pourri. Neonirico me laissent de marbre avec leur restitution rythmée mais pâle, notamment vocalement. Silentium Noctis, autres inconnus, s’en tirent mieux avec leur deathrock malgré tout poussif. Nouvelle tentative de ‘I am God’ pour The Humanoid Army tellement brouillon qu’on la zappe aisément. Original de convier le projet industriel Tombstone de Emmanuele Lago qui choisit de se confronter à un titre expérimental, difficilement adapté à une cover mais du coup le résultat est plutôt honnête. Curieusement, ce sont les Autrichiens de Kiss the Blade, autres vedettes, qui ferment le bal, relookant ‘Deadly sins’ à l’aune de leur style que j’apprécie plutôt d’ordinaire mais cette fois-ci, ça ne colle pas; le timbre de Paul Cuska ne convient pas. J’aurais aimé me monter positif face à cette initiative mais le résultat ne fait que mentir un titre on ne peut plus mal choisi… Non, n’importe qui ne peut être un Virgin Prunes, personne d’autre à part eux-mêmes tant ils sont uniques dans l’histoire de la musique.