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Yes › Talk
- 1994 • Victory records 828 489-2 • 1 CD
7 titres - 54:30 min
- 1/ The calling (6:52)
- 2/ I am waiting (7:22)
- 3/ Real love (8:42)
- 4/ State of play (4:58)
- 5/ Walls (4:52)
- 6/ Where will you be (6:03)
- 7/ Endless dream (15:41)
informations
The Jacaranda Room, Los Angeles, USA, 1993
line up
Jon Anderson (chant), Tony Kaye (claviers), Trevor Rabin (guitare, chant), Chris Squire (basse, chant), Alan White (batterie)
chronique
Non, Yes n'a pas dit son dernier mot. Les années quatre-vingt dix s'ouvrent à eux avec une discographie à suivre au parcours plus que douteux, en dents de scie, qui va multiplier les erreurs et aggraver le manque de consistance notoire dont le groupe souffrait déjà depuis une bonne décennie, n'ayant eu jusque là fort heureusement que deux albums pour le prouver, même si on s'en serait bien passé. Certes, "Union" était un album factice car la rencontre au sommet sur papier des différents membres passés et présent ne fût qu'un habile montage studio. C'est pour cette raison, et pour cette raison uniquement, que beaucoup d'amateurs confirmés répudièrent ce disque ; triste attitude qui les mirent à l'écart du seul album de toute leur seconde partie de carrière a pouvoir faire illusion le temps d'un instant. "Talk", dernier enregistrement de la formation la plus pop de Yes, voit le retour d'un Jon Anderson décidement bien indécis, partagé entre reconnaissance et prétention artistique. La formation qui nous avait livré le pathétique "Big Generator" renoue donc avec le gros son de "90125", comme si "Union", cet anachronisme spatio-temporel, n'avait jamais existé, alors que cette trilogie ressemble à tout sauf à de la confiture à donner aux cochons... Oeuvre se reposant entièrement, et pour la dernière fois, sur les frêles épaules de Trevor Rabin, celui-ci multiplie les casquettes en étant, à la fois, guitariste, producteur et compositeur. Étonnement, il réalise là un compromis jusqu'alors impensable entre lyrisme d'antant et cet esprit de synthèse qui les a guidé tout au long des années quatre-vingt. "Talk" est de fait l'album le plus consistant du line up Rabin/Squire/White/ Anderson/Kaye ! Il survient juste un peu tard, et aurait sans doute beaucoup plus marqué les esprits s'il avait été publié en lieu et place de "Big Generator". Tout cela ne les a pourtant pas permi de renouer avec le succès, Yes essuyant même ici son plus cuisant échec.
chronique
"Talk" est un album plutôt inattendu. Deux ans après "Union" et la rupture que celui-ci semblait vouloir représenter avec le passé proche et commercial du groupe, on est assez surpris de retrouver ici le line-up des 80's, comme si "Union", en fait, n'avait jamais été qu'une parenthèse, ou pire encore, un produit mensonger. Après les déclarations de Bruford ou Wakeman on s'en doutait déjà, et comme pour nous en convaincre, ce nouvel album est entièrement géré par Rabin, producteur, compositeur, chanteur (avec Anderson.), guitariste et claviériste (Kaye ne joue que l'hammond), ce qui dans un groupe comme Yes finit par créer un leadership incontestable. Même si les années ont passé, on s'attend dès lors à la continuation de ce Yes calibré et lissé jusqu'à l'os qui a véhiculé pendant de longues années une image bien étrange de ce groupe exigeant. Mais "Talk" est un hommage. Un hommage de Rabin au groupe qui l'accueillit voilà plus de dix ans, et qui l'aida à amener sa vision d'un rock-hard mélodique aux oreilles du monde entier. Sans doute la tournée "Union" a-t-elle montré à Rabin le visage du vieux Yes, du grand Yes, à travers ces morceaux rejoués devant les fans, à travers ces instrumentistes qu'il côtoya chaque soir, Wakeman, Bruford, Howe, et qui rendirent aux autres leur classe inégalable. Sans se trahir lui-même, en gardant avec lui ses goût et ses couleurs, Rabin, avec l'aide d'Anderson, va faire un disque de Yes, dédié, comme dit le livret, à tous les fans de Yes. Puis le groupe va splitter. L'album est bon. Les morceaux sont variés, travaillés, riches, et puisque c'est Rabin, on ne s'écroule jamais dans une complexité que le groupe, tel qu'il est sur ce disque, n'aurait pas su gérer. Rabin cherche cette musique depuis longtemps déjà. Produite différemment, elle marche néanmoins sur les traces des compos qu'il donna à "Union". A son rock mélodique, Rabin a rajouté la richesse de la pop, et les rythmiques étranges dont il a l'affection surtout pour les intros ("Changes", "I'm running", "Miracle of life" dans le passé, ou "Silent spring" ici.), semblent plus justifiées, plus cohérentes. La production est énorme, purement et simplement, la dynamique est très importante, les guitares acoustiques folk claquent comme du fil de pêche, la batterie est surpuissante, la basse est en acier. enfin, il y a régulièrement tout plein de petites choses, percussions en pattern ("Where will you be"), travail de sons divers (notamment les échos de guitares). Les choeurs sont magistraux, libérés de la touche un peu trop "impeccable" du passé de Rabin et atteignent sur ce disque une puissance incroyable. Enfin, Trevor le diabolique pousse le Yessisme jusqu'à nous composer un morceau progressif de 14 minutes, parfaitement réussi, une intro incroyable jouée par des maîtres en forme, une accalmie subtile au piano séduisant, puis le morceau se déroule sur une structure à la fois simple et fine, originale, qui réserve de gouleyants passages, notamment un pont instrumental de guitare et de basse distordues au flanger. Excellent. Mais Rabin est Rabin, et Yes, c'est Anderson, et sa guitare Steve Howe. Si Jon ne dirige pas, si Steve ne gratouille pas, Yes peut faire de bonnes choses, parfois même excellentes ; Squire est un géant, White son parfait second, mais pour faire du grand Yes il faut les deux rêveurs. Et finalement cet album plus-que-Yes voulu par Trevor Rabin est un de ceux dont la couleur sonore et mélodique s'éloigne le plus de Yes. La guitare de Rabin a des sonorités métalliques et un toucher pincé qui évoque presque le blues, là où le Yes ancien s'inspire lui de la folk, les passages lents sont souvent teintés d'un curieux exotisme (la guitare quasi hawaïenne de "I am waiting" ou l'ambiance percussion de "Where will you be"), et cette légère dureté de Rabin mélodiste à toujours tourner le dos au Yes des 70's. Rabin s'est investi. Derrière sa belle console, il a mené au bout des compos bien foutues, inspirées et puissantes, au vocabulaire riche. Il a voulu diversifier ses inspirations, retrouver dans son rock des accents acoustiques, et étendre son champ sonore dans le rôle des claviers. Rabin a cherché Yes, mais ne l'a pas trouvé. Il a trouvé un très bon album, assez inclassable car assez bariolé, plutôt imprévisible, et qui passa ainsi vraiment inaperçu. Du point de vue musical, le meilleur du Line-up.
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- Lord Tom › Envoyez un message privé àLord Tom
Y'a aussi l'esthétique du moche, au ciné la shaky cam, les focus flous par exemple, visuels d'albums couleurs criardes, effets granuleux, taches type tasse a café, sujets/typos ridicules. Le côté cassage de conventions pour un tenter un peu de renouveau.. Comme la pornstache de hispters avec petites lunettes ridicules et survet flashy en polyamide. Bonne visibilité en boutique, controverse donc bonne comm, et je pense que pour Bowie y'a le sens de l'humour, la mochette de Toy est fendarde quand même, quand artistiquement t'as l'esprit foisonnant ça doit être chiant de pas déraper un peu... bien que son summum du kitsch doit être son clip avec Jagger, Dancing in the street. C'est comme limp bizkit un peu, le plaisir du pas raisonnable
- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Merci pour la réponse qui éclaire un peu plus mon appréciation de la partie marketing et 'visual' de la musique (partie dont je suis très éloigné).
Cela dit, à mon strict avis personnel, la pochette la plus choquante de toutes (toutes années et tous styles confondus) restera quand même celle de 'Virgin killer' de Scorpions.
Comment peux-t'on oser sexualiser à ce point sur une pochette d'album une fille visiblement pré-pubère en la faisant posée totalement nue et dans une pose lascive ? Même dans les années 70 ! Incompréhensible et abject.
Je n'ose même pas imaginer le scandale mondial que provoquerait un album qui sortira mit aujourd'hui avec une telle pochette...
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
J'y bosse pas, mais on m'a déjà proposé des visuels censé être "vendeurs" (horribles et ridicules, en plus), que j'ai refusé... Ici, c'est assez simple : pour Bowie c'est sans doute lui qui voulait absolument ça (aimant jouer à tordre sa propre image depuis longtemps), pour Scorpions, le sexe fait vendre (et à l'époque, encore plus si y'avait le frisson de l'interdit...), et pour Yes, quelqu'un dans leur équipe était visiblement convaincu depuis 1983 que des visuels façon "enfant de 5 ans laissé avec du jaune canari, du violet + du fuschia" faisaient vendre aussi... Les affres de l'après Roger Dean...
- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Tant mieux si le contenu de l'album 'True' est autrement plus qualitatif que sa pochette.
Mais cela m'amène à une réflexion : comment les directions marketing des éditeurs peuvent-elles valider des pochettes de ce type qui constituent de véritables repoussoirs anti-achat ? Voir aussi 'Toy' de David Bowie, 'Virgin killer' de Scorpions....
Si quelqu'un travaille dans l'édition et peut m'éclairer, je suis preneur !
- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
Merci d’avoir attiré mon attention dessus car effectivement c’est un double plaisir : celui, malsain, de contempler cette pochette hideuse et craignos, puis celui de retrouver Jon Anderson à son meilleur en studio depuis… putain sûrement avant ma naissance !
Message édité le 18-12-2024 à 22:50 par Torquemada
- Note donnée au disque :