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 - aux groupes / artistes Decline Of The I, ...and Oceans, Seth

Cryptic Fest 2023

par Nicko › dimanche 23 avril 2023


Style(s) : metal extrême / black metal

Et voilà un nouveau festival qui a déboulé cette année en région parisienne. Le Cryptic Fest s'est déroulé le 1er avril dernier dans les Yvelines à Saint-Germain en Laye dans la salle de La Clef, qui avait déjà accueilli le Wolf Throne Festival il y a maintenant 10 ans. Voici donc le récit de ce baptème du feu !

affiche Cryptic Fest-C

Pour cette première édition, le festival nous propose un programme axé black metal avec 4 groupes. Pour agrémenter l'expérience des festivalers, des expositions, un metal market, des stands de restauration carnés et végétariens ainsi qu'un salon de tattoo étaient prévus. Au niveau musical, deux écoles se sont affrontées avec deux premiers groupes, Decline Of The I et Asagraum, évoluant dans des styles plutôt récents et aventureux alors que les deux derniers groupes, ...And Oceans et Seth, représentent clairement la vague de black symphonique du black metal des années 90. Niveau organisation, pour les non-véhiculés dont je fait partie, l'accès à la salle est pratique, à 10 minutes à pied de la station RER de Saint-Germain en Laye, et bien évidemment le timing est prévu pour que l'on puisse rentrer sur Paris par les transports avant le dernier RER prévu. Bref, sur le papier, tout était réuni pour passer un bon moment !

Quand la pluie s'invite quelques minutes avant le début des festivités, on est content que le festival soit à l'intérieur ! Seul l'un des stands de restauration est à l'extérieur (heureusement abrité !). Je découvrais le lieu et les infrastructures sont modernes et récentes. La salle principale, située en sous-sol, est spacieuse et est composée de gradins et d'une fosse. Premier constat en arrivant pour la prestation des Franciliens de Decline Of The I, le public a répondu présent ! Alors qu'il est tout juste 18h, la salle est déjà bien remplie. La quatuor français monte sur scène et nous propose son metal extrême original et expérimental. L'imposant écran géant situé derrière la batterie alternera tout le concert des images issues de films anciens en noir et blanc comme Jeanne d'Arc ainsi que des citations philosophiques propres à l'univers du groupe. Bien que les morceaux possèdent des structures alambiquées et ne soient pas, à l'origine, taillés pour la scène, ils gardent ici une énergie et une efficacité permettant au public de rentrer dans le set rapidement. Les arrangements sont bien intégrés pour que le passage sur scène garde intact l'efficacité de leur black metal. L'ADN du groupe est bien respectée avec des parties plus calmes, malsaines, torturées, limites tribales (bien aidées en cela par des percussions originales) avant d'enchaîner sur des montées brutales et des explositions totalement maitrisées. Tous les albums du groupe sont représentés et le résultat est particulièrement bon. Le chanteur donne une bonne dynamique à l'ensemble avec un chant bien assuré alliant puissance et agressivité. Decline Of The I en live est une toute autre expérience que sur album. Ici, on a droit à la version furieuse et énergique du groupe là où sur album, il y a un soin tout particulier apporté sur les textures et les ambiances dégagées. Ce soir à Saint-Germain, on a eu droit à la version brute et intense de leur art. Un très bon début de festival.

Set-list Decline Of The I :
  • The Veil of Splendid Lies
  • Enslaved by Existence
  • Hexenface
  • Dieu Vide
  • Le rouge, le vide et le tordu
  • Mother and Whore

C'est ensuite aux Néerlandaises d'Asagraum d'investir la scène. Le quatuor féminin, originellement créé en Norvège, propose un black metal classique, totalement inspiré par la scène norvégienne avec des ambiances froides et agressives. Je découvrais à l'occasion de ce concert et j'ai trouvé que leur set manquait de conviction et d'énergie. Les musiciennes restaient statiques sur scène et il manquait vraiment de rythme à ce concert ennuyant. A l'image de leur impressionnants corpse paint, c'est beau, c'est bien réalisé, très scolaire, ça tient la route, mais ça ne possède aucune personnalité. Les morceaux s'enchainent sans qu'il ne se passe quoi que ce soit, totalement interchangeables, malgré quelques mid-tempos sympas au milieu de ce blasting agressif et finalement assez stérile. Il s'agit selon moi typiquement du groupe lambda avec des morceaux basiques manquant de reliefs et d'originalité.

Changement de décor maintenant avec la partie du concert réservé aux quadras de la salle ! En effet, cela commence avec le retour des Finlandais d'...And Oceans qui n'avaient plus foulé de scènes françaises depuis plus de 20 ans ! Le chanteur nous partagera même cette anecdote que la dernière fois qu'ils étaient venu, il fallait payer sa place de concert en francs ! ...And Oceans a toujours été à part dans la scène avec une réputation de gentils barjots qui avaient sorti deux albums de black metal symphoniques ayant défrayé la chronique avant de changer complètement de style musical pour se rapprocher du metal industriel de The Kovenant avant d'effectuer un retour vers le black metal des leurs débuts ces dernières années ! Je garde quelques souvenirs émus de leur premier album, "The dynamic gallery of thoughts", alors que j'étais encore au lycée ! Bref, même si je n'ai pas trop suivi la suite de leur carrière, j'étais curieux et impatient de voir ce groupe sur scène. Le sextette est tourné vers l'avenir. Sur la dizaine de morceaux interprétés, la moitié provient de leur tout dernier album "As in gardens, so in tombs" dans un style plus brutal, moins symphonique, mais toujours mélodique. Le groupe est soudé et énergique, surtout les p'tits nouveaux un peu plus jeunes que Teemu et Timo, seuls rescapés du groupe originel. Mathias Lillmåns, déjà chanteur de Finntroll, n'est pas avare d'échanges avec le public qui lui rend bien. L'ambiance générale est excellente avec un public particulièrement heureux de (re)voir ces anciennes gloires du black metal des années 90. On sent bien que les nouveaux morceaux sont plus agressifs et que le claviers se fait plus discret. On a pu voir le contraste lorsqu'ils ont interprété des morceaux du siècle dernier. D'ailleurs, même si seulement un titre de leur premier album fut interprété, "Trollfan" bien évidemment, j'ai beaucoup apprécié de voir ce groupe, solide, énergique et bien en place. J'ai par contre eu beaucoup de mal sur les deux morceaux de leur période electro/indus, qui arrivaient selon moi comme un cheveu sur la soupe. Ce n'était pour cette partie de leur carrière pas du tout mon style. N'empêche, la performance globale n'aura pas manqué de grands moments et surtout, on a assisté à un set varié, puissant avec un groupe qui montrait vraiment qu'ils étaient contents d'être présents.

Set-list ...And Oceans :
  • The Collector and His Construct
  • As in Gardens, So in Tombs
  • Trollfan
  • The Dissolution of Mind and Matter
  • Cloud Heads
  • Aquarium of Children - Ajatusten Merenpinta
  • The Black Vagabond and the Swan of Two Heads
  • White Synthetic Noise
  • Within Fire and Crystal
  • Tears Have No Name
  • Ambivalent God

Place maintenant aux Bordelais de Seth. Le sextette nous sert à nouveau son show spécial dédié à son dernier album et à leur tout premier, "Les blessûres de l'âme", pour une retour aux sources du black metal symphonique des années 90. Et il n'y a pas à dire, mais la musique du groupe prend toute son ampleur sur scène. Même au-delà de la musique, on a affaire ici à une vraie représentation avec mise en scène et costumes. Saint-Vincent au chant est un véritable maître de cérémonie (funèbre) tel un prêtre satanique délivrant sa messe noire. L'aspect théâtral est une composante principale du show. Le groupe est parfaitement en place et le jeu de scène est bien huilé, les musiciens ne restant pas statiques. Ils utilisent l'intégralité de la scène au sein de laquelle trône en son centre un autel, le tout étant surplombé d'un backdrop aux couleurs de la magnifique pochette du dernier album représentant l'incendie de la cathédrâle Notre-Dame de Paris. L'effet visuel est très important dans leur show avec la batterie positionnée en hauteur complètement à droite de la scène alors que le clavier de Pierre Le Pape est positionné au même niveau sur la gauche, laissant l'avant de la scène et la partie centrale aux autres musiciens. Pour avoir vu ce show à plusieurs reprises ces derniers mois, il est impressionnant de voir à quel point le groupe est de plus en plus puissant et au point. J'avais l'impression de voir devant moi un groupe ultra-uni, au diapason, et super en place. En deux mots : la grande classe ! Que ce soit visuellement ou musicalement, tout était maîtrisé et intense. Beaucoup de groupes vont utiliser des éléments visuels impressionnants parfois jusqu'au grotesque pour masquer certaines lacunes musicales, là ici, on est à l'opposé avec un show totalement approprié au concept de la soirée et des albums interprétés. Le son est aussi impeccable, super puissant et clair mettant bien en lumière les qualités indéniables de la musique de Seth. Le concert se termine à nouveau avec "Le triomphe de Lucifer" et l'apparition de Melainya B pour un show théâtral sexy et sulfureux mettant bien en valeur le morceau. L'esthétique global de la performance du groupe dans des tons chauds rouge sang brûlants est totalement adapté et renforce la beauté de leur show. Vraiment ce retour de Seth sur le devant de la scène est impeccable à tous niveaux et cette représentation ce soir-là n'en est qu'une illustration de plus. Une bien belle manière de terminer ce festival réussi sur toute la ligne.

Set-list Seth :
  • La morsure du Christ
  • Métal noir
  • Les océans du vide
  • La quintessence du mal
  • Hymne au vampire, acte I
  • Hymne au vampire, acte II : ... vers une nouvelle ère
  • Hymne au vampire: acte III
  • Sacrifice de sang
  • ...À la mémoire de nos frères
  • Le triomphe de Lucifer

Au final, on a eu droit à une belle soirée, riche et variée. Pour une première édition, ce Cryptic Fest est une véritable réussite avec des performances de haut niveau, un public ayant répondu présent et une affiche originale. J'espère que ce ne sera pas qu'un one-shot et qu'on aura droit à une deuxième édition en 2024 avec un plateau tout aussi inattendu et de qualité.

Mots clés : festival, Nicko, black metal, Saint-Germain en Laye, Seth, And Oceans, Asagraum, Declie Of The I et Cryptic Fest

Dernière mise à jour du document : dimanche 23 avril 2023

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