Le premier Agitation Free débute sur une vibration. Une lente, longue et douloureuse vibration qui va peu à peu s'infiltrer dans vos veines et faire réagir votre corps à des ondes aussi étranges qu'étrangères et qui parcourent quand bien même le réputé "Malesch". Album kraüt rock parce que ce sont ses origines qui veulent ça, il possède plus en vérité le profil d'un trait d'union idéal entre la musique psychédélique anglo-saxonne et le rock planant de leurs camarades teutons, les Tangerine Dream. L'électronique n'a pas encore pris le dessus sur l'homme, rassurez-vous, et les paysages enfumés parcourus ici, dans ce qu'ils évoquent, hurlent un désir, un besoin de liberté propre à une époque qu'il ne tient qu'à nous de pouvoir revivre. Aujourd'hui et maintenant. Non pas en vouant un culte aux anciens et en se lamentant sans cesse que c'était décidément mieux avant, comme on a coutume de le croire. Mais en tirant les leçons de ce qu'ils nous enseignent, de ce qu'ils nous ont légués. Oui, Omar Rodriguez, ces quelques mots sont pour toi ! Il y a plus de trente ans de cela, il était possible de faire un album, fou, dense, brumeux, bourré d'idées qui partent dans tous les sens, tout en gardant un équilibre, tout en y allant aussi de son petit solo de guitare obligé puisque c'est quand même, tu peux l'avouer à présent, ce qui t'importe le plus dans ta démarche. Pour toi, tout ce qu'il doit y avoir tout autour, c'est de l'esbrouffe, pas vrai ? Eh bien, voilà... On a mis le doigt dessus Omar ; c'est tout ce qui différencie ta musique de celle dont tu te réclames pourtant. Car ici, chaque son, chaque effet, chaque note a un sens. Chaque son, chaque effet, chaque note a son importance. Et grâce à ça, Agitation Free peut se permettre d'être planant ("You Play for Us Today"), rentre-dedans ("Sahara City"), mais aussi tripant ("Ala Tul"), angoissant ("Pulse"), voire même poignant (Rücksturz"). Grâce à cela, Agitation Free est crédible. C'est la qualité de l'écoute qui fait le bon musicien. N'oublie jamais cela Omar.