Thurisaz › Scent of a dream

Grunts, voix black, deux chants clairs, des choeurs et des murmures... clavier, deux guitares et des titres de 7 à 8 minutes, Thurisaz intitule son premier album "scent of a dream" et mutiplie ainsi les signes extérieures de richesse. On découvre, comme on s'y attendait, un black metal atmosphérique, mélodique et sophistiqué, une musique aux saveurs païennes et nuageuses qui n'est pas sans évoquer le Throes of Dawn de "Pakkashera". Triste et ample grâce à un clavier un peu glacial et aux sons un poil cheap, mais aux belles mélodies, délicate grâce à la présence des guitares acoustiques et autres vocaux clairs, la musique des belges n'oublie pas la puissance, ne craint ni la vitesse ni la noirceur plus crue, et sans rien bouleverser dans l'histoire d'une musique déjà pratiquée, tient plutôt bien sa place, offrant de bien bonnes choses, de vraies beautés mélodiques et des plages d'atmosphères hivernales et mélancoliques parfaitement respectables. Fait notable : c'est d'ailleurs dans les harmonies de voix claires, dans les plaines mélodiques aux soli larmoyants et claviers de tristesse que la formation belge se montre la plus brillante, là où les agressions manquent, parfois, d'envergure. "Scent of a dream" est en effet une belle collection de moments d'atmosphères enneigées et brumeuses, d'harmonies émouvantes où Peter et Kobe y vont de leurs voix claires avec un vrai talent. Mais Thurisaz n'emmène pas l'auditeur que dans des endroits calmes et sait aussi plonger dans des cieux plus obscurs, tempétueux et prenants, comme en témoignent la nocturne et épique "When images are fading", ou la très dramatique "Anno viroviacum", véritable immersion dans la nuit lycanthrope. Rien de vraiment sublime ne vient tout emporter dans ce "Scent of a dream", et une production un peu sèche prive les compositions d'une finesse potentielle. Mais pour ceux qui comme moi affectionnent les lueurs et les mondes entre-deux, ceux à qui cette pochette évoque sans hésiter des visions oniriques intimes et familières trouveront dans cet album de quoi rêver un peu et s'attrister encore... une petite escapade dans les larmes de l'hiver qui fait plutôt du bien.