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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) › Grande Messe en ut mineur

cd • 13 titres • 59:23 min

  • I. Kyrie
  • 1(Andante moderato)8:14
  • II. Gloria
  • 2Gloria in excelsis Deo (Allegro vivace)2:26
  • 3Laudamus te (Allegro aperto)5:00
  • 4Gratias agimus tibi (Adagio)1:30
  • 5Domine Deus (allegro moderato)2:49
  • 6Qui tollis peccata mundi (Largo)7:28
  • 7Quoniam tu solus Sanctus(Allegro)4:20
  • 8Jesu Christe (Adagio)0:49
  • 9Cum Sancto spiritu4:00
  • III. Credo
  • 10Credo in unum Deum (Allegro maestoso)3:49
  • 11Et incarnatus est (Andante)9:04
  • IV. Sanctus
  • 12(Largo)3:59
  • V. Benedictus
  • 13(allegro comodo)6:02

informations

Philharmonie de Berlin, Allemagne, février 1981.

Concernant l'interprétation, je fais avec les moyens du bord en vous présentant cette version imposante mais quelque peu empâtée de Karajan. Ceci dit, Barbara Hendricks y est très émouvante, je trouve. Pour la grande référence, il faut aller chercher du côté de Ferenc Fricsay (Deutsche Grammophon également).

line up

Voix : Barbara Hendricks, Janet Perry (sopranos), Peter Schreier (ténor), Benjamin Luxon (basse). Choeurs du Singverein de Vienne. David Bell (orgue). Berliner Philharmoniker, Herbert Von Karajan (direction).

chronique

Mozart est pour moi plus qu'un compagnon, c'est un frère. Son oeuvre accompagne ma vie depuis quinze ans et ne me quitte jamais, où que j'aille. Bouleversante et consolatrice, simple et profonde, optimiste et sombre, et surtout, plus que tout : inépuisable - non pas à cause du nombre d'opus que contient son catalogue (car celui de certains de ses plus obscurs contemporains en comporte beaucoup plus), mais à cause du génie avec lequel il a fait siens les canons du classicisme de ses maîtres pour, non pas les changer, mais les transcender : une sortie au jour, une percée stratosphérique de la mélodie pure, de l'harmonie juste, de la narration musicale parfaite, de la plastique orchestrale délicate. Comment définit-on traditionnellement le "classicisme" en art ? Si l'on s'en réfère à l'Esthétique de Hegel et à son analyse de l'art grec, entre symbolisme et romantisme, la beauté classique trouve son épanouissement dans l'harmonie des formes, dans l'adéquation parfaite entre le sujet et sa représentation. Parfaite... et pour Mozart plus que parfaite. Sa musique s'impose sans peser, reste la plus complexe et la plus évidente. Par delà, la plus universelle. "Est beau ce qui plaît universellement et sans concept" : cette formule d'un autre célèbre philosophe allemand, j'ai envie de l'appliquer à Mozart plus qu'à tout autre. Son génie a éclaté dans toutes les formes classiques, mais plus particulièrement, bien sûr, dans la musique concertante (les concertos pour piano, ce miracle terrassant du concerto pour clarinette...) et dans l'opéra (rassurez-vous, je ne ferai pas de copié/collé de ma chronique de "Don Giovanni"). La musique religieuse, quant à elle, ferait presque figure de parent pauvre, s'il n'y avait la célèbrissime messe de requiem, occasion bien commode pour la génération de compositeurs qui a suivi de "romantiser" Mozart, ce qu'il ne demande bien évidemment pas (pas plus que d'être récupéré par des abominables tenants de je ne sais quels "bon goût" ou "modération" classiques). Parent pauvre, peut-être... Toutefois, entre la "Messe du couronnement" et le "Requiem", il y eut cette "Grande messe en ut mineur". Comme le Requiem, elle est en mode mineur. Comme le Requiem, elle demeure pour nous inachevée. Comme le Requiem, c'est une oeuvre-phare de Mozart : de ces phares qui éclairent tout en rendant l'ombre qui les entoure plus ténébreuse encore. Comme le Requiem, c'est tout simplement bouleversant, trop beau pour être vrai, trop beau pour être humain. Alors que résonnent les toutes premières notes du Kyrie introductif, il n'y a plus de doute possible : majesté, grandeur, noblesse... et tristesse pourtant, de l'ouverture instrumentale, avant que les choeurs ne viennent reprendre dans un mouvement ascendant la mélodie qui nous étreint. Elle ne nous lâchera plus. Cette messe, davantage influencée par les cantates de Bach et la musique baroque italienne, contient autant de blocs de beauté pure que la messe des morts. Et elle fait parfois montre du même caractère tragique, douloureux : écoutez la section "Qui tollis peccata mundi" : c'est effectivement un écrasement total, tous les péchés du monde qui s'abattent sur l'auditeur et qui l'étourdissent... mais pas jusqu'à l'anéantissement. Car la musique de Mozart est véritablement rédemptrice ici, comme celui dont elle s'inspire. Et le chant, les voix... Le voici, ce Sanctus dont la fugue tourbillonne après un imposant prélude ; et, dans le registre de la pureté mélodique et de la voix seule, ce solo de la soprano sur "Et incarnatus est", épure des plus émouvantes... Maintenant, je connais enfin la musique faite pour accompagner ce vers : "Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur." Contrairement au Requiem, bien sûr, cette messe non-mortuaire contient autant de moments lumineux que de moments sombres, mais n'est-ce pas par la lumière que l'ombre devient réelle ?

note       Publiée le vendredi 29 janvier 2010

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    Seedzel Envoyez un message privé àSeedzel

    Je dirais même que les (excellentes) versions des symphonies mozartiennes d'Harnoncourt, plutôt virulentes et directes, sont presque "rock" dans l'approche en comparaison au classicisme de celles de Böhm ou Brüggen (parmi les références les plus citées). Pour revenir à la grande messe, totalement d'accord avec Trimalcion, il faut écouter l'interprétation de Herreweghe pour y trouver l'humanité et l'esprit de recueillement indispensable. Dans un style moins baroque que Herreweghe, la version de Fricsay reste toutefois la référence tant elle coule de source.

    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    Un conseil : penchez-vous sur les symphonies de Wolfie. Notamment la n°39, bouleversante. La version de Böhm est classe et précise dans l'exécution mais paraît parfois un peu empesée (surtout sur le 1er mouvement). Celle de Harnoncourt est plus fraîche, le son est plus ouvert, mais elle souffre parfois d'une exécution moins "impliquée", moins "concernée" que celle de Böhm.

    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
    avatar

    je suis assez fan de corboz aussi, malgré quelques anachronismes sur l'ensemble de son (immense) discographie. j'ai d'ailleurs chroniqué ou recommandé certaines de ses interprétations... néanmoins il est suisse...

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    raspoutine Envoyez un message privé àraspoutine

    Cette version ne m'a pas laissé un souvenir inoubliable (mais j'vais la réecouter). Jusque là j'étais plutôt dans les "baroqueux" type Hogwood et Herreweghe... mais je m'aperçois qu'une version sur instruments actuels me procure plus de plaisir aujourd'hui. Je veux parler notamment de la version de Corboz que je trouve admirable. C'est un très grand chef (français) largement sous estimé (sa version du Stabat Mater de Haydn est pour moi celle de référence). Bon, c'était donc pour parler de Corboz; n'ayant pas parlé de Karajan (de par le fait) je m'abstiendrai de noter sa version. Ou alors, 3 boules... (parce que c'est Karajan).

    Pat Bateman Envoyez un message privé àPat Bateman

    Un chef d'oeuvre que je situerais peut être encore au-dessus du Requiem (mais je ne possède de ce dernier que la version d'Herreweghe).

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