Vous êtes ici › Les groupes / artistesWWhoresnation › Dearth

Whoresnation › Dearth

lp/cd • 16 titres • 20:58 min

  • 1Lucifugous1:43
  • 2Everyday Kriegspiel1:00
  • 3Self Containment0:52
  • 4Sunburnt to Death1:26
  • 5Tufa Downfall0:44
  • 6Death Annuity1:02
  • 7Pajarito1:24
  • 8Craving for Dearth2:27
  • 9Avalanche1:26
  • 10Odd Aura1:21
  • 11Crawlspace Burial0:51
  • 12French Enucleation1:09
  • 13Sewage Breath1:21
  • 14Bluthgeld1:15
  • 15Bullous Pemhigoid1:24
  • 16Alluring Lethal Remains1:27

informations

Enregistré au Disvlar Studio par Steph Lawansch en juillet 2021.

Artwork : Matt Sidney. L'édition LP est une coproduction Carbonized Records/LIXVIAT.

line up

Lopin (guitare), Anto (basse), Tonio (batterie), Pibe (voix)

chronique

L'intro balance une ambiance d'on ne sait trop quoi mais qui fout dans le bain – forge infernale perçue à travers le brouhaha du trafic ou de l'ampli qui bourdonne et souffle, samples de chocs de métal qui font des éclats sur le bruit blanc rose marron etc, quelque chose comme ça. On se rappelle d'antiques machins death ou de thrash – musiques alors pas portables et raillées par des magazines qui préféraient louer les dernières sorties sur le marché de glam-rockeurs en spandex et choucroutes. Celles – d'intros – pêle-mêle et non-exhaustivement de Blessed Are the Sick (Morbid Angel, 1991), Legion (Deicide, 1992 – c'étaient des cris de boucs, eux, le boucan diffus puis s'enflant de d'sous la terre) ou des trucs encore plus vieux, plus ancêtres fondateurs, genre Punishment for Decadence (Coroner, 1988). Bref. Ce n'est qu'une intro mais en passant, une fois tout ça sorti (le death, le thrash crasseux mais compliqué, le grind, plus tard le black metal...), une fois que tous ces groupes, ces disques eurent bien essaimé, semé des scènes qui ont poussé dru, intriqué, elle a bien dû se rendre à l'évidence, cette presse jusque là narquoise : il se passait quelque chose et il faudrait faire avec.

Whoresnation, eux, ont décoffré ce Dearth en 2022. Et histoire ou pas – de la musique, avec la taille de H que vous voudrez, des milieux et réseaux DIY et scènes locales, mondiales, underground-internationales – il s'en passe, oui, là-dessus. Là-dedans. Ça émane son haleine lourde et putréfiée, glacée-brûlée comme une friche sous l'hiver franc-comtois – friche indus, terrain vague, champ déserté, bout de forêt tombé à l'arrache loin des coupes réglées... Death-grind ? Hardcore nécrosé ? Crust avec des éclats d'os coincés dans les orbites, fichés dans la cornée ? Du brutal et plein de recoins, en tout cas, de torsions et hoquets de riffs, de breaks qui passent à autre chose sans prévenir. De la voix grasse, caverneuse, encombrée-glaviot mais puissante – et mixée en avant, frontale, comme le reste. Comme souvent dans les parages : pas trop possible de saisir à l'oreille ce que ça raconte. Mais d'après les titres, ça tire un peu dans tous les sens, sur tous les sujets – jeu de guerre quotidien prendre sur soi et se tenir coup de soleil à mort avalanche etc. Petit Oiseau, aussi – en espagnol. Mais comme dit : à l'écoute, ça ne saute pas au sens, la langue ici crachée, vomie, éructée, grognée-râlée. Tout ça pourrait paraître rigolo, « sur le papier ». En son pas vraiment. J'ai dit « grind » et oui : il y en a. Mais quoi que disent les intitulés bizarres, l'absurde des titres cités et d'autres – l'énucléation française ; ça change de la manucure du même terroir – on est loin ici d'un goregrind juste-pour-la-blague, d'un pornogrind franchouillard pour se la fendre. Non, là ça pègue et ça gicle, certes, et personne n'a l'idée de jouer le Grand Sérieux – mais ça purge, ça éjecte autrement qu'en mode faux-sang pour Halloween, farces-et-attrapes. Parce que l'odeur, disais-je, est tenace, pique la gorge – charogne et fumée, chairs sales et pas en forme, nécrosées comme les corps sur la pochette, dans la neige ou la cendre on ne sait trop. (Et qu'est-ce que c'est d'ailleurs, cette scène ? Un type tout bouffé sur un loup-garou qui tient un flambeau ? Une bataille de goules et d'humains en états divers de mort-et-décompositions, de mutations ? Un parasite collé sur le dos de la bête ou celle-là qui tente de ramener quelque part un allié, un ami, ou quelqu'un/quelque chose à bouffer dans l'intimité de sa tanière, une fois que le feu aura fini de pleuvoir ? … Pardon, mon imagination s’emballe). Bon, donc, et le son disais-je, la construction, l'agencement, les couleurs et reliefs de ces seize morceaux – denses et disparates, dynamique d'un chaos saisi au colback et bien compris comme ouverture vers le non-figé – danse avec ça, pogo, tournoiement, chocs et luxations de cervicales. Bleus et suées. Mais après ça va mieux. Et de toute, on était venu pour ça. Qu'il nous en reste entre les dents, aux commissures et taché de partout. Le son, oui, la musique, le flot : épais, fluides et heurtés parce que ça déferle et se braque, contre-braque, bifurque pour éviter le portail-détecteur, et pour qu'on ne s'habitue pas trop – il ne faudrait pas que ça devienne une routine, on a une minute ou moins ou à peine plus pour tout dire de ce que le morceau doit faire sortir alors autant ne pas s'attarder, ne pas tergiverser. Mais sans rien simplifier, attention ! (Oh tiens, Craving for Dearth dure presque 2'30''... Je vous laisse deviner si ça tourne pour ça au prog...).

Que dire de plus... Rien ? Pas grand-chose. J'en ressors encore avec la patate – une toute carbonisée, toute germée, avec des poches qui crèvent en bouffées de fumées et d'humeurs noires mais vraiment, avec cette gnaque qui n'a rien d'alangui, sans aucune envie de contempler l’abîme. Toussant mais vigoureux. En fait même pas besoin d'en rajouter, de jouer la carte d'une mauvaise humeur que ça retournerait. Même un jour comme celui-là – froid mais sec, levé du bon pied, la tête claire et sans bourdon, pas de pente à remonter en galère – Dearth me sied bien, me donne envie de le remettre une deuxième, troisième fois, d'y aller à pieds joints ou tête-la-première dans son courant de trucs crevés et d'autre qui braillent MÊME PAS MOOOOOORT !!!! On ne se refait pas – j'aime ces trucs là, dans une ville ou dans l'autre, que je les y croise où que j'y vive. Support your local scene blablabla – et les autres, ou c'est autre chose qui est la question, ça circule et ça cause encore une fois dans les caves et les bars et les locaux d'assos de partout. C'est tant mieux. Sous les rues de Battant comme dans le sous-sol d'un rade des Pentes, un squat de Leipzig ou une grange de Lozère. Le disque est encore fini. Ils joueront, rejoueront bien un de ces quatre pas loin de chez vous – ou de chez quelqu'un, où vous serez en visite. Ah si, tiens, en parlant de gore : l'avant-dernier titre, il semble, parle d'une maladie de peau qui a l'air bien dégueulasse... Bah. Si ça démange et si ça sent, c'est signe que t'es toujours vivant.

note       Publiée le jeudi 9 février 2023

Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...

Warfuck - This Was Supposed to Be Fun

Warfuck
This Was Supposed to Be Fun

Michel Anoia - Plethora

Michel Anoia
Plethora

Mental Hygiene Terrorism Orchestra - Hate Supreme

Mental Hygiene Terrorism Orchestra
Hate Supreme

Carcass - Reek of putrefaction

Carcass
Reek of putrefaction

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Dearth" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Dearth".

notes

Note moyenne        2 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Dearth".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Dearth".