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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) › Requiem

  • 1995 • Erato 0630-10697-2 • 1 CD

15 titres - 53:39 min

  • Requiem kv 626 en ré mineur (1-14)
  • 1/ Introitus 5.16
  • 2/ Kyrie 2.18
  • 3/ Dies irae 1.46
  • 4/ Tuba mirum 3.16
  • 5/ Rex tremendae 2.11
  • 6/ Recordare 6.08
  • 7/ Confutatis 2.52
  • 8/ Lacrimosa 3.19
  • 9/ Domine jesu 3.41
  • 10/ Hostias 4.00
  • 11/ Sanctus 1.34
  • 12/ Benedictus 4.56
  • 13/ Agnus dei 3.22
  • 14/ Lux aeterna 5.15
  • 15/ Ave verum corpus kv 618 3.38

informations

Produit par Tim Handley. Ingénieur : Michel Pierre. Enregistré du 22 au 24 novembre 1994, Salle Berthier, Paris.

La version de référence incontestée pour le requiem de Mozart est celle de Karl Böhm avec le Wiener Philarmoniker (DG). C’est dans cette version que l’œuvre y atteint sa plus grande puissance dramatique, tout en restant fidèle à l’esprit classique et à la beauté lumineuse de la partition. Mais j’aimerai conseiller cette version plus inattendue de William Christie. Dans l’objectif qui fût le mien de replacer, modestement, ce requiem dans son contexte avec les chroniques des œuvres antérieures de Richafort, Guerrero, Biber, Campra et Hasse, il me semble juste de signaler cette magnifique interprétation. L’orchestre et le chœur dont disposait Karl Böhm était une machine superbe et chargée des acquis sonores et plastiques d’un siècle de romantisme. Karl Böhm, malgré toute sa science de l’écriture classique, est au commande d’un instrument sublime, qui aurait sans doute ravi Mozart, mais dont Mozart, de fait, ne disposait pas. Rendons à Mozart ce qui appartient à Mozart avec William Christie… et à Beethoven la nouvelle révélation de l’orchestre romantique.

line up

Anna Maria Panzarella (soprano) ; Nathalie Stutzmann (alto) ; Christoph Prégardien (ténor) ; Nathan Berg (basse) ; Les arts florissants ; Monica Huggett (premier violon) ; William Christie (direction)

chronique

  • musique sacrée-classique

Voici donc LE requiem de Mozart, symbole du genre, et pour beaucoup, notamment ceux qui n’en ont qu’entendu parler (ce qui, bien sûr, n’est pas honteux…), incarnation suprême de la tristesse, de la musique prenante et douloureuse. Après lui, le requiem deviendra de fait une messe résolument à part, résolument sombre et pathétique. A quoi cela tient-il… cette messe des morts, à bien y regarder, est pourtant tout aussi baignée de lumière et de positivisme que celles du passé. Le génie inné et immense de Mozart, les circonstances troubles qui accompagnent la genèse de la partition n’expliquent pas tout. Il y a d’abord le classicisme. Joseph Haydn, grand réformateur qui fit passer le langage musical du baroque au classique, fût aussi le père de la symphonie, le père du quatuor à cordes… l’âge classique se distingue ainsi du baroque par la véritable découverte du pouvoir expressif des instruments en eux-mêmes, de leur plastique, de l’orchestre… les évolutions révélatrices sont donc l’approfondissement de l’importance accordée au travail de l’harmonie, une restructuration des modes d’ornements qui ne passent plus par une accumulation de contrepoints virtuoses, mais par la recherche, plus convergente, de la profondeur, notamment instrumentale. La musique y gagne donc naturellement en puissance éventuelle, en dynamique émotionnelle, et en cohérence. Mozart n’était pas seulement instinctivement et anormalement doué du point de vue mélodique, il était aussi, à l’époque de l’écriture de cette messe, auteur d’opéras exceptionnels par lesquels il apprit à manier l’expression des émotions humaines, et un immense compositeur de musique sacrée, comme en témoignent ses messes, parmi lesquelles la fameuse «grande messe en ut». Messes et opéras… deux genres qui furent véritablement transcendés par les atouts dynamiques et expressifs de l’écriture classique. Dès l’introitus, la manière dont l’orchestre et le chœur, puis la soliste se fondent révèle l’importance du changement par rapport aux œuvres baroques : il ne s’agit plus d’en rajouter, mais bel et bien de magnifier l’essence initiale de la composition, qu’il s’agisse d’une idée mélodique, d’un principe constructif… le mythique «Dies irae», tout en furie et puissance, nous vient directement d’une nouvelle science de l’harmonie et de l’expression du sentiment, qui s’épanouit à l’époque notamment dans les œuvres lyriques, dont Mozart fût le grand maître. «Lacrimosa», «Rex tremendae», le dramatique «Agnus dei»… oui, la tristesse, la peine et la et la mort sont magnifiquement présentes, mais encore une fois, il ne s’agit pas d’un sommet de noirceur, ni même de douleur. Comme chez Campra, et toujours en écho avec le caractère sacrée de la pièce et ce qu’elle se doit de signifier, on passera de l’ombre à la lumière, de la peur (accrue chez Mozart par le pathos incurable que lui imprima la mort de son père) à l’espoir de l’éternité bienheureuse. Mais entre le langage utilisé et le génie maîtrisé du compositeur, cette messe des morts retrouve la cohérence et l’impact imparable d’une œuvre globale. Des brumes lumineuses et légères d’un air pour soprano aux gouffres réellement dramatiques où cuivres, choeur et timbales s’allient dans la puissance : une seule et même beauté, une seule et même substance. Oui, on peut croire en Dieu, rêver du paradis, louer Sa bienveillance, et rendre compte aussi de l’effroi et des traces que laissent la mort qui passe. Notre vision, depuis, en a encore changé. Le requiem de Mozart est donc le témoignage d’un regard passé, d’une approche de la mort que la plupart d’entre nous n’arrive plus à avoir. Mais c’est un tableau parfait, et par lequel on voit ainsi, on comprend, on sent cette perception que l’on ne saurait avoir. Un œuvre qui enrichit, qui enseigne et qui malgré la distance, grâce à un homme et son langage, nous bouleverse à nouveau… et comme jamais avant.

note       Publiée le samedi 3 août 2002

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Note moyenne        39 votes

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Winslow Envoyez un message privé àWinslow

Je viens de trouver dans ma collection le Requiem de Karl Böhm, et je m'en veux de l'avoir extirpé tant de fois de son armoire pour le ranger aussitôt, lui préférant ses voisins (en l’occurrence Days Of Future Passed des Moody Blues et The Swimming des Names). L'erreur étant désormais réparée, je confirme...bouleversant !

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Un des rarissimes disques classiques de ma collection...Une merveille !

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Dieu Envoyez un message privé àDieu

Je voue mes nuits à l'assasymphonie, au requiem.....

ellington Envoyez un message privé àellington

Il est admis aujourd'hui que le merveilleux Kyrie Eleison est en grande partie pompé chez Haendel , et que le reste de la partition est du recyclage de ce qu'il a déja composé ( les noces , divers concertos ) . Cela ne diminue en rien la grandeur de ce que l'on entend , simplement que même LUI doit faire avec les mêmes eternelles 12 vieilles notes . Mozart et Elton John , Frank Zappa et Julien Doré , toujours les mêmes notes . Qui peut prétendre etre revolutionnaire en musique , un inventeur de la 13 ° note ?

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Arno Envoyez un message privé àArno

Pour le Rachmaninov: un seul problème de son, mais de taille, puisqu'il apparaît sur le plus grand chef-d'œuvre du Russe: L'Île des Morts...

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