Bien que l'usage de la boîte à rythmes se soit chez eux très vite démocratisé de par l'influence des Sisters of Mercy, March Violets et autres, les goths Britanniques se montreront assez longtemps frileux quant à un usage électronique assumé. Du côté allemand, cette gêne me semble moins présente, dès leurs débuts des formations telles que Cancer Barrack, Invincible Spirits, Girls under Glass ou Fair Sex n'hésitent pas à faire cohabiter des guitares gothiques avec des gimmicks importés de l'EBM comme la rythmique où le traitement de certains vocaux. Tears of Passion s'inscrit plus ou moins dans cette optique mais va presque plus loin encore. Cet obscur quatuor doit son début de renommée au fait que leur chanson 'Angel', sorte de slow mélancolique, sera souvent publié comme étant de la plume de Type O Negative (j'ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi, visiblement certains 'fans' n'ont jamais écouté Peter Steele). A l'écoute de ce second essai, on réalise qu'en plus, ce morceau est loin d'être représentatif du style de Tears of Passion...Quel style d'ailleurs ? Nos Allemands paraissent en effet vouloir s'approprier tous les genres qu'ils aiment. Nous passons ainsi de ce fameux gothic rock mâtiné d'electro ('Despair') dont je parlais plus haut au deathrock ('Following day') sans oublier une touche gothic rock traditionnelle. Cette multiplicité des approches se révèle déstabilisante à première écoute. Passer de la tristesse kitschounette de 'Angel' à un 'Final war' sonnant comme du Leaether Strip, de vocaux graves à du chant agressif passé aux effets, voilà qui secoue et empêche de s'immerger dans une ambiance spécifique. D'un autre côté, les chansons étant plutôt bien ficelées, on s'habitue au fil des écoutes à cette absence de fil conducteur. En étant positif, on peut presque également voir 'Exprience' (le bien nommé) comme une compilation de groupes différents à lui tout seul ; pas de linéarité, les climats changent sans cesse, sans réel temps mort, ce qui est plutôt agréable. On se laisse aisément happer par le côté hanté de 'Trust in mind', les expérimentations deathrock de 'Following day', la lourdeur quasi metal des guitares de 'Try to live' ou encore la pêche de 'Blinded by love'. Pas si mal au final, loin de là...4,5/6